Analogue: A Hate Story
7.5
Analogue: A Hate Story

Jeu de Christine Love (2012PC)

Analogue: A Hate Story n'est pas vraiment un jeu vidéo. Ou tout du moins ce qu'on a de plus éloigné de ce qu'on appelle d'habitude jeu vidéo.
Un gameplay quasiment nul, du texte en anglais, énormément de texte en anglais, un design ultra épuré, aucune animation et très peu de sprite de personnage (qui sont au nombre incroyable de 2). Je ne pourrais même pas dire que c'est vraiment une histoire interactive, car la grosse partie du jeu s'avère être du déterrement de donnée nous racontant un petit morceau d'histoire qui bout à bout nous délivrerons tout la trame, et l’intérêt, du jeu.

Mais qui dit "découverte du passé" dit histoire à deux timeline: le présent et le passé. Commençons donc par le présent:
On est une sorte d'explorateur de l'espace (en fait on ne sait pas trop, car les seuls informations apportés au personnage qu'on joue, c'est nous qui les donnons via des choix), qui découvre un vaisseau abandonné et à la dérive, il doit extraire les informations de ce vaisseau, découvrir qui étaient ses occupants et pourquoi il est maintenant abandonné. Une IA fera alors son apparition, et vous aidera à débloquer des données, pour petit à petit vous faire découvrir l'histoire.
Au début, on obtient des fragments de messages, de personnages ou événement qui n'ont pas vraiment à voir les uns avec les autres, mais petit à petit les connections se feront pour nous narré une histoire à la manière Pulp Fiction.
On découvre ainsi le passé de différents points vus. Particulièrement par les yeux de "Princess Bride" qui est une jeune fille de 12 ans qui a été congelé des années plus tôt car elle a eu une maladie incurable, et que ses parents pensaient que les médecins du futur seraient la guérir. Malheureusement, il semblerait qu'au lieu d'évoluer, l'humanité a régressé, si bien que l'on tombe dans des situations comme si n'importe quelles femmes d’un pays occidentaux se trouvaient du jour au lendemain au moyen-âge. C'est à dire retour au mariage arrangé, à la femme-objet (là pour enfanter), et à la noblesse. Visiblement la médecine a aussi régressé, et la maladie de la Princess Bride et toujours incurable.
A partir de maintenant ça sera du spoil "moyen" (c'est à dire que je spoil que la première moitié du jeu, même si c'est un peu la plus intéressante car c'est là où l'histoire se forme).
On découvre donc après une ou deux heures de jeu, que finalement Princess Bride est devenue la deuxième femme de l'empereur mais surtout qu'elle est la même personne que l'IA qui nous aide depuis le début. Et c'est donc à partir de là que les deux timeline deviennent intéressante, car évidemment on pourra discuter avec Princess Bride de ce qu'elle a fait plus tôt, lui faire découvrir d'autre point de vue, et démarrer une romance assez quelconque.


Maintenant passons à la critique pure, et démarrons par ses défauts.

- Alors je ne sais pas si c’est dut à ma run, mais j’ai trouvé la deuxième IA *Mute (qu’on trouve au moment où l’on découvre que Princess Bride = Première IA), ne faisait absolument pas le poids avec la première. Et je ne suis pas sûr qu’on puisse réellement la préférer à Princess Bride lors du problème nucléaire (moment où l’on doit choisir si on veut garder Princess Bride ou *Mute, enfin on peut arriver à garder les deux mais je ne sais absolument pas comment).
- J’ai trouvé le dernier twist assez évident si on a bien suivit l’histoire et qu’on se pose quelques questions. Enfin même Princess Bride le dit.
- Bon j’ai fait le jeu d’une seule traite, du coup j’avoue qu’à la fin je commençais un peu à saturer des textes, surtout les inutiles (genre ceux qu’envoyait la première femme de l’empereur pour conseiller Princess Bride, doit y avoir 8 textes, et un seul est intéressant et c’est le premier qu’on connait).
- Je trouve le système de romance/amitié avec Princess Bride assez bateau. Déjà les choix sont binaires, et suffit d’être d’accord avec elle pour que tout se passe bien et qu’on ait les données qu’on veut. J’ai aussi un peu eu ce souci de prévisibilité des rapports humains dans les Walkings Deads de Telltale game, mais au moins on pouvait apporter un peu de nuance à ses réponses vu qu’il y avait trois choix. Pour la fin avec Princess Bride j’aurais bien aimé dire que je n’étais pas d’accord avec elle, même si je la comprenais. Ça me fait chier d’être soit totalement d’accord, soit totalement contre.
Et ce dernier défaut est pour moi le plus gros du jeu. Car si on creuse, on s’aperçoit qu’au final les choix ne sont pas amusant car ils ne surprennent pas et qu’on sait exactement ce qui va en découler. Et du coup, pour moi la dernière attache qu’on garde avec le jeu vidéo est un peu foirée. On maîtrise totalement le présent, et le passé ne peut être changé. Et vu que les dialogues du présent ne sont pas vraiment grandioses, il ne reste plus que l’histoire du passé qui vaut le détour. C’est-à-dire le genre de chose qui aurait pu être exposé dans un film, une série, un livre, une bd.

Mais passons aux qualités, car la note est tout de même très bonne, et que vu les défauts (assez handicapant tout de même), les qualités sont forcément au rendez-vous :
Déjà j’ai un tout petit peu mentit quand je disais que l’aspect du gameplay était quasiment nulle. A part lire et débloquer d’autres données, on a aussi une page de commande de contrôle où on peut faire tout un tas d’action à base de « power_control » « core8 » ou autre « pss list ». Le moment clé de ce gameplay étant quand on a plus que 20 minutes pour faire tout un tas de manip qui nous fait sentir l’espace d’un aspect comme un véritable hackeur, à taper des suites de commandes à toutes vitesses.
Deuxième petit mensonge, si les échanges avec les IA dans le présent n’ont pas un grand intérêt, elle apporte tout de même un regard en décalage avec l’histoire du passé vu qu’on voit ça avec plus de distance, et qu’on commente ce qui arrive avec Princess Bride IA. Ce deuxième palier de narration bien qu’exploité de manière partiel, est toujours un petit plus sympathique.
Et évidemment la grosse qualité du titre c’est son histoire. Car hormis son twist un peu trop vite désamorcé (mais qui reste quand même assez puissant), c’est vraiment du tout bon. Déjà l’un des principaux thèmes apportés dans le jeu est la place de la femme dans un système féodale, que ce soit dans la société, le couple, ou la famille. Alors on pourra dire que c’est un peu vain, car oui la plupart d’entre nous savons que au moyen âge, c’était pas mdr d’être une femme, mais à l’instar de 12 Years A Slave, c’est si bien écrit, et on a tellement tendance à oublier ces parties de notre Histoire, que ça surpasse le coté trop « évident ». Surtout qu’au contraire de 12YAS, on peut ici trouver quelques échos ou leçons pour notre époque moderne. Car la femme libre et indépendante est loin de faire consensus, dans la forme milité par Princess Bride en tout cas.
Mais pourquoi est-ce si bien écrit ? Pas forcément à cause des styles des phrases, mais plus par la grande diversité que ce simple thème revêt dans le jeu : Education, Mariage, Grossesse, Homosexualité, Liberté ou Rôle de la femme suintent dans la majeur des textes que ce soit directement/frontalement ou plus subtilement. Certaines lettres sont vraiment éprouvantes et prennent aux tripes comme la dernière lettre qu’envoie une femme sans enfant qui s’est éloigné de sa famille et qui répond à sa sœur qui en a eu deux (des enfants, pas des familles).
En fait la principale qualité de cette écriture, c’est d’arriver à nous montrer toutes l’ampleur de cette thématique dans un texte qui pourrait ne pas vraiment parler de ça. En fait, pas mal du récit m’a fait penser à du Game Of Thrones/Rois Maudits/Marco Polo. C’est surtout par le biais de Princess Bride, et de quelques lettres particulièrement virulente, qu’on s’aperçoit du problème. Et ça rend le jeu vraiment puissant. Un discours sur le féminisme aurait perdu la plupart des gens de son auditoire, que ce soit ceux qui sont complètement hermétique à ces idées (bon peut être pas complètement hermétique tout de même, si la place de la femme pendant le moyen âge vous manque, le jeu ne peut rien pour vous), où ceux qui connaissent déjà le discours et y adhère au moins partiellement. Mais là vu qu’il est diluer dans des tranches de vies, intrigue de cour, et autre mystère dût à la narration PulpFictionnesque, tout marche, rien ne fait trop, et le jeu nous passe son message sans nous noyer.

Bref, si Analogue : A Hate Story est perfectible sur plusieurs points, son histoire reste très forte et important à mes yeux. Et vu que le jeu a été fait par une Canadienne d’une vingtaine d’année, on excuse pas mal des défauts jeu vidéo, et on se rappelle que c’est quelqu’un qui visiblement à des choses intéressante à dire et de bien belles histoires à conter.

Créée

le 11 janv. 2015

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Houblon-Warrior

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