Bien que n'ayant pas vu les derniers films de Woody Allen, j'ai tout de même un certain attrait pour son cinéma que je trouve remarquablement écrit et mis en scène malgré l'apparente simplicité qui en ressort. Il est capable de tisser des réseaux de relation passionnants dans ce qu'ils ont de cynique, tortueux et dramatique, sans pour autant rentrer dans une lourdeur ou un pathos écœurant. S'il y avait un mot pour décrire le cinéma de Woody Allen ce serait « rafraîchissant ».
Wonder Wheel ne déroge pas à la règle, le cinéaste semble avoir ici pour credo : « c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes. » Il rejoue alors son éternelle histoire du triangle amoureux maudit mais en installant son histoire dans un Coney Island à la limite du fantastique, instaurant au film une ambiance et surtout un univers à l'identité extrêmement marquée. La photographie de Vittorio Storaro est magnifique, je ne comprends pas les critiques qui disent que celui ci se repose sur ses acquis ou encore que la mise en scène de Woody Allen est trop théâtrale. D'une part, c'est ce qui fait la spécificité de son cinéma, mais ici, bien au contraire, il nous propose un travail de la caméra et du plan séquence remarquables.
Ajouté à cela une direction d'acteurs aux petits oignons, servant sur un plateau un rôle éclatant d'ambivalence et d'humanité à une Kate Winslet qui n'a plus rien à prouver, un rôle très intéressant et remarquablement tenu par Justin Timberlake, et une partition plus loufoque et relevée pour un Jim Belushi parfait.
On pourrait reprocher à Woody sa faible prise de risque, l'impression de voir un ersatz (scénaristique notamment) de son cinéma et un humour pas assez abouti, mais il est tout de même difficile de nier les qualités intrinsèques du film qui m'ont fait passer un excellent moment, du début jusqu'à la fin.
Je le conseille vivement, à condition d'adhérer au style.