Qui d'autre qu'Oliver Stone pouvait réaliser un biopic sur les évènements tragiques du 11 septembre 2001 ? Qui d'autre que le romantique qui se nourrit de l'irrévérencieux, le maestro des films choc, le bourrin aux sujets incisifs ? Et pourtant, sorti seulement cinq ans après les attentats et nanti d'un titre équivoque, World Trade Center n'est pas aussi impressionnant qu'on le croyait. Plus patriotique que dénonciateur, plus sobre qu'époustouflant, le long-métrage s'intéresse surtout à des policiers pris au piège dans les décombres. Une histoire vraie mais anecdotique. Et c'est peut-être uniquement là que le réalisateur va nous surprendre...
Plutôt que délivrer un film-choc qui aurait ébranlé l'Amérique entière, encore traumatisée, Oliver Stone ne va prendre aucun parti-pris et va s'intéresser à deux policiers ensevelis sous l'une des tours jumelles et à leur famille respective, mourant de savoir si ils vont bien. Un drame familial à plusieurs facettes parfois entrecoupé de flashbacks (histoire de montrer que nos braves gaillards ne méritent pas de succomber), une tension inexistante et des longueurs pas vraiment soutenues... Mais qu'est-il arrivé au réalisateur de Platoon ? Ne cherchez pas une quelconque dénonciation dans World Trade Center, le film ne se contentera que de saluer le courage héroïque de policiers lambdas et de leur volonté de fer à s'accrocher à la vie en voulant sauver quelques rescapés.
La deuxième partie du film ajoute quant à elle le sauvetage de nos héros par des casse-cous tout aussi héroïques emmenés par un Stephen Dorff méconnaissable. Et si on peut saluer quelque chose dans World Trade Center, c'est bien le choix du casting, entre un Nicolas Cage tout en sobriété, un Michael Peña solide et les excellentes Maria Bello et Maggie Gyllenhaal en épouses bouleversées, on y croit et c'est vraiment immersif. Malheureusement, le casting ne sauve pas le film qui s'avère bien plus ennuyeux que palpitant en dépit de son sujet et surtout de son décor, Stone mettant en scène un produit à la limite de la démagogie, sans panache ni verve, juste avec de gros moyens et un sens du patriotisme qu'on ne lui connaissait pas autant poussé.