Wish - Asha et la bonne étoile
5.3
Wish - Asha et la bonne étoile

Long-métrage d'animation de Chris Buck et Fawn Veerasunthorn (2023)

Wish,un souhait pas exaucé mais une promesse de divertissement tenue (Ma vraie note 6,5/10)

En 1923, Walter Elias Disney créa les Studios Walt Disney Pictures.

100 ans plus tard, ces derniers sont devenus la compagnie de divertissement la plus connue au monde. À cette occasion sortit un court-métrage-hommage nommé Il était une fois un studio mettant en scène les personnages inventés par ce qu'on appelle aujourd'hui la Compagnie de la souris aux grandes oreilles pour combler notre nostalgie collective.

https://www.youtube.com/watch?v=_aF8-6Mqb7I

Avec un tel âge, il était évident que Walt Disney Pictures allait sortir également un "Grand Classique Anniversaire". Grand Classique en question ayant pour titre Wish-Asha et la bonne étoile ou tout simplement Wish en VO.

À cette occasion, les Studios décidèrent de faire un retour aux sources en créant LE type de long-métrage ayant fait leur succès dès leur premier Grand Classique: un conte. Mais contrairement à Blanche-Neige et les Sept nains adaptant le conte Blanche-Neige des frères Grimm, Wish est une histoire originale à l'allure de conte contemporain.

Si l'équipe du dernier Grand Classique en date a décidé de ne pas faire ce film en animation traditionnelle, elle a, néanmoins, délaissé l'animation en images de synthèse dite basique pour choisir une animation aux allures de peinture-aquarelle d'une grande beauté pour les décors et des personnages en images de synthèse travaillés avec soin.

De plus, l'allure de conte féérique est présente à travers la toute première scène s'ouvrant sur un livre commençant par

Il était une fois

rappelant ainsi le tout premier Grand Classique Blanche-Neige et les Sept Nains, ainsi que La Belle aux Bois dormant, s'ouvrant sur les pages d'un livre aux allures de contes racontés aux enfants.

Mais que raconte ce nouveau conte?

Dans le Royaume de Rosas où règne le Roi-Magicien Magnifico, les habitants voient leurs voeux être exaucés par ce dernier. Alors qu'une habitante du Royaume nommée Asha espère voir le voeu de son grand-père Sabino être exaucé le jour de ses 100 ans...

Quelle subtilité-_-

...cette dernière découvre que Magnifico n'exauce que les voeux qui l'arrangent ou ceux jugés inoffensifs pour maintenir son règne et maintenir le peuple docile.

Se sentant impuissante, Asha fait, malgré elle, le voeu que tous les habitants de Rosas accèdent au bonheur. Ce qui fait apparaître une étoile infantile, espiègle et peu discrète nommée Star qu'elle doit guider tant bien que mal pour empêcher Magnifico de n'exaucer que les voeux qui l'arrangent et, également, d'arrêter un plan cruel que Magnifico manigance en secret.

Quand on regarde Wish pour la première fois, on y reconnaît tous les aspects des Grands Classiques Disney les plus connus. Un protagoniste tout gentil, des animaux parlants, des sidekicks, une créature kawai, un membre de la famille du personnage principal absent/ayant clamsé, des chansons et un méchant très méchant.

Cependant, certaines choses se démarquent des Grands Classiques Disney aux allures enchantées. Déjà, contrairement à de nombreux protagonistes Disney, le parent du personnage principal absent/ayant clamsé est son père et non pas sa mère, nommée Sakina, étant toujours vivante. De plus, contrairement à la toute première héroïne du premier Grand Classique Disney nommée Blanche-Neige, Asha n'est pas une Princesse rêvant d'un Prince mais une personne du peuple célibataire vivant dans une cabine dans les bois. Ajouté à cela que le méchant est un Roi vivant dans un château, nous voici avec un propos intéressant.

En effet, avec l'héroïne du peuple espérant que les voeux des gens se réalisent pour leurs bonheurs et le méchant au pouvoir n'exauçant que les voeux qui l'arrangent pour maintenir son règne, difficile de ne pas y voir un reflet réaliste de ce qui se passe souvent chez les Studios Disney. Wish semble être une métaphore des patrons capitalistes faisant pression sur des artistes créatifs et talentueux pour les forcer à réaliser des oeuvres formatées afin de remplir les caisses quitte à délaisser l'imagination créative.

Mais en dehors de sa mise en abyme, que vaut Wish en tant qu'oeuvre à part entière?

Ben le mot précis pour définir ce film d'animation est "agréable".

En effet, Wish n'a rien de révolutionnaire. Déjà, la plupart des personnages sont soit oubliables, soit anecdotiques; plus particulièrement les sept amis d'Asha.

Subtil encore une fois-_-

Sans oublier le fait que l'un d'entre eux, Simon, se révèle être un trouduc au cours du film.

La seule qui se démarque un peu, c'est sa confidente Dahlia étant une bonne amie et se montrant admirablement courageuse dans les situations qui la dépassent.

Si Sabino a un joli voeu le rendant touchant et lui donnant un peu de personnalité, Sakina, elle, ne fait que de la figuration.

En ce qui concerne le chevreau Valentino, il fait le minimum syndical de drôlerie pour nous faire sourire. Quant à Star, on sent qu'elle est présente dans le but de créer des peluches choupis dont les ventes peuvent remplir les poches du marketing toyetic de Disney. En dehors de ça, elle rappelle un peu Morphe, la créature mâle espiègle excitée de La Planète au Trésor et est amusante.

(et, pitié, arrêtez les comparaisons avec le luma suicidaire de Super Mario Bros le film 2023 parce que Star est toute mimi et pleine de vie)

De plus, tout comme Morphe, elle peut sortir de son rôle de créature kawai pour agir de manière sérieuse quand le scénario l'exige.

Parlons maintenant des chansons. La plupart d'entre elles sont sympathiques leur style se rapprochant des chansons de Raiponce. On sent que David Metzger s'est inspiré du style d'Alan Menken ayant composé les chansons du film éponyme.

Seul hic à ce sujet, certaines d'entre elles mélangent les styles musiques nineties et jeuns des années 2000 leur donnant un côté un peu has-been faisant ricaner.

La seule qui se démarque, c'est Ma récompense qui, si elle n'est pas extraordinaire a le mérite d'être un peu entraînante.

Parlons maintenant de l'héroïne elle-même: Asha. Cette dernière a divers visages. En effet, sa personnalité mélange les caractères des héroïnes Disney gentilles et altruistes des thirties à fifties comme Blanche-Neige de Blanche-Neige et les Sept nains ou encore Cendrillon du film éponyme. Elle a également des traits des héroïnes Disney des nineties rêvant d'un autre type de vie que le quotidien qu'elles mènent comme Ariel de La Petite Sirène (oui, il date de 1989 mais il est le précurseur des héroïnes des nineties sorti après lui), Belle de La Belle et la Bête ou encore Jasmine de Aladdin. De plus, elle a également hérité des caractères surexcités et maladroits des héroïnes des années 2010 comme Raiponce du film éponyme et d'Anna de La Reine des Neiges 1 et 2. Son charisme fait tout le charme de Wish et c'est grâce à elle que ce dernier mérite d'être vu malgré les défauts de l'oeuvre.

Parlons maintenant du méchant à savoir le Roi Magnifico. Soyons honnêtes, il ne fait pas parti de ces antagonistes mémorables qui marqueront les esprits pour toujours.

En effet, Magnifico alterne constamment entre antagoniste imposant et menaçant à individu ridicule et narcissique adorant son reflet. Quand on le voit, on a l'impression d'être face à une version light du Capitaine Crochet de Peter Pan avec une histoire insistant plus sur l'aspect ridicule du personnage que sur son aspect menaçant.

La seule chose démarquant Magnifico vraiment de nombreux méchants Disney (et d'oeuvres pour public familial en général) étant solitaires, Magnifico, lui, est marié. Si on se fie à la supposée mise en abyme du patron capitaliste à travers le méchant Roi, on peut voir en la Reine Amaya les proches de ces personnes à l'avidité insatiable victimes de la négligence de ces individus les délaissant pour leurs désirs égoïstes et se remplir les poches. Une manière de montrer que l'image du couple idyllique marié et vivant dans une belle demeure (symbolisée par le château de Rosas) est une image hypocrite que se donnent beaucoup de gens "respectables" pour faire genre sans se soucier des vrais sentiments du conjoint choisi au pif.

Mais ne parlons plus des symboles pour l'instant et revenons sur le film en tant qu'oeuvre. En dehors de la robe d'Aurore vue dans La Belle aux Bois dormant ou du RLS Legacy de La Planète au Trésor faisant de brèves apparitions dans des bulles de voeux, les clins d'oeils de Wish à d'autres oeuvres Disney ne sont que trop peu discrets.

Déjà, le fait d'avoir un hidden-mickey pas si hidden que ça dessiné sur une feuille de papier fait un peu trop fo*tage de g*eule. Les hidden-mickey des Grands Classiques précédents, eux, étaient vraiment hidden au point qu'il fallait plusieurs visionnages pour les repérer.

De plus, un flash-bach avec Asha et son père décédé regardant les étoiles fait beaucoup penser à Simba et Mufasa dans Le Roi Lion regardant, également, les étoiles avant la mort de Mufasa.

Et il y a pire. Quand elle apparaît, Star donne vie à la première chose qu'elle voit à savoir une forêt entière. Tout ça pour rappeler la nature douée de la parole qu'on retrouve dans Alice au Pays des merveilles ou encore un substitut évident des champignons de Fantasia. Sans compter un caméo de nombreux personnages de Bambi comme Bambi lui-même, ses parents, une immense troupes de cerfs ainsi qu'une foule de Pan-Pan. Sans compter un hibou dont l'apparence rappelle Maître Hibou du même film mais également celle d'Archimède de Merlin l'Enchanteur (ainsi que les présences d'écureuils ressemblant beaucoup à ceux qu'on voit dans ce même film) ou encore celle de Big Mama de Rox et Rouky. De plus, on voit la hérissonne de ce dernier dans cette scène. Comptons également un arbre prenant vie dont les yeux et la bouche rappelle un peu ceux de Grand-mère feuillages de Pocahontas. Et n'oublions pas un ours nommé Petit-Jean pour faire référence à l'ami fidèle de Robin des Bois du film éponyme.

De plus, il y a également une scène avec Magnifico riant au nez des voeux des habitants de Rosas n'étant qu'un prétexte pour jouer sur nos nostalgies de façon mercantiles. En effet, on se retrouve avec des répliques de ce type:

Tu veux régner sur le Pays des Merveilles? Pourquoi pas sur le Pays Imaginaire? Oh! Le rêve de l'amour véritable. Pauvre âme en perdition!

Sans compter le fait qu'il demande de façon rhétorique à ses miroirs qui est le plus beau ou agite un bâton magique aux lueurs vertes et formant parfois des mains.

Mais le clin d'oeil le plus flagrant est probablement Sabino jouant la chanson la plus culte de Pinocchio: Quand on prie la bonne étoile.

Ah, puisqu'on parle de lui. En regardant le film de plus près, on peut avoir l'impression, qu'en plus d'être un symbole de l'image "artistes contre patron", Wish envoie un gros crachat à Pinocchio disant qu'il suffit de désirer quelque chose pour l'obtenir. En effet, durant le film, on nous dit que plutôt que de confier nos désirs à une puissance supérieure et attendre passivement sans réel espoir qu'ils soient réalisés, il vaut mieux tenter d'obtenir ce que l'on veut par nous-mêmes en se donnant la force d'y parvenir.

Un excellent moyen pour nous pousser à nous prendre en mains dans les moments difficiles.

Mais, en dehors de sa métaphore et de son message, Wish demeurera toujours bien peu mémorable. En effet, en dehors de ses clins d'oeils forcés, le plus gros défaut du film est le suivant: c'est trop court. L'oeuvre a beau durer 1h30, on a l'impression qu'il manque un quart d'heure qui aurait été nécessaire pour mieux exploiter son histoire et transmettre ses messages louables d'une meilleure façon.

Tout ça pour dire que Wish, n'étant pas extraordinaire, ne restera pas dans les mémoires et sera vite oublié ou, au pire, qu'on se souviendra de lui uniquement de nom parce que c'est le film fêtant les 100 ans de Walt Disney Pictures.

Et c'est de là que vient tout le problème. Si Wish avait été un Grand Classique Disney parmi tant d'autres, le fait qu'il soit juste "agréable" n'aurait pas été grave.

Cependant, Wish étant un Grand Classique Anniversaire Centenaire, Disney a manqué L'UNIQUE occasion de faire une nouvelle oeuvre mémorable digne des Grands Classiques Disney cultes d'hier et d'aujourd'hui en se contentant de faire un film-anniversaire où celui-ci est fêté de façon mollassonne. Pourquoi? Parce qu'au moment de sa sortie, l'heure est fan-service abusif, aux remakes Disney pour faire de l'argent facile à travers la nostalgie infantile de chacun d'entre nous. Nostalgie vidant nos poches de manière fourbe et cruelle.

Wish semble donc uniquement faire appel à des codes Disney basiques connus pour faire le minimum syndical sans avoir le je-ne-sais-quoi lui donnant toute sa saveur. Néanmoins, il semble faire son auto-critique sur le fait qu'on lui a demandé d'être uniquement un Grand Classique Anniversaire non pas mémorable et culte en lui donnant son individualité mais en en faisant une oeuvre agréable mais pas mémorable dont personne ne se souviendra.

Peut-être les Studios Disney espéraient que la hype des 100 ans permettrait à ce film "agréable" d'être rentable pour Walt Disney Pictures (ce qui semblait être le cas après que le film ait fait 600 000 entrées en un week-end lors de sa sortie en France et bien plus au niveau mondial). Mais le bouches-à-oreilles actuel sur le film digne d'un bad buzz fera sûrement que Wish n'aura pas le succès espéré. Le plus triste n'est pas l'unique occasion manquée de faire un nouveau Grand Classique mémorable digne d'un anniversaire centenaire mais le fait que Wish étant sûrement conscient d'être condamné à l'oubli après sa sortie a tenté, toutefois, de transmettre de bons messages à travers une potentielle hype passagère.

Malheureusement, ce ne sera pas le cas car, à l'heure actuelle, peu nombreux sont les gens allant le voir; et ceux qui y sont allés ont dit que le seul moment vraiment digne du Centenaire Disney est le générique de fin faisant défiler les images de personnages des Grands Classiques Disney du plus célèbre au plus méconnu.

-et pas forcément pour le meilleur vu que Chicken Little est dans le tas-

Il n'y a plus qu'à espérer qu'un jour ou l'autre, tout comme Asha qui a réussi à se débarrasser de Magnifico pour permettre aux habitants de Rosas de s'épanouir, Walt Disney Pictures se débarrasse de son mercantilisme maladif et nous offre à nouveau des oeuvres créatives qui resteront dans les mémoires pour toujours.

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le 27 déc. 2023

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