Quand on doit remettre un film dans son contexte historique pour avouer que « pour l’époque, c’était quand même bien ! », c’est qu’il y a un lombric dans l’saucisson.

Y’a plein de vieux films comme ça, censés être cultes qui sont en fait assez chiants. Mais pour l’époque…
Et ben non, chers aminches ! Un film est bon ou mauvais, Mais pas « bon pour l’époque ». C’est trop facile d’accoucher un étron et se dire que t’façons, dans 40 ans ses défauts seront pardonnés parce que « pour l’époque… » !
Je m’efforce être autant critique pour un film récent que pour un film de 40 ans, et j’applique les mêmes critères.

Et ça marche, parce que pendant l’expérience « The Thing », on n’éprouve pas des émotions vieilles de 30 ans.

On est donc dans un camp de scientifiques totalement paumé dans l’antarctique, où la connexion avec le monde civilisé est ardue.
Des types vivent là-dedans en écoutant du funk, fumant des pétards, et se soulant au J&B. Ils s’emmerdent un peu mais le vivent bien.
Puis ça commence en s’marrant un peu, y’a un mort et un chien sympa qui survit, c’est pas le drame.
Les personnages sont intrigués par l’évènement, mais bon. Y’a du J&B. Alors…

Puis après quelques désastres, l’intrigue va prendre le dessus, et bouffer l’enthousiasme de nos hippies des neiges.
La montée en puissance de la tension est parfaite. C’est du crescendo sans répit.
Ca va monter d’un cran. Ils entendent les chiens hurler. L’alerte est donnée. L’horreur est là.
Pour nous, mais surtout pour les personnages. La peur générale va s’installer peu-à-peu. La chasse commence. Ils ne savent pas contre quoi, mais ils sont soudés et décidés. Ça va chier des bulles carrées, à base de napalm.

Puis ils réfléchissent. Et en viennent à une conclusion flippante, qui fait encore monter la tension. Tout le monde peut tuer. La paranoïa s’installe. On est complètement paumé entre les crises de délires, les meurtres, personne n’est digne de confiance. Ils vont tous crever, ils ne maitrisent rien. Ils sont foutus !
Et ça empire, le film tombe dans la folie assumée, pire, crédible !
Le final explosif met un terme au massacre.
Faudrait un miracle…

On éteint la télé, on redescend en tension, et on boit un verre J&B pour se calmer.
On se dit que confronté au même cauchemar, on ne ferait pas mieux. On se dit qu’on est un monstre. On va dans la salle de bain, et on se taillade les veines.
Puis en fait on reboit un verre de J&B et on se dit que c’était un sacré bon film.

Voici comment un film de 30 ans fout les boules.
L’horreur, c’est pas des effets numériques ultra crédibles qui poutrent. L’horreur ça vient des hommes.

Mais puisque je parle des effets numériques, faut préciser que ce film met une bonne claque aux effets de synthèses ! On prend un pauvre robot articulé, on lui colle des masques bien crados de chimères malformées, on le fourre aux foies/reins/cœurs de chevaux/bœufs/poulets, on badigeonne bien d’un mélange de sang de porc et de bave de crapeau, et on a un résultat bien plus traumatisant que nos super textures générées par ordinateurs.
C’est pas crédible, ça fait faux, on le sait. On le voit bien. Mais ça nous renvoie à quelque chose de réel. C’est crade. C’est cru. Brrrr.
Maintenant que j’y pense, c’est le même genre de feeling qu’Alien par exemple. A se demander si les effets numériques ont apporté quelque chose en terme de réalisme.

L’horreur vient des hommes. Et le mélange de parano mêlé au danger réel fait que ce film est sans répit.
C’est dans le regard des acteurs qu’on développe notre terreur. Ils sont tous sympa. Ils risquent tous de crever.
Le développement des personnages, le fait de leur donner à tous une identité nous emplit d’empathie.
Le fait de mettre le spectateur dans la même ignorance que les protagonistes nous plonge dans le même cauchemar. On parie sur les survivants, sur les infectés en fonctions des affinités qu’on a développé. Rien ne nous permet d’anticiper qui va survivre, qui va tuer.
Et ça donne un rythme effréné.

La BO renforce le malaise. Discrète, mais toujours présente. Glaciale et imprévisible.

The thing n’a pas besoin d’être replacé dans son contexte. C’est un bon film et c’est tout.

En tout cas, demain je me fais l’intégrale de Oui-oui. En espérant ne pas me faire éviscérer par son bolide rouge et jaune.
rtlpn
9
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le 16 janv. 2015

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rtlpn

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