Legend of Grimrock par Samish
Je ne suis pas un expert des Dungeon Crawler (en fait je n'ai fait qu'Etrian Odyssey qui rentre dans cette catégorie), et d'ailleurs j'étais persuadé, allez savoir pourquoi, que ce Legend of Grimrock était un point and click... quand j'ai constaté mon erreur j'ai hésité, mais je me suis dit que "pourquoi pas", j'allais l'explorer, leur donjon !
Crévindiou.
Première étape, la création de personnages. Je commence à me bidouiller une équipe, à triturer les statistiques... c'est plutôt bien fait, mais très vite je choisis l'équipe par défaut, pour plus de sécurité. D'ailleurs rétrospectivement, cette touche de personnalisation est un peu étrange, car sachant que le donjon n'est pas généré aléatoirement, il faut avoir une patience hors du commun pour vouloir le refaire. De plus l'aspect roleplay est limité.
Graphiquement, c'est plutôt beau. Les textures des murs rendent bien, les effets de lumière sont réussis... en même temps il n'y a pas grand chose d'autre à afficher. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les décors sont très très monotones, mais ils instaurent une ambiance claustrophobique vraiment prenante. Je dirais même que l'atmosphere est quasiment horrifique : j'ai sursauté plus d'une fois en rencontrant un ennemi complètement inattendu.
Cette ambiance est rehaussée par un sound design minimaliste mais idéal pour installer la paranoïa. On regrettera juste quelques choix douteux (les torches font des bruits de succion qui ressemblent à ceux de certains ennemis).
De plus le jeu est riche en moments de tension. Je pense notamment à mon arrivée dans le niveau 6 : la moitié de mon équipe s'est faite tuer lors d'une embuscade arachnéenne, mais je réussis à m'échapper et à refermer une grille derrière moi. S'ensuivit une longue errance, ou plutôt une fuite, à la recherche d'un cristal bleu. J'étais à fond dedans, pour le coup !
Le gameplay est minimaliste, très oldschool, mais on s'y habitue vite. Même les combats, très difficiles à prendre en main au début, deviennent une routine. On apprend à moins se mélanger les pinceaux entre clic gauche et clic droit.
Pourtant, même en voulant respecter les racines du genre, les développeurs auraient pu faire l'effort d'améliorer l'ergonomie de certaines actions. Ainsi, pour changer d'arme (au hasard si le voleur n'a plus de flèche) ou pour préparer de nouvelles potions de soin en plein combat, c'est la croix et la bannière. La rigueur du système est parfois agaçante, mais on apprend à composer avec. On va même en abuser, en coinçant par exemple des ennemis derrière des grilles que l'on ouvre que le temps de coller quelques gnons à l'adversaire.
Disons que le jeu ressuscite efficacement le genre dungeon crawler, mais il aurait pu aller plus loin en le mettant véritablement au goût du jour.
Le système de magie, si critiqué, m'a plu, mais il est vrai que cela ne pousse pas forcément le joueur à l'expérimentation. Je me suis contenté des deux mêmes sorts d'attaque pendant tout le jeu (dont le Feu de base).
La carte automatique est vraiment pratique et l'exploration, grisante. On prend un grand plaisir à compléter les cartes et à boucler des étages. Les ennemis sont nombreux et retors, il faut toujours être attentif. Quant aux énigmes, elles sont souvent simples, austères, mais relativement plaisantes. Certains passages secrets sont vraiment difficiles à identifier cela dit, et un petit coup d'oeil à une soluce peut aider considérablement.
Il y a également sept "secrets" éparpillés dans le donjon ; sauf que bon, ils ne servent à rien sinon à prendre de la place dans votre inventaire.
Le synopsis du jeu est intéressant (c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes), et le mystère s'épaissit au fur et à mesure de la progression. La fin du jeu, par contre, est plutôt anticlimactique (pardonnez l'anglicisme) : le boss de fin n'est pas très crédible dans son rôle, même s'il reste intéressant à combattre. On le dit invincible, et il ne faut pas longtemps pour comprendre qu'en fait il est aussi vincible que vous et moi. Curieusement, j'aurais presque préféré qu'il ne soit pas là et qu'au dernier étage il y ait une sortie du donjon toute simple.
Au final le jeu dure presque quinze heure, et c'est largement suffisant car la lassitude pointe vite le bout de son nez. On persévère car on se dit que ce serait bête d'être descendu aussi bas pour rien, mais honnêtement j'ai envisagé plusieurs fois d'arrêter.
Bref, ce que fait Legend of Grimrock (un hommage aux Dungeon Crawlers originels), il le fait bien, mais il importe en même temps tous les défauts inhérents au genre, à savoir une très grande répétitivité et des décors trop austères. Peut-être que le 2 corrige ces défauts, mais de mon côté je ne suis pas sûr de retenter l'aventure : comme Etrian Odyssey en son temps, j'ai bien aimé, mais je ne me vois pas m'y replonger.