Bryan nous a singé

J'ai toujours pensé que la franchise des X-Men pouvait être l'une des licences phares de Marvel avec un univers assez plaisant. Étant familiarisé dès le plus jeune âge sur France 3 aux mutants, je suis indéniablement le cœur de cible visé par les producteurs.
Seulement, au cinéma je ne garde pas un souvenir impérissable des premiers épisodes et la suite se révèle assez chaotique avec Wolverine. Mais, histoire de pognon oblige, la série est relancée avec «First Class» avec un tas de nouveaux acteurs, et on nous promet un angle nouveau et inédit. «Days of Future Past» confirme et devient instantanément un épisode majeur, apportant avec intelligence du neuf dans du vieux. La saga est relancée ! La 20th Century Fox applaudit.
Bryan Singer parvient-il à renouveler le (petit) exploit avec cet Apocalypse ?

Mouaih…

J'ai passé un agréable moment, l'objectif popcorn est atteint, et pourtant de nombreux points me laisse perplexe.
La force indéniable du film réside essentiellement en son réalisateur qui est loin d'être un tâcheron, au contraire un bon faiseur à la solde de Hollywood, toujours dévoué dans ses projets. Il est capable d'apporter des idées de mise en scène constamment et de rendre lisibles les scènes d'action. La durée pourtant conséquente du film sera consommée d'une traite. Ce film est maîtrisé et même certaines scènes complètement débiles sur le papier se révèlent fun avec l'utilisation tour à tour de Metallica, Sweet Dreams ou bien Beethoven.

Pourtant on reste sur sa faim. Je pense que les X-Men parviennent à élever le propos lorsque l'on confronte mutants & humains. Cet apartheid fictif fragile trouve un écho dans notre triste époque où la peur et la haine semblent être prédominantes désormais. Le questionnement éthique viendra tour à tour du professeur Charles-Xavier et de son alter ego Magneto. C'est en s'attardant sur ce dernier que les derniers épisodes trouvent un regain d'intérêt. Le choix de Michael Fassbender est juste parfait pour ce rôle sur mesure.

Hélas, X-Men Apocalypse effleure son sujet en ajoutant un trouble fête dans notre monde. Un mutant antique super puissant et tout bleu unilatéral. C'est Oscar Isaac (je ne l'avais pas reconnu) qui doit endosser ce triste rôle dénué d'intérêt. La création de la troupe du mal sonne faux et semble bien artificielle avec des motivations aussi enfantines. Il ne manquait plus que la Rocket Power pour compléter la smala.
Un autre problème vient de la surenchère de personnages utilisés beaucoup trop importants. Les scénaristes pensent régaler les fans alors qu'en réalité ils étouffent leur film déjà pas très fin et intelligent. Tout est survolé et va trop vite, je ne m'implique pas, et la scène sensée être la bascule dramatique ressemble furieusement à une belle coquille vide (la mise en scène + photo sont exemplaires une fois de plus).
Ajouté à cela une BO ramdom (heureusement que Singer s'éclate à côté avec les années 80) et une introduction égyptienne full synthèse de mauvais goût et je me rends compte que j'oublierai le film aussi facilement que je l'ai vu.

Avec le mastodonte MCU en place actuellement, Marvel nivèle par le bas la qualité de ses productions. Fort heureusement, ce film figure parmi les rares exceptions. Mais n'est-on pas en droit d'attendre quelque chose de plus ambitieux et intelligent, ne cherchant pas forcément à cocher des cases dans un cahier des charges ???
Faire du cinéma, en somme...