Once Upon a Time, the Dark Knight :
Tiens, encore un hit de 2009 ? Batman : Arkham Asylum est en effet sorti la même année que Uncharted 2 : Among Thieves, Borderlands, Assassin's Creed 2 notamment. Solide prétendant au titre GOTY 2009, B:AA fut développé par Rocksteady, pour le compte d'Eidos Interactive. Mais plutôt que de reprendre la trame de l'excellentissime film de Nolan sorti un an auparavant, le jeu raconte une histoire originale. Originale certes, mais peut-être en partie inspirée par le synopsis du comic Arkham Asylum, de Grant Morrison et Dave McKean. En effet, le jeu a la particularité de se dérouler dans un endroit clos, mais relativement vaste et ouvert, le tristement célèbre Asile d'Arkham.
En effet, la scène commence avec une mise en bouche magnifiquement orchestrée, la capture du meilleur ennemi (ou serait-ce pire ami ?) de Batman, je parle indubitablement du Joker, le Prince du Crime. Le ton est rapidement posé, avec un Joker délirant, insouciant - pour changer - et la première apparition de Killer Croc, à nous faire frémir de peur, ou bien d'extase. Je vous rassure, ce n'est pas la seule célébrité qu'accueille le complexe psychiatrique -qui a dit prison - et pas la plus dangereuse. L'histoire se révèle intéressante, sans toutefois entrer dans l'epicness, et a le mérite de vous faire rencontrer tous les comédiens du jeu. Je dis comédien, car il est difficile de ne pas faire le rapprochement entre Batman : Arkham Asylum et une pièce de théâtre. Mais ne vous y méprenez pas, cette pièce est sombre, poisseuse, malsaine. Elle me rappelle d'ailleurs Les Bonnes de Genet, non pas pour son contexte, mais pour le sentiment ambiant qui s'en dégage. Mais c'est tout à fait personnel. Le sentiment d'être les témoins d'une représentation théâtrale est de toute manière évidente, dès l'introduction suscitée, lors de l'évasion du Joker. Car effectivement, ce n'est pas vous qui avez capturé le Joker, mais le Joker qui vous a posé un guet-apens machiavélique d'ingéniosité. Vous voilà enfermé avec tous les criminels sociopathes que vous aviez vous-même envoyé là. Ah, c'est mal barré.
Mal barré, dites-vous ? Pas tant que ça. Après tout, nous incarnons Batman, le superbe Chevalier Noir. C'est là qu'entre en jeu le gameplay, hautement jouissif, des petits gars de Rocksteady. Bien plus skillé et progressif que l'on pourrait croire, il permet de venir à bout de grands nombres de malotrus, sans difficulté et avec style. Les combats free-flows font largement penser à une chorégraphie martiale très agréable à l'oeil. Et comme si cela ne suffisait pas, vous gagnerez de l'XP en fonction de vos performances lors des nombreux pugilats, afin d'augmenter votre vie, vos gadgets, et de vous affirmer en tant que Dark Knight. Très plaisant. Comme vous le savez sûrement, Batman refuse de tuer quiconque. Nous ne pouvons pas en dire autant de ses ennemis (joujoux ?) qui n'hésiteront pas à utiliser des armes à feu. Autant vous prévenir, Batman n'est pas Superman, et il affiche une résistance minme face aux balles. Logique. C'est alors qu'interviennent les phases dites d'infiltration. Sans tenter de se vouloir aussi exigeant que les ténors du genre, elle se révèle très jouissive. Quel pied de se dresser sur une gargouille, puis de s'y pendre à l'envers, tel Spidey, pour immobiliser l'infortuné/idiot (choisir le terme adéquat) qui passera en-dessous. Très, très plaisant. Sans en dire plus, Baman disposera d'autres jouets pour enrichir la subtile expérience de la discretion. Mais Batman étant avant tout le plus grand détective au monde, nous n'échapperons pas à d'étonnantes phases d'analyse de lieux, pour retrouver et suivre des traces invisibles au commun des mortels. Ca se laisse jouer.
La durée de vie du jeu est de surcroît remarquable. Car en dehors de la trame principale, il existe une sorte de collecte de trophées, couplée à d'étonnantes énigmes. Toi, fan de Batman, y verras sans doute la marque de Nigma, et tu auras raison. Mais pas seulement, car le jeu possède aussi une quête secondaire sur " L'esprit d'Arkham ", vraiment surprenante (encore que) et très bien trouvée, encore une fois. Mais, en dehors même du solo brut, les développeurs ont pensé à incorporer une série de défis assez ardus, sur le scoring pour les combats, et sur l'ingéniosité et la créativité pour les phases d'infiltration. J'aurai d'ailleurs une préférence pour ces dernières.
Je parlerai brièvement de l'aspect graphique, de la partie auditive et du gros point faible du jeu, le seul à vrai dire. Commençons par la technique, qui est tout à fait regardable, même assez réussie. Les décors sont fins, et les animations - notamment en combat, mais pas seulement - sont réussies. Mais c'est avant tout la direction artistique qui laisse pantois, tellement tout est fidèle à l'univers originel. Ca fait grandement plaisir. Les doublages, - mention spéciale au Joker - sont tous bons ou corrects, avec quelques grands noms (en VO avec Mark Hamill). Je n'aime pas finir par un point négatif, mais il faut reconnaître que les boss, si on peut les nommer ainsi pour la plupart, sont faiblards, et surtout recyclés, c'est vraiment regrettable. Mais ne boudons pas notre plaisir.
Ce qui force avant tout le respect, dans Batman : Arkham Asylum, c'est la façon avec laquelle ce jeu se présente comme une déclaration d'amour à l'oeuvre de Bob Kane. Ne trahissant jamais son univers, intelligent dans son gameplay, généreux dans sa durée de vie, le titre de Rocksteady s'impose comme un Must-Have, fan de la chauve-souris ou non
