La série des Souls (Bloodborne inclus) fait figure d’anomalie dans l’industrie actuelle du jeu vidéo. Les budgets de développement des triple A ayant pris de telles proportions aujourd’hui, il est devenu inconcevable de proposer des jeux qui ne soient pas accessibles au plus large public. Avec des prix conseillés oscillant entre 60 € et 70 €, le joueur lambda doit en avoir pour son argent et doit donc parvenir à terminer son jeu sans peine.


Difficulté ajustable en cours de partie, sauvegardes automatiques, barre de vie qui remonte automatiquement, assistances diverses, tout est mis en œuvre pour ne jamais contrarier le joueur le plus paresseux. Tel un dernier bastion de résistance, la série de From Software n’obéit à aucune de ces règles.


Les Souls ayant la réputation (à tort !) de proposer une difficulté abusivement élevée, on pourrait imaginer que Hidetaka Miyazaki et son équipe prennent un malin plaisir à malmener les joueurs. Or il suffit de s’impliquer réellement dans l’un de ces jeux pour s’apercevoir qu’il s’agit d’une vision totalement erronée et réductrice de la série.


Au contraire, Dark Souls III se révèle être véritable cadeau fait aux joueurs, un trésor aux multiples facettes qui ne demande qu’à être découvert.


Pour évacuer d’emblée le sujet de la difficulté, ce nouvel épisode se veut exigeant, mais jamais insurmontable.
La difficulté s’avère en réalité parfaitement calibrée. Face à une situation qui peut sembler insoluble et décourageante au premier abord, il existera toujours une astuce, un objet à utiliser ou une méthode particulière pour réussir à franchir l’obstacle. Car Dark Souls III ne se veut jamais punitif gratuitement.


La disposition de chaque ennemi, de chaque élément de décor a été minutieusement réfléchie. Clairement pensé pour les runners, le jeu permet quasiment toujours au joueur qui souhaite traverser une zone sans se soucier des ennemis d’y parvenir.


Ce troisième volet se veut même clairement plus abordable que ses prédécesseurs, en proposant une difficulté croissante, sans pour autant que le challenge perde de son intérêt. Le gameplay, directement hérité de celui de Bloodborne, se veut beaucoup plus fluide et confortable que celui de ses prédécesseurs. Extrêmement mobile, l’avatar du joueur obéit au doigt et à l’œil, facilitant ainsi les esquives et les mouvements de rotation autour des ennemis.


Tout comme dans Bloodborne, encore une fois, il est possible de retourner dans le hub depuis n’importe quel feu de camp. Le joueur y retrouve tous les PNJ rencontrés durant son aventure, mais surtout, il a accès à tous les marchands, ainsi qu’à la gardienne du feu qui échangera ses âmes contre des niveaux. La gestion de son personnage s’en trouve donc clairement facilitée, au contraire du premier Dark Souls par exemple (lequel obligeait le joueur à faire d’incessants allers-retours pour simplement rendre visite à un marchand ou retourner dans une zone déjà explorée).


De même, le joueur a tous les éléments à sa disposition pour progresser sans trop de peine dans son aventure. Il est notamment très souvent possible d’invoquer un PNJ (ou même un autre joueur en ligne) pour se faire aider lors des affrontements de boss.


Ces derniers se révèlent d’ailleurs souvent inventifs et très classe, n’obéissant ainsi donc pas toujours au même archétype connu de la série (boss immense obligeant le joueur à pivoter autour pour l’attaquer dans les pieds).


Le level design, toujours aussi génial, fourmille de points de repères qui permettent au joueur de ne jamais être perdu. La construction des niveaux s’avère même encore plus riche et plus folle que dans les volets précédents, proposant dans certaines zones un nombre ahurissant d’embranchements.


En se lançant dans l’aventure, le joueur s’approprie peu à peu les lieux. Du fait de l’absence de carte, le monde de Dark Souls III se construit progressivement dans la tête du joueur, à tel point que le jeu ne le quitte plus, même console éteinte. Il continue de le happer, de le hanter, tel un appel à découvrir ce que son univers ne lui a pas encore révélé.


De par l’impressionnante profondeur de champ et la multitude de détails, chaque panorama permet de découvrir les prochains lieux à explorer et également de mesurer le chemin parcouru en repérant les lieux déjà visités. Dark Souls III ne triche jamais. Tout ce qui est visible est explorable et on ne se heurte jamais à des murs invisibles.


Cohérents dans leur démarche de proposer une alternative au marché du triple A, les développeurs se sont amusés à dissimuler la zone la plus magnifique du jeu. Seuls les joueurs les plus acharnés et qui feront preuve d’un sens suffisamment affuté de l’observation finiront par la découvrir.


Il existe également de nombreuses quêtes annexes liées aux PNJ, dont sans doute la plupart des joueurs ne soupçonneront même pas l’existence. Elles nécessitent en effet un vrai travail de recherche et de curiosité. La satisfaction de découvrir ces quêtes cachées n’en est que plus grande.


On pourrait encore épiloguer longuement, comme sur le fort potentiel de rejouabilité du titre, sur sa capacité à permettre toutes sortes de builds, … Car Dark Souls III est un jeu immense, le final en apothéose d’une série qui aura marqué toute une génération de joueurs, une véritable boîte de Pandore du jeu vidéo, un joyau qui doit absolument être découvert.

Numan
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le 12 déc. 2016

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