Nombreux furent les possesseurs de Playstation 4 et Vita à tourner leur regard vers Exist Archive, jeu de rôle issu de la récente collaboration entre Tri-Ace et Spike Chunsoft. Difficile, en effet, de ne pas attirer l’attention sur soi lorsque l’on se présente comme l’héritier direct de Valkyrie Profile, véritable légende vivante et référence indétrônable du genre. Mais ce projet idyllique tient-il véritablement ses promesses ?


La mort n’est qu’une étape


Une météorite s’écrase dans le centre de Tokyo. Ceux qui étaient en paix quelques minutes auparavant pleurent désormais leurs amis retenus prisonniers quelques mètres plus bas. Grièvement blessés, Kanata et sa fiancée Ranze se retrouvent ensevelis sous les rochers où ils finissent par perdre la vie de manière tragique. « Mourir à tes côtés me dégoute » seront les cruels derniers mots de sa dulcinée. Ambiance. Pourtant, le jeune homme finit bel et bien par ouvrir de nouveau les yeux, ignorant tout de l’endroit où il se trouve désormais. Sa seule certitude étant d’avoir effectivement rendu son dernier souffle quelques heures auparavant. Serait-ce l’autre monde ? Peut-être sa compagne se trouve-t-elle également en ces lieux ? Dubitatif, il décide de s’aventurer dans cet endroit mystérieux composé de verdure et de cristaux, où il fera rapidement la connaissance de Mayura, une jeune fille parlant visiblement japonais mais qui a tout oublié des évènements précédant son arrivée. Tous deux décident d’unir leurs forces dans l’inconnu, afin de trouver réponse à leurs questions.


L’odeur de la réussite


Il faut le reconnaitre, les premières minutes sur Protorexa sont réellement palpitantes. En premier lieu, il est vrai, parce que le dernier né des studios Tri-Ace est très agréable à l’œil et bien qu’indignes de la machine, les graphismes n’en sont pas moins fort bien réalisés. Certes, d’aucuns ont remis en question l’aspect SD des personnages ne faisant aucunement honneur au travail de Mino Taro, mais il rappelleront à d’autres un temps où primait encore l’imagination. Ensuite, parce que la qualité d’écriture et les personnages qui donneront vie à cette aventure sont une franche réussite. L’efficacité des dialogues agrémentée de doublages d’une grande qualité immergera complétement le joueur dans une histoire des plus intéressantes. Enfin, la bande originale – signée Sakuraba – mettra le point d’orgue à cet excellent présage. Avec trois fins différentes et la présence d’un New Game +, vous aurez largement de quoi en profiter.


Le doux souvenir des donjons de Midgar


Le fond, on le sait, vaut indéniablement le détour. Reste à déterminer ce qu’il en est de la forme. D’entrée de jeu, vous déplacez un avatar sur une carte faisant office de HUB où une variété de niveaux sera accessible, remémorant davantage la plate-forme que le jeu de rôle traditionnel. Vous serez libre d’y remplir librement les diverses missions qui vous seront proposées ou, au contraire, de progresser dans le scénario. Et c’est à partir d’ici que les choses deviennent limpides. Sa réputation, le dernier né des studios Tri Ace ne l’aura pas usurpée car tout ou presque tend à remémorer les péripéties de Lenneth. Les tableaux à parcourir sont en effets eux-mêmes divisés en zones relativement restreintes et les déplacements se font suivant un scrolling horizontal. Tous ne vous livreront pas immédiatement leurs secrets et au fil du temps, différentes compétences se débloqueront pour vous permettre d’atteindre des lieux autrefois inaccessibles. On s’en doute, la complétion des cartes s’impose comme l’un des enjeux fondamentaux. Bien entendu, entre ces murs attendent nombre de créatures avec qui le moindre contact entrainera une rixe. Ces dernières, sans surprise de la part de leur géniteur, se veulent l’une des principales réjouissances de votre épopée.


L’inspiration de jadis au goût du jour


Les batailles sont partagées en deux temps avec, tout d’abord, une période offensive. Chaque personnage correspond à une touche précise entrainant une attaque. Vous êtes entièrement libre d’agir comme bon vous semble, sans perdre de vue que chaque pression consomme une partie de la jauge d’action dédiée à l’ensemble de l’équipe et ne se rechargeant que partiellement à chaque tour. La seconde partie, quant à elle, se veut défensive. Le principe est identique si ce n’est que les touches vous permettent cette fois de vous protéger et que les points consommés seront soustraits à votre recharge. Il sera donc imposé de faire un choix : jouer la carte de la sécurité avec obligation de limiter vos assauts ou, au contraire, prendre des risques afin de mieux vous acharner sur vos opposants. Tout ceci est extrêmement important car réaliser les bonnes actions, notamment en provoquant des combos aériens nécessitant beaucoup de mouvements, augmentera la possibilité d’obtenir des objets rares et de l’équipement. Là encore, l’aspect collection s’impose comme l’un des objectifs de votre aventure. Autant dire que la prise en main des batailles est d’une importance cruciale.


Un aspect stratégique vient s’ajouter à l’ensemble par le biais des classes. Plus que de simples manières de combattre, elles influencent directement le déroulement des évènements. L’exemple le plus parlant est l’un des bosses rencontrés en début de partie. Celui-ci se réfugie derrière des mines qui exploseront si vous les touchez. Il sera donc vital de faire appel à des attaquants à distance afin de vous frayer un chemin sans trop de dégâts. Des situations de ce genre, le jeu en regorge et il sera donc vital de faire preuve de réflexion. Ces classes, puisque nous en parlons, sont toutes basées sur l’arme utilisée : lames, magies, armes à feu, faux ou encore fouets seront autant de manière différentes d’aborder les combats et faire face aux multiples situations qui vous seront proposées. Beaucoup d’autres aspects viennent également faire la richesse de ce système, en témoignent la position de vos combattants sur le terrain ou les attaques spéciales façon « Nibelung Valesti » que je vous laisse le soin d’expérimenter.


La douche froide


Nous étions proche de la perfection. Mais le concept, aussi séduisant soit-il, ne parviendra cependant pas à dissimuler des lacunes évidentes. Cela, sans tenir compte de la multitude de bugs infestant le jeu avant publication d’un patch. Les environnements se ressemblent malheureusement tous et se révèlent très peu variés. Un véritable souci sachant que les missions le sont tout autant, entrainant inévitablement un sentiment de redondance très prononcé. Concrètement, on se retrouve à effectuer sans cesse les mêmes actions dans les mêmes endroits, face aux mêmes adversaires peu inspirés, ce qui est parfaitement déroutant. Ce périple, le joueur le ressent finalement tel un mythe de Sisyphe : le gameplay, malgré son excellence, deviendrait la charge à pousser inlassablement pour espérer entrevoir les phases scénarisées, seul répit envisageable. De fait, il sera grandement préférable de s’y prêter sur portable plutôt que sur console de salon, le jeu étant décidément plus adapté à de courtes sessions. En somme, un énorme potentiel gâché.


Verdict


Exist Archive est de manière générale un bon jeu, dont les sommets côtoient malheureusement un manque d’ambition évident sur le long terme. Il aurait pourtant été si simple de faire d’en faire un incontournable, car il est évident que celui-ci portait la marque des grands. Sans doute parviendra-t-il à séduire les amateurs de jeux de rôle par ses multiples qualités, à condition d’opter pour la version Vita, de préférence à petit prix.

-Wave-
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Parcours vidéoludique (2016)

Créée

le 22 févr. 2016

Critique lue 1.3K fois

5 j'aime

-Wave-

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

5

D'autres avis sur Exist Archive: The Other Side of the Sky

Du même critique

Fire Emblem Fates
-Wave-
10

Le sort fait les parents, le choix fait les amis

Celui qui a le choix a aussi le tourment Deux familles que tout oppose se livrent une guerre sans fin. D’un côté, le clan Hoshido représenté par Ryoma, un samourai respectant le code moral du...

le 31 oct. 2015

23 j'aime

10

Master of Reality
-Wave-
10

Critique de Master of Reality par -Wave-

Lorsqu'il est question d'aborder Black Sabbath, nombreuses sont les personnes à glorifier Paranoid. Ceux-là auront raison. Pour ma part, j'ai découvert le groupe britannique par l'intermédiaire de...

le 16 août 2012

18 j'aime