C'est... c'est un super jeu en fait. Enfin, il est pas parfait, mais je dis ça parce qu'il est bourré de bonnes idées, et on en manque cruellement dans le jeu vidéo dernièrement.


Scénar... Euh concrètement on s'en branle je pense. Il fut un temps où je connaissais assez bien l'univers Tolkien (j'ai presque tout lu, et je suis parmi les chanceux qui ont lu LOTR avant les films, ce qui donne quand même une vision très différente de la chose je trouve), et je me débrouille encore assez bien, mais on a pas l'impression ici que ce soit autre chose qu'un cadre très vague et large. On est un ranger du Gondor, Talion, manifestement ça se passe avant LOTR (avec des personnages comme Gollum et Saroumane encore vivants), et on se fait massacrer, ainsi que notre famille, par la Main Noire de Sauron alors qu'on garde la Porte Noire du Mordor (pas le meilleur endroit pour pique-niquer avec sa famille diront certains). Du coup on se réveille avec un fantôme de la Force elfique qui nous possède et nous prête ses pouvoirs pour se venger, concrètement (on découvrira très vite que l'Elfe en question n'est pas Ben Kenobi mais Celebrimbor, le gros malin qui a forgé les anneaux pour Sauron), et pour comprendre ce qui a bien pu se passer (spoiler alert : on le sait pas vraiment et on s'en fout).


Du coup, on fait quoi ? Le jeu assume clairement son seul et unique but : poutrer de l'Uruk ad nauseam. Pour ce faire, on a trois grands systèmes (plus des trucs sur le côté mais ne chipotons pas) : le corps à corps (plagié honteusement sur la licence Arkham, mais avec quelques idées propres et un côté légèrement plus nerveux, même si on finit au moins aussi pété que Batman dès environ la première moitié de l'arbre de compétences, ce qui casse l'intérêt), l'arc fantôme (ouais, chai pas, faut accepter le principe) et l'infiltration (le système très générique qu'on trouve aujourd'hui dans tous les jeux depuis au moins Assassin's Creed, avec cependant le problème qu'on peut sprinter en mode infiltration, ce qui permet littéralement d'atteindre n'importe quel ennemi, même frontalement, avant qu'il puisse initier le mode combat et empêcher du coup l'exécution automatique). Jusqu'ici je suis assez critique. De fait, même si aucun de ces aspects n'est complètement raté (notons par exemple que les combats rameutent très vite des dizaines d'uruks, ce qui rend le début du jeu un peu plus corsé, ou encore pas mal d'éléments interactifs utiles pour le mode furtif, comme des tonneaux de grog qu'on peut soit empoisonner, soit faire exploser, divers autres éléments explosifs ou encore des genres de ruche à faire tomber pour faire fuir les uruks ainsi que des carcasses de viande qui permettent d'attirer des caragors sauvages - c'est des gros wargs teigneux, ces derniers étant eux-mêmes des gros chiens teigneux, voilà voilà), ils ressortent de ce game design générique qu'on bouffe dans les jeux AAA sans cesse depuis 10 ans...


Il y a cependant deux éléments originaux, l'un excellent, l'autre un peu moins mais marrant quand même, qui viennent relever le niveau : il y a tout d'abord le système Nemesis, qui est une visualisation de l'armée de Sauron et en particulier de ses chefs : il y a les Captains (au nombre de 15 par armée si je me souviens bien) et, au-dessus d'eux, les Warchiefs (5), encore plus balèzes. Tout ce petit monde est généré procéduralement de A à Z, de la voix au nom (scandé par les troupes, ce qui est parfois d'un très bel effet) en passant par l'apparence ou encore les capacités, faiblesses, peurs, caractère... Et le sel du jeu vient clairement de nos interactions avec eux. Ils montent en grade avec le temps, deviennent plus puissants, s'affrontent, participent à des événements exclusifs, se trahissent... Et lorsqu'on les affronte, il y a tout un panel de petits détails qui viennent enrichir l'expérience (ils vont balancer une catch phrase, parfois nous prendre par surprise - ce moment où tu vas péter la gueule à un Captain et qu'au milieu du combat t'en as deux-trois autres qui surgissent -, nous parler de notre dernière rencontre avec eux...), et parfois même, un Captain qu'on croyait mort ressurgit avec une cicatrice pour nous taunter, ce qui fait son petit effet la première fois que ça arrive. Tout ça est un immense générateur à histoires, qui personnalise beaucoup l'expérience de jeu. Un Captain ou supérieur vaincu laisse en outre tomber une rune pour améliorer une de nos trois armes (l'épée, l'arc et la dague), le niveau de celle-ci étant proportionnel au niveau de puissance de l'ennemi affronté (cela dit même si la course au loot c'est votre dada, on fait très vite le tour de cet aspect des choses tant on est surpété de base). Je mentionnerai aussi brièvement l'existence de missions "vendetta", qui permettent d'affronter un Captain associé au jeu d'un autre joueur qui s'est fait vaincre par celui-ci et qu'on peut donc venger. C'est marrant, bien que très vite répétitif, mais ça permet de tomber sur des défis intéressants (je me suis par exemple retrouvé, assez tôt dans le jeu, face à un Captain qui était invulnérable aux trois types d'attaques principaux, qui régénérait automatiquement sa vie, qui était super balèze face aux Caragors et qui n'avait donc pratiquement pas de faiblesse. C'est dans ce genre de combat que le système du jeu prend réellement son intérêt, puisque j'ai été contraint de capitaliser sur sa peur de brûler, j'ai réussi à l'attirer près d'un feu et le pousser dedans, ce qui m'a permis de l'attraper, le maitriser et le massacrer pendant 10 minutes avec une compétence fantômatique. Ouais, ça m'a fait marrer)


L'autre système un peu original, c'est le Branding (je suppose qu'ils ont parlé de marquage en français, enfin j'en sais rien), qui utilise les pouvoirs de Celebrimbor afin de détruire l'esprit de l'uruk et en faire notre marionnette. On peut faire ça indéfiniment, à condition de placer la compétence (mais en fin de partie on a tellement des pouvoirs ridicules de nouveau que c'est pas un problème : en combat, en exploitant le système de critique et les bonnes compétences, on peut placer deux brandings automatiques et pas vraiment arrêtables environ tous les deux coups). Il est très drôle dès lors de parcourir un Mordor qui vous appartient pratiquement entièrement, du plus petit soldat Uruk au Warchief niveau 20 que vous avez placé là.


Parce que oui, du coup vous pouvez combiner le Nemesis et le Branding : vous marquez un Captain, et vous lui ordonnez de devenir le garde du corps d'un Warchief, puis d'essayer de l'évincer. Vous vous pointez à ce moment, vous l'aidez à crever le Warchief, et vous avez votre propre Warchief, qui peut déclencher des attaques contre les autres, etc. Ca perd cependant très vite son intérêt une fois que tout, TOUT vous obéit. mais c'est marrant.


Je vais revenir très vite sur la Campagne, qui n'est réellement qu'un gros tuto pour le jeu, sans personnage réellement intéressant (c'est des gros stéréotypes de base : le nain sympa, la love interest, et euh ouais y a la meuf possédée. Le reste c'est littéralement des figurants qu'on voit une fois de temps en temps). Bah justement, c'est pas terrible, et on finit de toute façon très vite par être bien trop OP pour les missions. Il y a pas vraiment de boss final, juste la Sauron's Tower (un sorcier trèèèès très nul, qu'on doit concrètement juste backstabber quatre fois pendant qu'il arrose ses tulipes) et puis une QTE nulle contre la Main Noire de Sauron. Bref... bof.


Au bout du compte, j'ai pointé plein de défauts, mais c'est un jeu jouissif, vraiment. Dommage qu'il manque d'un mode histoire décent et qu'il soit pas mieux équilibré, ça réglerait la plupart des problèmes.

Antevre
7
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le 26 nov. 2018

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Antevre

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