Ou un saboteur fielleux, un empêcheur zélé de tourner en rond, un grossier terroriste. Et j’en passe. Voici donc la cuvée 2023 de Dupieux.


Représentation d’une pièce de théâtre alimentaire dans un théâtre de boulevard parisien. Alors que ça ronronne autant sur scène que dans la salle, Yannick, prolo en sortie s’insurge contre le mauvais spectacle qu’il voit jusqu’à prendre tout le monde en otage.


On sait combien le cinéma de Dupieux est piégé alors qu’il aime remettre en question les acquis de l’art bourgeois. Ainsi, dans ce moyen métrage, c’est l’art populaire qui vole en éclat. L’art populaire, l’art et le peuple, le divertissement subventionné et la populace. Le fond du propos est dans ces deux notions en opposition constante, une opposition qui nourrit la médiation culturelle et de grands plans d’accès à la culture pour tous et d’éducation artistique et culturelle. Et derrière tout ça, il est bien question d’argent, celui que le public paie, parfois à son corps défendant, en échange d’un service et théoriquement pour son bien. Ainsi, notre Yannick, comme tout un chacun quand il croise une œuvre au rendu simple, se dit qu’il peut en faire autant et décide de monter sur scène et d’écrire une pièce qui sera ensuite jouée par les comédiens présents. Et bien sûr, c’est mauvais. Mais le public rit. Ha. Le public a donc des goûts de merde ? Oui mais c’est lui qui paie. Et quid du public captif, celui qu’on prend en otage ou l’élève de 4ème qui n’avait pas demandé à faire cette sortie scolaire au théâtre ? On le voit, les questions posées grattent un peu le vernis de la production artistique qui serait noble par principe. Et Dupieux dans tout ça ? A la manière de Rubber, il se moque de son propre film. Mais contrairement au pamphlet pneumatique cité plus haut, Yannick (le film) est fainéant. La mise en scène est plate et illustrative, du théâtre filmé en somme. Oui mais c’est Dupieux, donc c’est de l’art et pour un peu, ce manque d’effort pourrait être volontaire. Et cette simplicité, franchement … je pourrais faire la même chose... Vous le voyez le foutage de gueule ? Reste que les comédiens s’en sortent bien, en particulier Raphaël Quenard et que certaines tirades sont particulièrement bien senties. Mais au fond, si l’idée est géniale, le procédé ne fonctionne qu’à moitié. Une heure, c’est le temps que ça dure mais c’est déjà trop long.


En bref, Dupieux est toujours un homme de concept. Il aime trouver l’idée puis la faire produire. Hélas, comme régulièrement, c’est dans l’exécution que le bât blesse et il abandonne vite l’idée de faire bien. À voir donc comme un petit objet punk, fier de sa forfaiture, comme un malicieux selfie qu’on prendrait aux chiottes, assis sur le trône.


>>> La scène qu’on retiendra ? Rien de particulier. Après tout, tout ça n’est qu’une longue séquence.

Konika0
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le 4 mars 2024

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