Mettre 7 à ce Spiderman me fait vraiment mal… Pire, si je devais refaire un jeu cette année, je le recommencerais probablement avec plus d’envie que ce God of War à qui j’ai pourtant mis 9. J’ai adoré jouer à ce titre ; le mot est faible je l’ai même trouvé souvent excellent et l’envie furieuse d’y retourner m’a tenu en haleine pendant une trentaine d’heures d’aventures. Et pourtant 7. Je l’écris à chaque critique, je ne suis qu’un vieux grincheux. Ceci dit, à vous qui me faites l’honneur de me lire je tiens à exposer ma défense bâtie sur l’argument suivant, durant tout le jeu, j’ai eu l’impression d’en être réduit à ce pauvre chien de Pavlov.


J’ai voulu voir New York et j’ai vu ses pigeons. J’ai voulu tomber des plus hauts immeubles et j’ai ramassé des sacs à dos, j’ai voulu affronter une brochette de super vilains plus corrompus encore que des Youtubers/streamers/journalistes JV et j’ai revu mes pigeons. J’ai ensuite voulu m’astreindre à vivre jusqu’à sa fin la plus absolue mon aventure épique de super araignée et j’ai dû amasser les médailles en sauvant des poissons dans les eaux polluées. C’est là que je me suis senti idiot. Mais un idiot conscient de sa bêtise, voyez-vous… Fâché de sa faiblesse et consterné par l’inexistence de son esprit de révolte. NON, je ne veux pas ramasser les sacs à dos (55), ni voler après les pigeons (10), ni faire des photos secrètes (50) et d’autres de monuments (20), ni même libérer des bases des bandits, puis des détenus, ni des démons, ni des hommes de Fisk, ni des forces de SABLE (un instant, j’éponge mes larmes), ni ENCORE, libérer l’ensemble des quartiers de crimes des hommes de Fisk, puis des démons, puis des détenus, puis des hommes de SABLE ; ni ENFIN passer dans nuages de pollution (3 fois 8 foutus nuages !!!!), ni sauver des poissons, ni libérer 10 New Yorkais des coffres de voitures dans lesquels on les a enfermés, ni monter au sommet de tour pour voir les activités annexes d’une carte (RHAAAAAAAAAAA !!!!!!!)…
Pourquoi avoir fait ça, me direz-vous ? Pourquoi, sombre crétin plus proche du bigorneau quasi mort (là, par contre, je ne vous permets pas) n’as-tu pas simplement vécu ton aventure de super héros pourfendant le vilain et finissant dans le lit de MJ ? Parce que je devais m’acheter mes costumes et débloquer mes gadgets et que, excusez du peu, la collecte en est la condition… J’ai vécu ce Spiderman comme l’enfant à qui on promet sa récompense s’il travaille bien à l’école ou s’il réalise quelque tâche ingrate. J’ai traversé le jeu en m’interrogeant sur la notion de plaisir/déplaisir dans le JV moderne, chaque frustration, chaque action stupide à répéter étant ici synonyme d’un plaisir total pendant l’histoire principale. Oui, ce foutu jeu à probablement le meilleur scénario de films de super héros depuis pas mal d’années, se permettant même de ridiculiser pas mal de bouses sorties dans nos salles obscures (et sombres… Comme Spidey, je fais référence aux Inconnus). Ce jeu est une leçon de mise en scène et de gestion du rythme de la narration, le gameplay est plaisant et même si j’en ai plein le dos qu’on me fasse passer des niveaux pour remplir des arbres de compétences qui me donneront accès à tout comme tout le monde à la fin, dieu que c’est bon à jouer ! La VF est remarquable, la BO : magistrale, le jeu magnifique! et s’il n’en avait été qu’ainsi je lui aurais collé son bon gros 9, GOTY !


Malheureusement, le mal du collectible est ici trop présent. On se force à réaliser tout ce qu’il y a à faire avant de passer à notre récompense sous forme de losange jaune, synonyme de mission principale. Spiderman, c’est un peu la liste des courses qu’on complète avant de rentrer et de s’accorder un instant de détente. Autant le dire, j’en ai marre de ce remplissage stupide et avilissant ; de cette illusion de durée de vie, je n’en ai rien à foutre que mon jeu dure 10 heures, si les 10 heures ont été intenses et m’ont permis de m’amuser ! Je ne demande pas aux JV d’être une copie de la vie où l’effort est récompensé, je lui demande de me distraire. D’où est venu ce mal ? Qui cela amuse-t-il de ramasser, nettoyer, balayer ? Pourquoi faut-il toujours ternir la fulgurance par la lassitude…


Foncez sur cet Amazing Spiderman, soyez en conclusion moins idiots que moi, traversez-le muni de votre simple tenue d’homme araignée (presque) de base et vivez son incroyable histoire, découvrez son gameplay grisant (se déplacer dans ce jeu est un régal), dégommez ses vilains incroyables, expérimentez son système de combat qui, NON, n’est pas Batman (ici, on est plus dans l’affrontement rapide que dans l’esquive attentiste) et surtout laissez crever ces satanés pigeons !

jeds
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le 30 sept. 2018

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jeds

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