Le solo que j'aurai aimé vivre.

Alors soyons clair dés le début, c'est pas un grand film.
Et continuons dés le début, si vous n'aimez pas le Jazz, sachez que cette critique est biaisée. Parce que j'aime le jazz.

Je veux dire par là que si on enlève la musique, ça en fait un film banal mais bien filmé sur un type qu'a du talent et qui est repéré, mais qui foire. Mais vu que l'gars il a du talent finalement, il poutre et il gagne le championnat du monde, il a 300 vierges en manque à ses pieds, et il broute du canard doré au chinois du coin, la belle vie quoi.

Choisissez, Football, rugby, Baseball, poker, Internationaux de DOTA 2... ça marche à tous les coups.
L'élève est doué, le prof est un tyran... Mais le prof veut tirer le meilleur, alors il force... L'élève en chie, l'élève renonce...

Ca résume un peu l'bouquin m'voyez...

Sauf que paf pif boum, y'a la musique ! Et ça change tout au film ! ça en fait un film génial ! Brillant ! Éclatant ! Doublecrochant !

Alors allons y pour les défauts :
On s'en bat les steaks contre une planche à clous des déboires sentimentaux du type qu'est censé devenir le meilleur batteur du monde.

Par contre y'a rien à faire, un gamin avec un rêve qui se tue la santé pour accéder au sommet, ça réveille un hémisphère.
Alors déjà quand c'est un bon film de sport ça fait marrer mais ça marche, mais alors quand ça touche à la musique...

Et c'est la musique qui fait tout le film.
Dans toutes les scènes qui d'habitude sont desservies par de la success music à la rocky 3 pour montrer que l'élève progresse, ici on a rien.
Rien sauf ce qu'il produit, un condensé de souffrance au rythme des coups de baguettes sur ses tomes (Je sais que certains vont faire le lien avec un film érotique, mais c'est faux.). Et ça change tout ! Ca rend le film cru, on pénètre dans les émotions du bonhomme, et aussi dans celles du tyran. A coup de gros plan pas forcement malin sous coups de caisse claire survitaminée, on a vite compris à quoi ils pensent.

Mais... Les acteurs s'en sortent pas trop mal. Mention spéciale à notre cher tyran qui arrive à passer pour un gros enfoiré, mais qu'on aime quand même et qu'on sait pas pourquoi. Il le fait bien.

Alors du coup vu qu'on y croit un max, on se laisse prendre et on oublie ce qui nous irriterai d'habitude.

Et vient cette scène de fin.

J'voudrai pas spoil, donc je ne vous dirai pas si l'élève a finalement eu la reconnaissance du maître, mais il faut parler de cette fin en musique.
10 ou 15 minutes (j'en sors, j'ai pas chronométré, mais c'était long) de big band music, filmé (presque) comme lors d'un concert.
Sauf que c'est mieux filmé qu'un concert. Je veux un dvd de ce concert filmé comme il l'a été.

Parce que des lives, j'en ai maté. Et j'ai même souvent pris mon pied. Mais les réalisateurs font du live et pas un film.
Et ben vous savez quoi ? Ils manquent un truc !

Ces 10 minutes étaient un fantasme dans ma vie d'amateur de musique.
La musique dépouille, c'est vraiment un truc que j'irai voir, je taperai du pied ! Je crierai entre deux morceaux.
C'est carré, c'est en rythme, la prise de son est mortelle, ça groove dans tous les sens !
Les zicos sont filmés, le chef d'orchestre est filmé (éh hé ! C'est notre tyran !), bien sur le batteur est filmé un max.

Mais voilà ! Un solo de batterie ! Le chef d'orchestre ne comprend pas mais assure, et ça continue ! Encore ! Puis ça se calme au point de mourir. Mais non ! Ca reprend ! Plus fort ! Et un dernier regard qui fout les frissons alors que les cuivres beuglent à nouveau achève ce qui est pour moi la meilleure scène musicale que je n'ai jamais vu.

Ce film est plein de défauts, mais tout est pardonné.