Après une excellente - mais arrêtée plus sèchement qu'un 49.3- série Police Squad, le lieutenant Frank Drebin avait eu les honneurs d’un film plus sobre mais rigolo, puis d’un autre, et enfin celui-ci. Formant ainsi ce qu’on appelle dans le jargon des initiés cinéphiles une trilogie.
Cette critique étant tristement triste, elle a été saupoudrée de petits jeux, d’anecdotes et d’informations utiles pour vous aider à faire popo.
Les créateurs de la série, le célèbre trio ZAZ (les frères David et Jerry Zucker, et Jim Abrahams), généreux donateurs en comédies américaines, sont en retrait, même si David cosigne le scénario avec le fidèle complice Pat Proft et et Robert LoCash. A la réalisation c’est le jeunot Peter Segal qui signe son premier film, il se fera une spécialité du genre comique par la suite (Tommy Boy avec Chris Farley et Peter Spade, Amour et amnésie avec Adam Sandler et Drew Barrimore, etc.), pour un résultat tout à fait respectable, dans la lignée des précédents. Le génial Leslie Nielsen, la belle Priscilla Presley, le respectable George Kennedy sont de la partie, accompagné d’autres têtes nouvelles (le filou Fred Ward, la chaleureuse et dangereuse Anna Nicole Smith ou Kathleen Freeman en Ma Dalton).
Le saviez-vous ? Leslie Nielsen est né le même jour que le chef Paul Bocuse. Qui fait la meilleure soupe à la grimace ?
Troisième volet oblige, il s’offre même une conclusion satisfaisante, dans une série de films qui n’a jamais eu besoin de tout renouveler de films en films, conservant ses acteurs et son ton. Notre brave Frank Drebin se trouve ainsi à un carrefour de sa vie, car s’il est officiellement à la retraite ses amours avec sa femme Jane n’ont plus la même flamme qu’avant. Le film sera ainsi pour lui la possibilité d’affirmer qu’il n’est pas (encore) un vieux croûton.
Le saviez-vous ? L’orgasme du porc peut atteindre 30 minutes. Y a pas de mal à être cochon.
Le développement personnel de l’ex-lieutenant sera plus ou moins affiché, mais reste bien un des axes majeurs du film. La menace de ce troisième volet apparaît plutôt en retrait sur l’échelle de la dangerosité, une bande de trois crapules aux ambitions explosives. En utilisant une couverture Frank va ainsi se rapprocher du chef du groupe, Rocco Dillon, d’abord emprisonné avant que tous deux ne se fassent la malle. Ces trois voyous bien différents se révèlent d’ailleurs méchants mais sympathiques, même s’il n’est évidemment pas question de les laisser aller jusqu’au bout de leur but : faire exploser une lettre piégée pendant la cérémonie des Oscars.
Charade : Mon premier est un oui allemand, pour le second Is est dessus, mon troisième n’est pas à plusieurs, mon quatrième est un policier, mon cinquième est un cochon, mon sixième est une vieille série avec des lézards, mon septième suit le brossage de dents et mon dernier est le nom de famille du père d’Elijah. Mon tout est le titre d’un film. Attention, c’est dur.
Ya-Til-un-flic-pourceau-V-Au lit-Wood
L’ensemble est de bonne facture, sachant jouer des focales, pour une première partie sur le personnage de Drebin et ses personnages de couple, son rapprochement avec l’équipe de Rocco et son final rocambolesque pendant la cérémonie des Oscars. L’humour reste roi, mais peut utiliser de nouvelles variations, se rapprochant parfois des comédies sentimentales, policières ou autres, avant sa conclusion et son humour plus franc, presque dans la farce.
La citation du jour : “On peut rire de tout, mais pas pour rien.” par Pierre Dac, il paraît.
Même si quelques échanges verbaux sont encore de la partie, l’humour du film est d’ailleurs assez visuel, assez universel, avec quelques idées farfelues et bien trouvées. Son introduction rocambolesque, de plus en plus folle, en est un bon exemple, mais le film regorge de scènes assez drôles, à l’image du tunnel creusé pour s’évader ou de la coiffure de Jane. Une fois encore, le diable se niche dans les détails, et il faudra parfois être attention aux petits gags glissés ici et là dans les décors.
Blague : Qu’est ce qui est vert et qui nage au fonds de l’eau ? Un chou marin !
Hollywood devant être protégé (et qui de mieux qu’Hollywood pour sauver Hollywood), le film utilise ce prétexte pour s’amuser avec différentes références cinématographiques. Il n’est d’ailleurs pas obligatoire de connaître les films qui ont inspiré les gags, ce qui démontre le gage de qualité de cette comédie qui ne s’appuie pas que sur sa parodie. Quelques allusions passées de mode passeront hélas à la trappe de la compréhension, mais les plus motivés pourront aller sur IMDB dans les sections « Trivias » et « Crazy Credits » (le générique est une fois de plus à ne pas zapper) pour découvrir tout ce qu’ils ont manqué (et il y en a).
Mon générique : écriture, relecture, laissage de fautes : Simply Smackkk (mais appelez-moi Simply, on est pas dans les soirées de l’Ambassadeur ici)
Le spectateur aurait pu craindre un essoufflement de ce troisième volet, mais les thématiques renouvelées et le changement de réalisateur font du bien à la série. Le lieutenant Frank Drebin peut prendre sa retraite bien méritée, son couple apaisé, tandis que la série s’achève avec les honneurs. D’un point de vue cinéphile, si ce policier n’aura pas sauvé Hollywood, en dehors du scénario de ce troisième volet, il aura offert une trilogie de bonnes comédies qui continuent à faire rire les spectateurs.
Le saviez-vous ? Les girafes possèdent 7 vertèbres cervicales, comme nous.
Merci donc aux ZAZ, à Leslie Nielsen, à Pat Proft, à Peter Segal, et à tous ceux qui ont contribué à l’affaire.
Mes remerciements vont à tous ceux qui m’ont aidé à grandir, à tous ceux qui m’ont offert des œuvres culturelles qui m’ont porté, à tous ceux qui ne jettent pas leurs déchets dans la nature, et un peu aux autres.
Mais la série a connu un nouveau rebondissement en cet été 2025, avec un nouvel opus, Y’a t’il un flic pour sauver le monde (pour sauver l’humanité, Ophélie Winter s’en est déjà chargé). Celui-ci, réalisé par Akiva Schaffer, membre du groupe humoristique et musical The Lonely Island et en charge de comédies plutôt réussies de ces dernières années (dont le trop peu connu Pop Stars), avec Liam Neeson pour reprendre le flambeau, connaît même un sympathique petit succès critique. Une suite avec une réalisation un peu planplan, mais pleine de bons gags et bon sang, que ça fait plaisir une comédie un peu fofolle, avec pleine d’idées, et qui pourtant arrive à tenir son histoire.
Jeu de rôles :
Vous lisez cette critique en août 2025 : Allez le voir au cinoche tant qu’il est encore temps. C’est le genre de suites qu’il faut soutenir.
Vous lisez cette critique plus tard : Zieutez le sur l’écran qu’il vous plaira.