La continuité et la X-Men, une grande histoire d'amour contrariée. Depuis le misérable L'affrontement final, on regarde des films se contredire eux-mêmes sans avoir le courage d'assumer une direction claire (reniement ou reboot). Ça se traduit par des personnages ou évènements qui sont réinterprétés ou carrément transformés au mépris du bon sens (X-Men Origins : Wolverine). À force de retourner la table - et quand bien même First Class l'a fait avec un certain panache - il faut reconnaître que c'est toute la cohérence qui est sens dessus dessous. Et Days of the Future Past ne va pas arranger les choses, bien au contraire. Alors, un conseil : prenez-le pour ce qu'il est, un fantasme de fans, et éclatez-vous.
Alors qu'une guerre a anéanti les mutants et bon nombre de non-mutants, Wolverine est choisi pour repartir cinquante ans en arrière afin d'empêcher l'acte décisif ayant mené à cette apocalypse. C'est sûr ce pitch, librement adapté du comics éponyme que Days of the Future Past, que Bryan Singer décide de reprendre la main. Mais pour lui, l'heure n'est plus aux métaphores filées sur les opprimés comme sur X-Men et X2. En 2014, sa priorité c'est d'organiser une grosse fiesta avec tous les VIP de la saga (vétérans et nouveaux). Et de s'offrir de purs visuels futuriste rappelant le Terminator de James Cameron. Toute l'introduction et sa résolution exploitent à fond le fond le potentiel derrière l'affrontement entre les mutants et ces chasseurs robotiques visiblement inarrêtables. On mesure d'autant mieux les progrès de Singer pour orchestrer ces pures visions de cinéma. Mais on s'amuse également beaucoup sur la partie plus intimiste, que le scénariste Simon Kinberg gère plutôt bien.
Découvrir un professeur Xavier qui a troqué la sagesse avec filtres pour l'alcoolisme sans glaçons dans les 70's, ça a de quoi amuser. Et en plus McCavoy est toujours aussi bon dans le rôle (même s'il n'a évidemment rien à avoir avec la version de Patrick Stewart). Le duo qu'il forme avec Wolverine marche du feu de dieu, et les confrontations avec Magnéto (Michael Fassbender, excellent comme toujours) confirme que l'association des deux acteurs est la meilleure idée du reboot. C'est sûr qu'à côté, le personnage de Mystique manque cruellement de mordant. Jennifer Lawrence n'y peut rien, sa version n'a manifestement pas les faveurs des scénaristes. C'est un peu pareil pour Nicolas Hoult, dont le Beast n'est ni très intéressant ni très bien fait. En revanche, Vif-Argent fait une entrée fracassante. Le jeu goguenard d'Evan Peters est onctueux et il rafle LA scène du film, une démonstration de pure technicité sur la mise en scène et les VFX. Quel dommage de ne pas le voir occuper plus d'espace. D'un autre côté, ses capacités règleraient l'intrigue en 5 minutes. Quant à Peter Dinklage, il fait le job mais son Boliver Trask manque d'un éclair de génie pour le rendre authentiquement menaçant.
On ne retrouve pas l'équilibre parfait de X2, le rythme est un poil trop véloce. Et quelques séquences présentent des effets visuels pas terrible (le train) Un défaut légèrement atténué sur la version Rogue Cut plus longue de 17 minutes (et avec Malicia, coupée du montage salles). Mais ce serait injuste de bouder son plaisir, tout a été fait pour combler les fans. Action, émotions, et le petit zeste d'humour qui fait du bien. Le budget se voit à l'écran. Les combats sont nettement plus féroces, et le festival pyrotechnique est impressionnant. Si on accepte que la franchise se compose d'une duologie et d'essais plus ou moins reliés les uns aux autres, on en a pour son argent avec Days of the Future Past. Comme friandise, il a bien plus de goût que les films qui vont suivre...