Il me semble que lorsqu’un film nous laisse en mémoire quelques images précises, accompagnées d’une sensation persistante, c’est souvent le signe qu’il a véritablement marqué. C’est exactement le cas pour Witness de Peter Weir. J’ai dû voir ce polar trois ou quatre fois, et pourtant, les mêmes souvenirs reviennent inlassablement, aussi nets, aussi vibrants.
La première image qui me revient est celle d’un petit garçon, les yeux écarquillés, témoin d’un meurtre dans les toilettes publiques. À chaque vision, je ressens le même choc que lui ; je détourne la tête au même instant, comme si je pouvais encore échapper à la violence de la scène. Je l’appréhende toujours, cette séquence, avant même qu’elle ne surgisse.
Puis vient le souvenir d’une maison en construction : des planches, des rires, des gestes simples. Cette scène me réchauffe à chaque fois le cœur, comme un moment suspendu de fraternité.
Et il y a aussi ce regard échangé entre Harrison Ford et Kelly McGillis — rien qu’un regard, mais d’une intensité rare, d’une beauté silencieuse.
Enfin, je revois ces hommes en costumes sombres, fusils à la main, envahir le calme village amish. Ces images demeurent, gravées dans la mémoire comme des empreintes de cinéma. Si elles persistent ainsi, c’est qu’elles témoignent d’un grand film. Witness est, tout simplement, un magnifique moment de cinéma.