On fait la paix ou je t'atomise ?

Je suis assez partagé sur ce Peace Walker.

Tout d'abord contre toutes attentes, on a selon moi l'un des Metal Gear Solid les plus agréables à jouer jusque là. Les contrôles "à la FPS" (gâchette gauche pour viser, droite pour tirer) fonctionnent très bien, et la caméra est très facile à manipuler. Les CQC n'ont jamais été aussi simples à effectuer. On ne peut plus ramper mais on peut courir accroupi donc cela compense. On a à notre disposition une grande variété d'armes et la gestion de la base est plutôt une bonne idée dans l'ensemble.
J'ai également apprécié le découpage du jeu en petites missions courtes et intenses. Cela permet un level design plus "arcade" : chaque zone est comme un petit puzzle à résoudre pour progresser. Cela peut paraître bizarre, mais pour une fois, j'ai vraiment eu l'impression de jouer à un jeu d'infiltration.

Graphiquement le jeu est très beau et on a du mal à croire qu'il s’agissait d'un jeu PSP à la base. Quelques ralentissements et quelques "laideurs" sont visibles de ci de là (la plage fluorescente pendant l'ouverture...) mais globalement le passage à la HD et aux 60 fps est plus que réussi.
Le son est impeccable lui aussi, même si la voix de David Hayter sonne encore plus forcée que d'habitude. Il est temps pour Sutherland de prendre le relais !
Sur le papier, Peace Waker ne démérite donc pas du tout à côté de ses camarades numérotés.

On regrettera cependant certains choix de design gênants.

Tout d'abord le jeu ne se met plus en pause quand on change d'arme ou d'objet, une fonctionnalité qui remonte pourtant à Metal Gear 1 sur MSX. Cela force à rester immobile comme un gland quand on fouille dans son inventaire, et pendant les combats de boss on se prend plus d'une claque à cause de ça.

D'ailleurs ces boss laissent un goût étrange en bouche. Or ils sont nombreux. Certes ils sont colossaux et plutôt classes (cela change des escadrons de freaks auxquels on est habitués) mais en solo ce sont de véritables éponges à PV pas franchement très intéressants à combattre. Il m'a fallu abandonner le boss final une première fois parce que j'avais utilisé absolument toutes mes munitions sur lui, en vain ! Parfois ils sont même accompagnés de dizaines de troufions qu'il faudra gérer en même temps ! Tout cela rend les combats très difficiles, et oserais-je dire : artificiellement difficiles. En coop c'aurait peut-être été plus simple, mais MGS étant traditionnellement un jeu solo là n'est pas la question.

Autre chose d'idiot : qui veut voir la "véritable fin" du jeu doit finir d'assembler un Metal Gear. Hélas les pièces qui le composent sont lootées aléatoirement sur les boss, obligeant le joueur à les farmer de nombreuses fois. J'ai ainsi vaincu trois fois de suite le Cocoon, pour essayer de récupérer une pièce bien spécifique, mais rien à faire ! Son Blindage ne venait pas. Comme le grind abusif n'est vraiment pas mon truc, j'ai donc laissé tomber pour aller voir les cinématiques sur Youtube.

Mais là où le jeu a le plus coincé pour moi, c'est sur son histoire. C'est-à-dire qu'elle est globalement intéressante mais... sur la fin elle part un peu trop en cacahouète (la "vraie fin"). Le scénario progresse trèèèès doucement jusque là (ça va, on a compris le principe de la "dissuasion nucléaire" nom d'un chien), mais tout s'emballe d'un coup. Les doubles, triples agents se révèlent tous à la suite, et contrairement aux anciens MGS, ça n'est pas clair du tout, et on y croit moyennement. On n'a pas parlé des Patriotes pendant tout le jeu, et en quelques minutes on essaie de les insérer dans le scénario à la truelle, et ça se voit. La narration de la fin du jeu est, je trouve, ratée.
Spoiler :

Surtout que Peace Walker, qui est censé être le chainon manquant entre MGS3 et Metal Gear 2 : Solid Snake, apporte avec lui son lot d'incohérences. Il ne donne pas la sensation d'être la pièce de puzzle qui s'insère parfaitement entre les deux.
Le plus gros souci étant : "comment expliquer que Big Boss devienne le patron de Foxhound quelques années plus tard et est chargé de mener l'attaque sur Outer Heaven qu'il a lui-même fondé ?". Le jeu est canonique, donc les fans n'ont pas eu d'autres choix que de fabriquer des explications pour combler les trous, et ils ont plus ou moins réussi, mais vous conviendrez qu'il est dommage que le "chainon manquant" laisse autant de trous après son passage qu'avant.

Bref, un scénario pas très satisfaisant quoi. On est content de suivre d'autres aventures de Big Boss, mais il ne faut pas en attendre trop sinon on est déçu. Ceci explique la réputation d'épisode "pas nécessaire" que se coltine le jeu.

Au final c'est ce qui résume le mieux Peace Walker. Il s'agit d'un bon petit Metal Gear Solid, l'ambiance est clairement là, et son format "arcade" le rend très digeste, cependant si on creuse un peu : difficile de le mettre au même niveau que les jeux de la saga principale.