Nous avons beau ressortir de Willow avec un drôle de goût en bouche, celui-ci incite comme pas deux à l’indulgence : un constat n’ayant pas forcément trait à une quelconque forme de nostalgie, son visionnage adulte étant de fait davantage motivé par la curiosité, mais plutôt en raison de sa patte enfantine et faussement sombre, elle qui transpire une simplicité n’évoquant que trop bien George Lucas… son auteur en l’exergue.
De fait, Willow pourrait s’apparenter à la rencontre entre ses Ewoks et les Hobbits de Tolkien, dont l’œuvre référentielle qu’est Le Seigneur des Anneaux serait le modèle évident : les parallèles ne manquent pas entre les voyages respectifs du Nelwyn et Frodon, partageant tous deux la high fantasy comme socle commun. Bien entendu, autant par son grand âge que des mécaniques/thématiques de Lucas, le long-métrage de Ron Howard ne saurait tenir la comparaison plus de quelques instants, bien qu’il faille lui concéder un statut culte notoire et quelques belles qualités.
Classique sous toutes ses coutures, Willow prend même de forts airs de Star Wars médiéval, l’apprenti sorcier s’accomplissant par l’entremise d’une quête prophétique annonçant la chute de l’Emper… de la reine Bavmorda, tyrannique et sorcière de son état. Le Nelwyn rencontrera aussi sur son chemin quelques compagnons de route dont un vaurien à la langue bien pendue, promis malgré ses défauts criants à un amour dépassant le cadre de la raison (une vilaine princesse) : les sempiternels volets en transition « de » Lucas cimentent enfin le tout dans un écrin emblématique, bien que cela se fasse au détriment de la « signature » de Howard.
Dès lors, l’ensemble se veut plutôt prévisible bien que son charme nous gagne peu à peu : une prouesse permise notamment par sa distribution relativement confidentielle (exception faite de Val Kilmer) à la tête de laquelle Warwick Davis accèdera à la notoriété. Une joyeuse galerie cabotinant avec plus ou moins de sérieux dans un univers standard qu’elle sublime de son mieux ; la grimace est toutefois de mise en ce qui concerne une paire de comic relief vocaux à l’excès, certainement de trop au sein d’une atmosphère déjà légère de facto (Madmartigan oblige).
Bref, Willow gagne contre vents et marées ses lettres de divertissement générationnel, bien que son empreinte formelle s’avère aujourd’hui aussi datée que moribonde. Le plus dommageable réside certainement en ses grosses ficelles, elles qui justifient une trame pourtant sommaire au possible : rien de surprenant connaissant Lucas, mais tout de même.