Après l’expérimental Violent Shit, le gros Schnaas s’est essayé au film de zombie pour continuer de se perfectionner dans les maquillages et effets spéciaux. Evidemment, avec une poignée de Deutsche mark on ne va pas bien loin, et ce Zombie 90 Extreme Pestilence est une pâle copie des films de George Romero et de Lucio Fulci, allant notamment jusqu’à reproduire une scène de L’Enfer des Zombie au plan près (l’invasion sur le pont) comme me l’a fait gentiment remarqué mon meilleur ami Powerslave7. Les intellectuels auront par exemple retenue que Georges Romero cherchait surtout à dresser le bilan de l'Amérique à chaque décennie, du consumérisme obsessionnel et dégénératif avec une bonne dose corrosive. Fulci de son côté se livrait à des apocalypses d’ordre plus mystique et ésotérique avec des visions digne de l’enfer de Dante, ce qui lui permettait de s’interrogeait également sur la vie après la mort comme on le verra d’ailleurs tout au long de sa filmographie (Frayeurs, l’Au-Delà, La Maison près du Cimetière). Schnaas qui bâille aux corneilles en cirant les bancs du fond n'aura surtout retenu que les scènes gores de Tom Savini qu’il tente de reproduire avec des baquets de viscères et d’abats dans des mannequins en latex et papier mâché.


Forcément, l’histoire est d’un minimalisme presque enfantin. Un avion militaire s’écrase dans la forêt, libérant une étrange substance verdâtre qui transforment les badauds en horde de zombie affamés qui se mettent à dévorer les vivants en utilisant toutes les armes qu’ils leur tombent sous la main (tronçonneuse, hache, feuille de boucher, machette…) mais deux scientifiques vont chercher à endiguer cette vague de mort-vivants avant qu’il ne soit trop tard. Le film peut d’ailleurs être redécouvert grâce à la collection Violent Shit de Synapse Films qui propose une version anglaise sous-titré. En tout cas, on sent que les doubleurs se sont lâchés et ne devaient pas être beaucoup payé d’où un jolie sabordage en règle. Il y a d’ailleurs un décalage entre le doublage et le moment où les acteurs se mettent à débiter leur répliques. Mieux encore, les voies ne collent pas du tout avec le physique des principaux acteurs. Imaginez-vous seulement deux blanc teutons parlés comme des afros américains, oscillant entre les tons graves et aigus, en jurant toutes les deux minutes comme des charretiers. Le délire est parfois poussé à son paroxysme quand l’un reproche à l’autre de saigner dans sa voiture après s’être fait bouffer par un zombie. Mieux encore sur la fin où le héros compare un zombie noir à Jimmy Hendrix en lui lâchant une anecdote sur son concert à Woodstock. Soulignons également le soin apporté au détail quand les personnages portent un masque à gaz où les voies deviennent complètement étouffées et donc parfaitement inaudible. Un parangon d’ânerie agrémentée de grognement caverneux et de bruits de bouche lors des banquets de chair humaine digne des pires bruitages que l’on entend parfois sur Xhamster, catégorie Blowjob pour les curieux.


Le film est parfois transgressif notamment ce massacre d’une éclopée décapité sur son fauteuil roulant, et de son bébé arraché en deux, même si cela est fait avec une telle dose de second degrés qu’il serai difficile de ne pas en rire. Il faut bien reconnaître que le scénario n’est qu’un prétexte à une série de meurtre aussi ignoble que grotesque, où le réalisateur cherche surtout à satisfaire sa fascination pour les démembrements bien moyenâgeux, sa soif insatiable pour les geyser de sang mais surtout son fantasme pour le sexe féminin qu’il filme sous toutes les coutures avant de l’ouvrir comme un poulet pour trifouiller dedans et chopper des viscères que ses interprètes font mine de mordiller. On sent bien qu’il s’agit d’un tournage amateur entre copains où le dure labeur était récompensé par des litres de bière et des pizzas. Faute de pouvoir se payer un chef-op, Schnass fait beaucoup de gros plan sur les chaires martyrisés et putréfiés. C’est filmé au caméscope et ça se voit, l’image est dégueulasse, parfois cadré n’importe comment tandis que le montage est taillé à la serpe notamment dans la séquence onirique faisant office de climax. Paradoxalement, en cherchant parfois à reproduire une mise en scène plus classique le film perd de l’intérêt, à l’inverse du premier Violent Shit qui palliait sa misère narrative et son manque de budget par une forte dose d’expérimentation visuels et sonores. En l’état, Zombie 90 Extreme Pestilence reste un petit nanar entre copains, un fan-film assez brouillon lui permettant d’expérimenter de nouveaux effets qu’il reproduira ensuite dans sa célèbre saga des Violent Shit avec plus d’inventivité et de désinvolture.

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le 23 févr. 2024

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