C'était pas gagné... (critique sans spoilers)

La sortie d'un nouveau film X-Men n'est pas forcément un évènement. Noyés dans la masse des films Marvel depuis quelques années, l'intérêt pour les mutants les plus célèbres de l'histoire des Comics s'est estompé avec la qualité de l'épisode 3 (en 2006) et le malheureux "X Men Origins : Wolverine" (en 2009). Pourtant, contre toute attente, un "prequel-reboot" sorti en 2011 et signé Matthew Vaughn, crée la surprise. Ce succès (aussi bien critique, public que commercial) motive la Fox pour lancer la production d'un nouveau film. Et on peut dire que le projet est ambitieux : faire à la fois la suite du film de Vaughn et celle de la saga originelle inaugurée par Byan Singer (et qui avait, rappelons le, lancé la vague d'adaptations de comics qui perdure encore aujourd'hui) en rappelant les acteurs stars de chaque version.

Etant un ex-fan de comics et un grand amateur des films de super-héros (les X-Men étant à mes yeux les plus intéressants), j'étais naturellement impatient de découvrir ce film, avec de grandes craintes de déceptions malgré tout. Vu en avant-première au grand Rex, "X-Men : Days of Future Past", est, on peut le dire tout de suite, à la hauteur des espoirs que j'avais mis en lui. On a clairement affaire à l'un des meilleurs films X-Men, au casting dingue, au scénario brillant, proposant réflexion, humour, action, révélations et quelques morceaux de bravoure.

Contrairement à ce qu'on pourrait craindre, l'histoire n'est pas noyée par le trop-plein de mutants. En fait, on suit surtout 4 ou 5 personnages (Wolverine, Xavier, Beast, Magneto et Mystique, dont le rôle a été gonflé à l'extreme pour la star Jennifer Lawrence, désormais aussi bankable que Hugh Jackman). Ils ont chacun leur façon de vouloir sauver leur espèce et le moins qu'on puisse dire est que le film n'est pas manichéen du tout. Même le personnage de "méchant" Bolivar Trask pense agir pour le bien de la planète et de son avenir. Ce qui ajoute encore quelque chose à la réflexion (maintenant habituelle dans les "XMen movies") sur le racisme et la tolérance, le rejet de l'autre et/ou de soi-même.

En terme d'action, on est pas en reste avec au moins quatre grandes séquences plutôt réussies. Certains seront sans doute déçus par le peu de présence de certains personnages mais la plupart ont droit au moins à une scène les mettant en avant (Quicksilver en tête, qui est à ce film ce que Hulk est à "Avengers"). A part Anna Paquin (Malicia) qui se révèle être la première figurante dont le nom apparait en gros sur l'affiche d'un film (oui oui figurante, l'actrice faisant une apparition muette de 4 secondes chrono). Le personnage de Magneto, toujours brillamment interprété par Michael Fassbender, est plus en retrait, et donc un peu moins impressionnant, que dans "X Men le commencement". Il faut dire que le scenario du "Commencement" reprenait dans les grandes lignes celui du projet avorté "X Men origins : Magneto". On peut dire que c'est James McAvoy qui est le plus à l'honneur dans le rôle d'un professeur Xavier surprenant et... Sans pouvoirs. Cela risque d'énerver ceux qui n'apprécient pas cet acteur (il y en a) mais il prouve une fois encore qu'il est assez brillant, réussissant à être convaincant dans tous les sentiments que traverse son personnage, et même à être crédible lorsqu'il se trouve face à son double âgé (Patrick Stewart), pourtant très peu ressemblant physiquement.

Le réalisateur Bryan Singer, après avoir délaissé la saga le temps de quelques épisodes, revient en force (après une série d’œuvres médiocres commencée avec "Superman returns" et achevée avec "Jack le chasseur de géants") et prouve qu'il en est réellement le maitre, maitrisant à la fois ce qui faisait la force des autres films (la paraboles sur le racisme, les réflexions sur l'évolution, l'intégration maligne d'événements historiques, des effets spéciaux réussis, un humour malin et bien dosé...) tout en proposant des ambiances inédites (le futur apocalyptique et les 70´s) et une nouvelle aventure qui ne nécessite pas forcement d'avoir vu les précédentes.

Les "Amazing Spider-Man", "Man of steel" ou même les films Marvel (à l'exception d'Avengers) font pale figure face à ce qu'on peut appeler une vraie réussite du genre. Vu l'énorme budget du film (et de son marketing), il va falloir attirer plus de monde que tous les épisodes précédents (et atteindre le milliard de dollars de recettes qu'il semble viser). Et même s'il évite la surenchère de spectacle et de destruction (ou peut-être justement parce qu'il l'évite), on peut le dire : Le film est assez réussi pour gagner son pari. Le principal défaut étant une impression de trop peu, on ne peut qu'espérer avoir une bonne dose de scènes coupées dans le DVD (ne serait-ce que pour répondre aux questions que se poseront certains sur la cohérence entre les films, réponses qui auraient sûrement desservi le rythme du film et dont l'absence ne gênera que les plus tatillons des spectateurs relous qui se prennent la tête pour rien). Bref, Il va être difficile de faire mieux avec "X Men : Apocalypse" déjà prévu pour 2016 et que la scène post-générique tease de manière spectaculaire.