Il y a déjà quinze longues années ou presque, Dragon Quest VII atteignait enfin les rayons des revendeurs japonais après une attente interminable. Celui qui devint la meilleure vente de l'année rencontra cependant un accueil défavorable et de nombreuses réactions de mépris en dehors de son pays d'origine. En cause, une réalisation datée que ses qualités pourtant nombreuses ne sont pas parvenues à faire oublier. Une réalité qui contraste grandement avec la situation actuelle, puisque ce remake est aujourd'hui l'un des jeux les plus réclamés sur Nintendo 3DS par les joueurs occidentaux.



L'histoire sans fin



Le monde n’est au départ composé que d’une seule île, perdue dans un vaste océan. A force d’exploration, trois jeunes personnes, convaincue de ne pas être seules dans l'immensité, finissent par découvrir un sanctuaire renfermant différents tableaux qu’il est possible de compléter. Ces derniers ouvrent une porte vers le passé, où il sera question de résoudre une situation problématique pour que le lieu visité réapparaisse dans le présent. Votre mission vous apparaît donc comme limpide: partir à la recherche de l'ensemble des artefacts et redonner à l'univers son aspect d'antan. Une quête de longue haleine qui vous demandera la bagatelle de quatre-vingt heures en ligne droite, conférant à Eden no Senshi-tachi le statut d'épisode le plus long de la série. Cette durée de vie colossale, rarement atteinte, n'est toutefois pas sa seule qualité, bien au contraire.


Le ton est donné dès les premières minutes. Les graphismes, entièrement revus, sont somptueux et les personnages fourmillent de détails. Rapidement, on se retrouve à parcourir une vaste carte qui rappelle sans cesse l’expérience instaurée par le huitième opus. Même si elle est évidemment cloisonnée, l’impression de liberté est riche en intensité et se révèle également un excellent prétexte pour admirer le travail effectué sur les déplacements. Chaque personnage possède ses propres animations : Gabo, par exemple, s’agrippera fermement au loup qui le porte ou s’endormira sur son dos si vous restez immobile. En contrepartie, il n’est pas rare que certains éléments, en particulier les arbres, s’affichent en deux temps et que la caméra nous joue quelques tours, mais la prouesse demeure suffisamment impressionnante pour ne pas trop s’en soucier. Plus tard, on y affrontera des monstres, désormais visibles sur le terrain, ce qui annule le stress des rencontres aléatoires. Eux aussi, possèdent des mimiques propres et inédites, lorsqu’ils sont par exemple victimes d’un coup critique. Cela ne fait aucun doute, il s'agit de l'un des plus beaux jeux de la machine. Dernière surprise, la bande son est maintenant entièrement orchestrale, ce qui s'avère un véritable régal pour les oreilles.



Entre tradition et modernité



L’interface et le manque d'informations sont des reproches récurrents envers la série, connue pour son austérité. Que les fans se rassurent. Si les bruitages façon Famicom sont toujours présents, les apports des différents volets ont été retenus. L’équipement est directement visible sur les personnages et, même si le système est un peu moins pratique que DQIX, on gagne beaucoup en convivialité. L'accessibilité a elle aussi été repensée: dans la version originale, 3 à 5 heures étaient nécessaires avant de véritablement débuter l'aventure et se confronter à un premier adversaire, ce qui pouvait s'avérer décourageant. Désormais, le temple ne se présente plus comme un donjon et a été largement raccourci, de manière à faciliter l’immersion et améliorer le rythme. L’aide au joueur a de son côté été grandement améliorée en ce qui concerne les artefacts et vous disposez à présent d’un radar dont le scintillement se fera plus intense dès lors que l’une de ces pièces se trouvera aux alentours. Il est aussi possible de dialoguer avec vos personnages et de consulter un récapitulatif des évènements, accompagné de nombreux conseils pour progresser plus facilement. Une première, qui permettra au joueur de retrouver son chemin plus aisément sans pour autant le prendre par la main.


Au cœur du gameplay, un système de jobs aux multiples possibilités qui s’inspire du sixième épisode. Aucune contrainte d’équipement ou de perte de niveau : seules les statistiques changent de manière significatives. Les compétences, elles, se mémorisent ou disparaissent en fonction de vos choix, vous contraignant à quelques sacrifices. Mais pas de panique, les classes avancées sauront allégrement récompenser votre labeur. En effet, vous pouvez augmenter votre rang en réalisant un nombre donné de combats, à condition que votre adversaire soit de votre niveau. Une fois certaines classes maitrisées, il est possible de les combiner pour débloquer des compétences uniques ou des classes supérieures, qui reprennent le même principe pour accéder aux classes avancées. Au final, ce n’est pas moins de vingt métiers qui vous seront proposés dont 10 classes de base, sept intermédiaires et trois avancées. En parallèle, un second système de job fonctionnant de la même manière vous permet cette fois de prendre les traits des monstres pour une trentaines d'occupations différentes. Vous ne vous lassez toujours pas de cette épopée gigantesque ? Il reste toujours la possibilité de s’attarder sur le contenu annexe, très impressionnant lui aussi. Développer votre propre ville en recrutant du personnel à travers le monde, jouer au casino, récolter toutes les médailles, l’élevage de monstres ou encore parcourir les donjons bonus seront différentes activités parmi d’autres. Autant dire que vous avez du pain sur la planche et qu’il ne faudra pas compter y parvenir sans dépasser allégrement la barre symbolique de la centaine d’heures.
Maitriser toutes les arcanes sera un travail de longue haleine


Bien évidemment, la perfection n’existe pas et Dragon Quest VII possède lui aussi ses quelques imperfections. On pensera notamment à certains alliés qui se permettent de quitter nonchalamment votre équipe après avoir travaillé leurs talents pendant soixante heures. Dans le même ordre d’idées, la longévité du titre entraînera peut-être la lassitude des moins téméraires. En effet, l’aventure proposée date tout de même de quelques années et amène avec elle les mécaniques de l’époque, y compris leur lot d’allers retours, de sauvegardes dans les églises et de PNJ égarés sur une île à qui il est nécessaire de s’adresser pour faire évoluer l’histoire. Enfin, la barrière de la langue reste évidemment un obstacle qu’il est malgré tout possible de contourner avec un guide, d’autant que la version originale (disponible en anglais) est pratiquement similaire dans son déroulement. A cette condition, vous avez toutes les raisons de vouloir vous y essayer au prix de quelques efforts, ne serait-ce que pour découvrir un épisode phare de la série et l'un des meilleurs jeux de rôle de la portable.


Gardé jalousement sur sa terre d’origine, Dragon Quest VII est un jeu dont les passionnés de jeux de rôle auraient tord de se priver. Extrêmement long et emprunt d’une richesse insoupçonnée, en percer tous les secrets se veut un défi que seuls les plus persévérants pourront relever. Indiscutablement, l’un des meilleurs représentants du genre sur 3DS.

-Wave-
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le 26 janv. 2015

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