Lorsque Saw est sorti, il a relancé les films à concept et il en fleurit plein tous les ans depuis. Mais dans ce lot de films qui abreuvent nos rayons dvd, il y a clairement à boire et à manger à tel point qu’il faut souvent se farcir trois ou quatre navets avant de tomber sur les quelques bons qui sortent du lot. Would you rather ? fait parti de ceux là et David Guy Levy arrive à faire de ce petit huis-clos à petit budget et sur le papier pas si original que ça un film qui tient la route et qui surtout nous tient en haline jusqu’à son dénouement final.
Certains connaissent peut-être ce jeu enfantin « Qu’est ce que tu préfère ? » dans lequel on propose deux choix à quelqu’un et il doit choisir un des deux et le réaliser. Pierre Palmade l’a d’ailleurs illustré dans un de ses sketchs avec des possibilités farfelues comme « Est-ce que tu préfère à vie avoir une tête de veau ou deux bras de 9m ? ». Avec Would you Rather, on est dans une variation de ce jeu, mais film thriller à tendance horrifique oblige, les possibilités sont bien entendues bien plus compliquées et surtout violentes.
Certains le trouveront peut-être un peu gentillet malgré les moments clairement cruels, le gore est effectivement très peu présent et il ne faut vraiment pas s’attendre à des hectolitres de sang. Pourtant, le film sait se montrer très cynique, voire même assez noir par moment et les jeux ou plutôt les sévices qui sont infligés aux protagonistes de ce repas un peu spécial arriveront à vous faire crisper les yeux même si la douleur est plus souvent psychologique de par les choix cornélien qu’ils seront amenés à faire. Vaut mieux-t-il se les infliger à soit même plutôt qu’à son voisin où alors faut-il se lâcher sur lui parce qu’après tout c’est un jeu et il ne peut y avoir qu’un seul gagnant au final ? Faut-il se la jouer individuel ou alors rester solidaire dans ces moments de douleur ? Autant de questions qu’on se pose en même temps qu’eux et qui nous montrent comment la peur et l’argent arrivent à faire ressortir les plus bas instincts de chacun.
Là où le film réussit le plus son pari, c’est qu’on se met très rapidement à la place des personnages et qu’on se pose vraiment les questions sur ce qu’on ferait si on était à leur place. Il est vrai que certains d’entre eux sont clairement anecdotiques comme celui du docteur qui aurait pu tout simplement être supprimé sans que cela ne gêne aucunement l’avancement du scénario ou quelques seconds rôles un peu trop clichés, mais dans l’ensemble le casting est nickel et porte à bout de bras le film.
On retrouve d’ailleurs des têtes connues comme John Heard, le papa de Maman j’ai raté l’avion, Eddie Steeples, le black coup afro de l’excellente série My Name is Earl, la jolie et très convaincante Brittany Snow aperçue dans Hairspray (2007) ou le très mauvais Prom Night (2008) ou encore l’ex-actrice porno Sasha Grey qui essaie de se faire un nom dans un cinéma plus conventionnel, qui s’avèrera ici peu convaincante peut-être aussi à cause d’un personnage vraiment à baffer qui n’aide pas vraiment. Celui qui tire par contre son épingle du jeu, c’est Jeffrey Combs, figure emblématique du cinéma d’horreur puisqu’il n’est autre que le Re-Animator himself. Il campe ici de manière exceptionnelle une sorte de milliardaire dont la grande passion est donc d’organiser ces jeux-repas un peu particuliers, sadique à souhait mais toujours très courtois dans ses attitudes. On se délecte de chacune de ses interventions aux dialogues savoureux.
Il est vrai qu’il manque peut-être un peu de rythme et de folie à ce Would you rather ? Mais sa courte durée, sa mise en scène sobre mais inspirée, accompagné d’une musique discrète très bien utilisée font qu’il se regarde tout seul, qu’on y passe un bon moment, avec pour couronner le tout une fin ironique qu’on sentait certes venir mais qui ne pouvait pas cloturer le film de plus belle manière.
