Kingdom Come est un jeu qui dès les premières heures en fait fuir plus d'un : c'est un RPG, oui, mais ici, exit les dragons, les fées, la magie de tarlouze et autres artifices éculés qui ne surprennent plus, ici c'est le Moyen-Age, le vrai, celui où entre deux épidémies de peste les seigneurs locaux se faisaient des guerres sans merci à gros coup de trébuchet. Sauf que vous, vous n'êtes pas un de ces seigneurs. Vous êtes Henry, Hal pour les intimes, fils de forgeron et péon typique qui dans tout autre jeu aurait été relégué, au mieux, au rang d'ouvrier dans Age of Empire, et au pire au rôle de pauvre PNJ massacré par le camp d'orc local. Sauf que là, c'est votre héros, et il va sans dire que vos compétences seront donc adaptées à ce rôle de paysan, et le jeu vous le fait comprendre dès le tutoriel : toute tentative de combat est désespérée, les PNJs vous traitent comme le moins que rien que vous êtes, et c'est sous vos yeux impuissants que votre village se fera impitoyablement réduire en cendre par les hordes de Coumans de Sigismond, que votre famille se fera massacrée et que vous serez contraint à la fuite la plus lamentable du monde.


Ce n'est pas de volonté que vous manquez pourtant, ni de courage, car vous allez très vite retourner à votre village encore fumant pour enterrer vos parents sous le bel arbre du jardin ... Pour finalement vous faire encore une fois pitoyablement rosser par une bande de bandit, qui en prime vous rackette votre arme. Heureusement, vous êtes sauvé in extremis par un groupe de soldat et ramené inconscient en lieux sûr, et c'est sur des images de votre "héros" dans les vapes qui se fait traîner en charrette par une gueuse que le jeu commence réellement.


Cette assez longue introduction sert à donner le ton du jeu : Kingdom Come ne vous fera pas de cadeau, tous ce que vous voulez vous devrez le mérité dans la sueur, le sang et les larmes, le jeu n'hésitera pas à punir sévèrement votre audace démesurée et vous rappellera la triste réalité : vous jouez un fils de forgeron, un serf illettré qui rêve beaucoup d'aventure, mais demeure une proie pour le premier gredin mal intentionné, traité comme la dernière des merdes que vous êtes aux yeux de la noblesse. Ce jeu pourrait presque se classer dans la catégorie des simulateur de vie au Moyen-Age, le mode de difficulté au-dessus est par ailleurs recommandé pour une expérience totale.


Au final, la plus grande force de Kingdom Come à cette époque où les jeux ont tendance à s'uniformiser au maximum pour cibler le plus grand public possible, c'est qu'il se mérite. Il sait qu'il va diviser et il s'en fout. Il a sa vision, il impose son expérience aussi décalée soit-elle, et n'a pas peur de perdre des joueurs en chemin. Le système de combat est un parfait exemple de ce parti pris, aussi frustrant à maîtriser que jouissif quand vous arriverez, après de longues heures à vous prendre des épées en bois dans la mâchoire, vous défaire à vous seul d'un camp de Coumans qui vous faisaient si peur au début de votre aventure.


Alors dire que tout est parfait dans le meilleur des mondes avec ce jeu serait mentir. Oui, il y a des bugs parfois un peu chiants. Oui, niveau optimisation il aurait pu être meilleur. Oui, certains points du gameplay manquent de finition. Oui, le système de sauvegarde, même si dans le ton du jeu, vous donnera plus d'une fois envie de jeter votre clavier en travers de votre écran quand vous crèverez comme une merde dans les bois d'une mauvaise rencontre, vous faisant perdre une heure de jeu. Oui, le jeu se finit un peu en queue de poisson. Mais ce serait odieux de condamner KCD à cause de ces points négatifs, non seulement car aucun n'est réellement catastrophique, mais également car KCD est un jeu fait avec toutes les bonnes intentions du monde. C'est un jeu qui transpire la passion et l'envie de proposer quelque chose d'extraordinaire. Et pour ça, chapeau bas Warhorse, vous avez bien posé vos couilles sur cette table de lopettes qu'est le jeu vidéo de nos jours.

Legeno
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le 17 nov. 2019

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