Je n'ai pas tellement eu l'occasion de revoir les trois premiers films, et je n'ai pas vu venir la sortie au cinéma de ce nouvel opus dans la saga X-men.
Je n'ai que quelques souvenirs du premier film, le seul que j'ai vu, il y a des années, en VHS enregistrée, sans trop faire gaffe à ce qu'il se passait sur l'écran, mais tant pis, après tout c'est les origines donc je peux partir de là comme si c'était réellement le commencement (comme l'indique le titre français qui prend une certaine liberté par rapport au "First class" en VO), tout en ayant une vague idée tout de même de qui sont les personnages.

En réalité, le film démarre et prend pas mal pour acquis le fait que ce "commencement" n'est pas exactement le début, considérant qu'en ayant vu les autres films on doit savoir qui sont les personnages. Ca ne m'a tant dérangé, je sais qui sont Xavier et Magneto, les deux personnages sur qui se concentre l'introduction, mais après ça on assiste à des rencontres, des présentations succinctes tout au plus, sans que les scénaristes aient eu le besoin d'expliquer par exemple qui est Mystique.
Pour Scream 4, je me révoltais contre ceux qui débarquaient dans le cinéma sans avoir vu les trois premiers, déjà que je me fâchais un peu contre ceux à qui je conseillais de voir Halloween, Nightmare on elm street et Friday the 13th avant la trilogie et qui ne le faisaient pas. Pour X-men first class, c'est un peu différent, puisque ce n'est pas une suite où ce serait la faute du spectateur s'il ne sait pas qui sont les héros et du coup ne comprend pas pourquoi on devrait avoir peur pour eux justement parce qu'il ne s'y est pas attaché, mais il s'agit d'une préquelle, qui est tout de même censée installer quelque peu les bases. Est-ce la responsabilité des scénaristes ou non de nous présenter convenablement les personnages, ou doivent-ils considérer que ceux qui n'ont pas vu les autres films se sont placés en mauvaise position tous seuls ? La question demeure pour moi ; le problème ne m'a pas tant concerné, mais je me suis imaginé cette situation pour d'autres personnes.

La scène de pré-générique de début nous montre en parallèle des évènements pivots dans la vie des deux enfants qui vont devenir le professeur X et Magnéto, et après ça on découvre le côté incroyablement drôle de Xavier en tant que jeune adulte. Cela pourrait s'apparenter à une présentation, l'enjeu de ce X-men first class c'est tout de même, un peu comme La revanche des Siths, de savoir comment des personnes proches ont pu se séparer pour se retrouver dans deux camps antagonistes, ce qui nécessite de les connaître un minimum.
De ce côté là, il n'y a pas de problèmes, j'ai apprécié le développement des personnages, les thèmes abordés bien que l'histoire des deux amis qui deviennent adversaires n'est pas nouvelle, et la façon d'amener leur confrontation. Il n'est jamais évident dans une fiction de faire se mettre à dos deux partenaires, il faut toujours en venir à des raccourcis, mais dans ce film-ci tout se joue sur des questions que se posent les personnages et les arguments qu'ils exposent, qui se tiennent. Le dilemme proposé est poussif, mais par contre la façon dont elle oppose des personnages est plus intéressante, surtout que la confrontation entre humains et mutants donne à Magneto des raisons d'abandonner ses amis.

En effet, l'idée instaurée par Sebastian Shaw (joué par Kevin Bacon, que je ne m'attendais pas à voir), c'est de profiter de la guerre froide pour créer une troisième guerre mondiale afin que les mutants dominent le monde, ou ce genre de connerie habituelle, et dès lors il faut choisir entre être de ceux qui veulent anéantir les humains pour régner sur le monde, et ceux qui acceptent de cohabiter avec eux.
Je n'y avais pas pensé lors de la séance, mais après je me suis rappelé de ce qu'a dit James McAvoy dans une interview il y a quelques jours seulement : selon lui les anglais (comme le réalisateur, Matthew Vaughn, passé du côté US depuis Kick-ass) doivent "dumb down" leurs films, c'est à dire les rendre plus bêtes, pour que les américains comprennent. Du côté du scénario ce n'est peut être pas si mal, parce qu'en allant voir un film des X-men - et c'est sûrement un préjugé que je n'aurais pas du avoir - je ne m'attendais pas à ce qu'on nous parle d'un contexte politique, bien que finalement j'ai trouvé l'histoire trop simpliste ; un peu plus de mesure dans le "dumbing down" je vous prie !

Par contre en d'autres points c'est beaucoup trop poussé, et le film fait preuve d'une certaine lourdeur qui ne peut que me déplaire, encore qu'ici j'ai pas eu l'impression qu'on me prenait pour un con autant qu'avec Black swan.
Il y a tout de même ces éléments totalement inutiles, aussi peu fin qu'un coup de coude dans les côtes accompagné d'un "eh mec, t'as pigé ?" : Erik, tranquille dans sa chambre, qui à moment jette une pièce contre le portrait de Sebastian Shaw, histoire de faire comprendre qu'il est fâché contre lui si on ne l'avait pas compris quand il avait défoncé une pièce entière quelques scènes avant.
Ce qui est amusant et que les scénaristes n'ont pas raté, c'est de faire des petites allusions à ce qu'on sait qui arrivera dans le futur, sans que là c'est fait avec un manque totale de finesse : Charles Xavier qui fait deux fois allusion à la calvitie, comme s'il était obsédé par ses cheveux en fait ; c'est bon, on a compris, et la première allusion était déjà lourde !
Je parlais plus tôt de la nécessité d'utiliser des raccourcis, la complexité des rapports humains ne pouvant se résumer en 2h (ouah, le film durait 2h10, j'ai même pas vu le temps passer), mais ça m'a assez dérangé lors de l'histoire d'amour entre le Fauve et Mystique, qui ne tourne pas autour du pot, en disant direct qu'il est "parfait", et plus tard elle se retrouve dans le lit d'Erik, ...
Pour les cinéphiles, il y a tout ce passage qui accumule les références à Eisenstein, et rien que pour ça j'aimerais qu'on fasse un petit tour du côté du bureau des quatre scénaristes :

"-Eh pour la scène avec le navire là, on pourrait faire référence à ce film russe là, avec ce vaisseau de guerre avec des canons...
-Ah oui, celui qu'on a été forcé de voir car c'est un classique du ciné apparemment...
-Le cuirassé Potemkine.
-Ah oui c'est ça. On n'a qu'à filmer de la même façon.
-Je ne sais pas si on comprendra la référence.
-Bah tiens on a qu'à faire référence au nom du port dans le film, celui d'Odessa.
-Il y a quand même des gens qui risquent de croire que c'est juste un hasard.
-Eh au fait, comment on nomme le capitaine des Russes ?
-Ouhla, un nom russe, pas facile ça...
-Comment il s'appelait cet autre film là ?
-Alexandre Nevski !
-Ah oui, mais c'était pas le nom d'un vrai mec, une figure historique même ?
-Boah, c'est pas grave."

Bref, Alexandre Nevski à bord du cuirassé, je suppose qu'Ivan le terrible était malade et donc ne pouvait être présent aux commandes. Je remercie nos cours de ciné, grâce auxquels mes collègues et moi-même avons pu être les seuls à rire dans la salle à ce moment là. Mais tout de même, wtf ?! Pourquoi autant d'insistance ?
Ouais et puis bon, pour la salle de guerre, on ne fait pas plus original, puisqu'est juste repris le design de celle de Dr Folamour, comme ça avait déjà été fait dans Watchmen.
Encore moins fin, et carrément raciste cette fois : lorsque Shaw dit que les mutants vont être esclaves des humains, on a le reaction shot de qui ? Celui du seul personnage black ! Et devinez qui est le seul mutant à mourir, hein ?
Pour un film dont le thème est tout de même la tolérance et l'acceptation de la différence, aussi bien chez les autres que chez soit, j'ai trouvé ça incroyablement déplacé.
Par ailleurs le film est aussi sexiste. Pour les costumes je ne vais pas trop contester car Emma Frost était déjà en petit tenue dans le comic, quant à Mystique elle était déjà nue au cinéma, quoiqu'ici la fermeture éclair de son haut de costume affiche des intentions claires, mais même en dehors de ça on voit qu'Emma fait affaire en usant de ses charmes, elle doit apporter des glaçons à Shaw quand il le lui demande, et il y a cette phrase complètement mysogine à la fin : "la CIA n'est pas faite pour les femmes". Je ne vais pas nier avoir ri, mais je ne cautionne pas.

Bon, là je fais le pointilleux et le fanboy alors que j'ai jamais lu un comic X-men, mais je me souviens que Stan Lee avait dit qu'il voulait appeler sa création "The mutants", mais à l'époque personne ne savait ce que ça voulait dire, donc il a changé le titre en ce que nous connaissons aujourd'hui. C'était en 1963, année durant laquelle se déroule le film justement, alors comment se fait-il que les gens utilisent le terme "mutant" sans problème, hein ?
Je ferme cette parenthèse où j'exagère en m'inventant une raison de soit-disant me fâcher, alors que je ne vais pas réellement chipoter pour ça.
Par contre il y a une autre erreur, qui n'a aucun rapport avec celle-ci, que le film ne fait pas : Erik dit bien "le monstre de Frankenstein", faisant la distinction entre le professeur et sa créature, contrairement à trop de films qui tombent dans le panneau. C'est rien du tout mais ça m'a fait très plaisir.

Je me plains pas mal alors que j'ai bien aimé le film, pour ce que j'ai dit plus haut mais aussi pour ses scènes d'action monumentales.
C'est déjà intense dès le début, lors de la crise de colère d'Erik, et les moments impressionnants du genre ne manquent pas par la suite, grâce à un déploiement répété d'effets spéciaux qui mettent en image des situations démesurés. Malgré une certaine faiblesse du scénario, on peut toujours admirer les scènes d'action. A part quand Banshee vole, montrer à l'image les ondes de sa voix était vraiment une mauvaise idée.
Film grand public oblige, la violence est présente dans les combats mais toujours effacée d'une façon quelconque. En général quand quelqu'un se fait tuer violemment, il n'y a pas une goutte de sang, ou ça se passe trop loin pour qu'on le voie, ou alors ça se passe hors-champ, ou ça coupe pour passer à la scène suivante avant qu'on ne voie quoi que ce soit. A force de vouloir proposer des combats mais sans choquer les plus jeunes qui peuvent aller voir leur film de super-héros PG-13, le procédé pour dissimuler la brutalité graphique est trop visible, et ça en devient un peu frustrant.
C'est ainsi que le meurtre vers la fin est surprenant ; il y avait de quoi choquer ma voisine en tout cas.

X-men first class est un cas particulier, car dans l'ensemble j'ai aimé, pour les scènes d'action et le traitement des personnages, la bande-annonce qui dit "avant il s'appelait Charles/Erik" ne nous a pas menti en quelque sorte, en approfondissant l'aspect humain de ces protagonistes et d'autres encore, mais il y a tous ces petits détails négatifs cités plus haut qui m'ont gêné, me forçant à avouer que le film n'est pas si bon. Je comprends mieux les différences de qualité entre divers points de l'oeuvre en sachant qu'il y a eu 4 scénaristes.

PS : Comme on me l'a fait remarqué, pourquoi ce cliché final... Il y a cette sorte de règle dans les films de super-héros, qui fait qu'à la fin du film on doit nous rappeler son nom, d'une voix si possible grave et mystérieuse. Parfois on se contente d'un "Je suis...", d'autre fois il faut auparavant un long texte avec des airs de lyrisme qui explique les origines du nom.
Dans X-men first class on a droit aux deux cas : les G-men qui deviennent X-men, parce que c'est l'équipe du professeur X, vous comprenez ; et Erik qui conclut en disant qu'il ne faut plus l'appeler par son prénom mais plutôt... (attente ménagée pour donner de l'impact au nom qui suit) Magneto !
Non mais sans blagues. Et il n'y avait même pas de cameo de Stan "the man" Lee.
Wykydtron IV

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