A chaque fois que l'on est confronté à une oeuvre d'art, on peut légitimement se demander à quoi elle sert. A quoi donc peut bien servir Zero Dark Thirty?

A divertir?

Pas vraiment, ou si l'on parvient à trouver du divertissement là-dedans, il serait grand temps de consulter.

A informer?

Non plus car il n'y a rien dans ce long métrage de plus que ce que l'on a appris par les médias.

A dénoncer?

Non, on ne peut pas dire que le film soit anti-musulman, son problème majeur est bien ailleurs.

A choquer?

Peut-être, mais si c'est le cas, et vu l'extrême sérieux de l'objet on en doute, ce serait du plus mauvais goût, que le film atteint largement mais pas pour cette raison.

A justifier?

C'est très malheureusement de cela qu'il s'agit et là on justifie ou excuse l'injustifiable, l'inexcusable.

Au sortir de Zero Dark Thirty on se demande comment il est possible aujourd'hui de parvenir à un tel manque de dignité. La faute principale en revient au personnage incarné par Jessica Chastain. Elle joue Maya, une revancharde du 11 septembre 2001 qui s'est mis en tête de supprimer Ben Laden, mais se trouve freinée par sa hiérarchie. Elle est l'image classique du héros américain par excellence, une sorte de vilain petit canard qui se retrouve seul contre tous avant de triompher. Et ce n'est pas faux de parler de son rôle au masculin tellement il contient peu de féminité. Cela n'est pas nouveau: très souvent chez Bigelow, on a la désagréable impression que les personnages féminins pourraient être des mâles.

Maya pique des crises ridicules d'enfant gâtée, c'est une insupportable tête à claque, elle cherche toujours à vouloir dépasser ses collègues masculins, elle torture sans état d'âme et se permet le comble de l'obscénité en pleurant, une fois sa mission accomplie, après avoir vu la dépouille de son entêtement maladif. Comme si l'on devait la plaindre, la comprendre, la réconforter. Ce n'est pas parce que la torture a été utilisée dans ce conflit, et il y assez de témoignages pour ne pas le nier, qu'il faut la justifier dans un film aussi vain qu'inutile, si ce n'est pour faire l'apologie de l'impérialisme et propager l'adage pourtant si ringard: oeil pour oeil, dent pour dent. C'est se complaire dans la vengeance.
RemyD
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le 28 juin 2013

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RemyD

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