Une drôle de tyrolienne

En France, la situation du Tyrol du sud, qui appartient à l'Italie, alors que sa population est pour la grande part germanophone, est assez peu connue. C'est le premier mérite de Zweitland que de nous éclairer sur le sujet, tout en se concentrant sur le début des années 60, quand des attentats terroristes manifestèrent avec violence l'espoir de la population locale de davantage d'autonomie, voire un rattachement à l'Autriche. C'est l'aspect disons général du film de Michael Kofler qui possède aussi un côté plus intime et romanesque avec l'opposition entre deux frères, l'un dans l'action, l'autre dans l'indécision, avec auprès d'eux, dans la ferme familiale isolée, l'épouse et l'enfant du premier. Zweitland est un film âpre, fort en sentiments et en rage, avec des "occupants" italiens qui obéissent aux ordres parfois sans ménagement. Une drôle de tyrolienne que nous chante ce film qui a oublié d'être aimable, mais qui se rattrape sur l'intensité et la densité de son propos. Le portrait de femme qu'il propose, qui peut sembler secondaire, ne l'est pas du tout, marquant tout autant le symbole de la mesure et de la sagesse que le début d'une émancipation face à des hommes autoritaires et enclins à se fier d'abord à leurs instincts, sans se donner la possibilité du dialogue et de la compréhension des autres.