Un Royaume Renaissant

Sur mon site de critiques

Square Enix et les MMORPG, c'est une histoire compliquée.
Leur première monture, Final Fantasy XI, avait raté son lancement PS2 en 2001, pour finalement atterrir sur nos bon vieux "Personal Computer" en 2004. La raison ? Un marché de consoles loin d'être à maturité pour le online. Et puis vint, en 2005, la déferlante World of Warcraft; qui balaya impitoyablement tout concurrent qui ne se démarquait pas un maximum de lui. Autant dire que ce onzième épisode a mis du temps, beaucoup de temps, à se faire une place au soleil.
2010. La nouvelle génération de gaming HD est née, Square Enix dévoile sa nouvelle ambition (sans que les fans n'attendent grand-chose d'elle): Final Fantasy XIV. Et ce fut un échec cuisant: moins de 100 000 joueurs inscrits, un gameplay rébarbatif, des immenses zones vides, peu de dynamisme…
Autant la firme japonaise est devenue reine dans les RPG "grands crus", autant… elle a plusieurs fois rencontré l'échec en tentant de débarquer sur d'autres genres (autre exemple: le TPS "Dirge of Cerberus").
Mais ce serait mal connaître les développeurs nippons, de penser qu'ils jetteraient l'éponge, qu'ils abandonneraient leur création à jamais. Là où un MMO coréen random (disons un bon FreetoPlay / PaytoWin) aurait clôturé sans plus attendre, sans une once de persévérance, Square Enix a décidé de refaire tout son jeu. En repartant de zéro, trouvant une pirouette scénaristique amusante de "fin du monde", afin de forger un monde nouveau, un Royaume Renaissant…
Ainsi, c'est un univers plein de couleurs et graphiquement très riche qui s'offre à nous, joueurs néophytes ou habitués de la saga FF. Nous nous baladons tranquillement dans les terres d'Eorzia, lumineuses et variées, dans un MMORPG à première vue classique. Classique, quant au choix du personnage, sa race, sa classe, son affiliation etc etc (tous ces éléments étant, cela dit, très vastes dans leur contenu).
Et puis, après une introduction scénarisée, nous accomplissons nos première quêtes, trucidons nos premiers mobs et découvrons de nouvelles zones pleines de PNJ. C'est le premier avantage d'FFXIV : sa scénarisation est de grande qualité. Tout est fait pour briser la monotonie du farming, des quêtes "va zigouiller 10 sangliers et revient ensuite" ; de multiples évènements secondaires (comme les aléas), une ergonomie intelligente, des péripéties décisives toutes les tranches de niveau, un background impressionnant…
En clair, un effort considérable a été fait pour que le joueur se sente impliqué au sein de sa propre histoire, qu'il évolue dans un monde vivant, riche et crédible.

Certes, les connaisseurs de MMORPG ne seront pas dépaysés. Néanmoins, le jeu se distingue par sa nature PvE, au leveling détendu, presque casual. Un très bon compromis pour les joueurs nostalgiques des roleplay online, désireux d'aller casser ponctuellement un donjon, mais n'ayant pas 5heures quotidiennes à accorder au jeu.
En outre, A Realm Reborn fourmille de petites innovations sympathiques, que nous pouvons lister ci-dessous:
} Les Aléas: évènements aléatoires sur la carte qui enrichissent l'expérience de jeu
} Un large éventail de personnalisation par le biais des jobs
} Les "éthérites", cristaux qui permettent de se déplacer comme relais de téléportation
} L'hommage: l'interface, la police d'écriture, le "Gold Saucer" et même les bruitages sont tout droits issus des autres Final Fantasy. Un régal pour les fans
} Et que dire, justement, des musiques ? Ode savoureuse à tous les afficionados de la saga. Autrement, les mélodies sont si riches et variées que l'on croirait entendre du James Horner (paix à son âme).
} Les montures (dont cette mascotte Chocobo) peuvent servir d'alliés pendant les combats…
Et il y en aurait encore d'autres.

VERDICT
Level design: 4/5
Jouabilité: 4,5/5
Graphismes: 4,5/5
Musiques: 5/5

La persévérance paye toujours; Final Fantasy XIV en est un parfait exemple. Le jeu ne réinvente pas le genre, mais il perfectionne à 100% le projet qu'il s'était fixé. La firme japonaise a eu l'honnêteté d'admettre son échec, de se remettre en question et a été capable de recoder complètement son jeu. Entre les jeux AAA au format annuel, qui se moquent bien du désir d'innovation des joueurs, et les suites éternelles, combien de studios peuvent en dire autant ?
Aujourd'hui, 5 millions d'abonnés, et un jeu salué par l'ensemble de la presse vidéoludique. Square Enix a eu tellement de mal à s'installer dans le monde vorace des MMORPG, qu'on ne peut que féliciter cette réussite.

"Confronté à la roche, le ruisseau l'emporte toujours, non par la force mais par la persévérance."
Nicolas Boileau