Overcooked
7.4
Overcooked

Jeu de Ghost Town Games Ltd. et Team17 (2016PC)

Temps de jeu : 10 heures
Reçu dans le Humble Monthly Bundle d'Août 2017
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#18]

Oui, il aura fallu un peu de temps avant qu’on ne goûte au titre mijoté avec amour par les petits gars de Ghost Town Games. Disponible depuis le 27 juillet 2017 sur le Nintendo eShop, le jeu édité par Team17 débarque dans une édition spéciale, laquelle comprend tous les DLC payants sur les autres plates-formes. Trouvable également en format physique (pour le double du prix), ce soft coopératif entend réunir jusqu’à quatre joueurs autour d’un même écran pour une explosion de saveurs (et de pleurs), puisqu’il leur faudra cuisiner pour sauver leurs contrées. Chaotique et frénétique à souhait, le titre a-t-il conservé sa forte teneur en fun, ou est-elle retombée comme un soufflé ? Vous saurez tout – ou presque – à travers ce test pimenté.

Cauchemar en cuisine

Le Royaume Oignon (qui n’est pas frontalier au Royaume Champignon) est sous la menace d’une bête affamée dont l’appétit semble sans fin. Répondant à son devoir de souverain, sa Majesté rassemble l’élite de la cuisine locale. Quatre chefs expérimentés, prêts à braver le danger, avec pour seules armes leur couteau, leur toque et leur dosage parcimonieux. Pourtant, rien ne semble venir à bout du monstre glouton, en témoigne le niveau introductif d’Overcooked: Special Edition. Tout en apprenant à se mouvoir et à effectuer quelques actions (comme hacher des tomates, puis les faire cuire en soupe), l’ennemi – semblable à une boulette de viande titanesque – avale les plats sans jamais faiblir. Le roi s’en est bien rendu compte et, dans un dernier geste désespéré, parvient à remonter le temps. Son objectif ? Faire trimer sa fine équipe à travers un voyage initiatique, en vue d’affronter de nouveau le Mal. Avec sa mise en scène soignée et la musique Tempestus de Paul Mottram (épique à souhait), Overcooked : Special Edition cuisine son entrée d’une manière pour le moins inattendue.

Toutefois, l’aventure et le cœur du jeu ne prennent réellement forme que lorsque la très plaisante introduction se retire. S’ouvre alors aux joueurs une carte du Royaume en trois dimensions, sur laquelle il est possible de diriger librement un mini-bus. Tous les niveaux demandent un certain nombre d’étoiles pour être débloqués, lesquelles se récupèrent en atteignant un score suffisant dans chacune des missions. Au nombre de trois maximum, il faudra suer et travailler de concert avec ses camarades pour venir à bout de chaque stage. Non pas que le jeu soit difficile, mais bien parce qu’il s’agit d’une question d’organisation, tant la panique peut vite prendre le dessus sur l’entente de l’équipe. À ce sujet, il faut savoir qu’Overcooked: Special Edition est jouable en solo ; il suffit de presser une des gâchettes pour passer d’un personnage à l’autre, le joueur en contrôlant deux. S’il faut souligner la volonté du studio de proposer une expérience coopérative locale, il est toutefois dommage de ne pas pouvoir en profiter également en ligne, avec des amis ou même des inconnus.

La recette du succès

Car oui, le plat est bel et bien pensé pour être dégusté de deux à quatre gourmets, tant il demande une vraie communication entre chacun de ses invités, donnant lieu à un mélange de rires, de larmes et d’insultes. Mieux encore, s’il requiert une coordination quasi militaire pour vaincre sans peine les objectifs qu’il impose, Overcooked : Special Edition parvient tout de même à toucher le plus grand nombre. Non seulement parce que le titre est visuellement charmant, mais aussi et surtout parce qu’il épargne ses cuistots de contrôles complexes. Ici, il faudra seulement user de trois ou quatre boutons au grand maximum ; un pour prendre et poser un aliment, un autre pour couper, nettoyer ou verser, et enfin un pour effectuer une accélération, en plus du traditionnel stick pour se déplacer. Le but est instantanément compréhensible et le fun immédiat, qu’on soit expert ou grand néophyte dans le jeu vidéo. Une philosophie et un game-design qui ne sont pas sans rappeler ceux du petit artisan.

Après avoir choisi son niveau et son personnage, la troupe de chefs étoilés devra réaliser et servir le plus de mets possible. En effet, plus un plat met de temps à rejoindre la salle, moins il rapportera de points à l’équipe ; pour rappel, le nombre de points débloque une, deux ou trois étoiles, suivant les paliers franchis. De nouvelles commandes s’ajoutent régulièrement et il faudra alors bien gérer le suivi tout en prenant de l’avance sur les futures productions, sans oublier de faire la plonge ou d’éteindre le feu suite à l’oubli d’une cuisson. C’est là toute la principale difficulté du titre. Overcooked : Special Edition ne s’arrête cependant pas là, puisque le soft ne cesse d’y ajouter des contraintes uniques à chaque niveau. En ville, il faudra lutter contre des souris voleuses d’aliments ou se mouvoir d’un bout à l’autre de la cuisine (que la foule piétonne traverse sans pression). Sur une calotte glaciaire, il sera plus facile de glisser et de se retrouver le nez dans l’eau. À contrario, dans un manoir hanté, les tables, les réserves d’aliments et même les ustensiles se déplaceront un peu partout, quand ce n’est pas la lumière qui fait des siennes.

Un dîner presque parfait

Cette variété de lieux et de spécificités est une force majeure du titre. Les joueurs ne cessent de s’étonner à chaque nouvel élément de gameplay, tout comme à chaque nouvelle recette dévoilée. Tantôt il sera possible de mijoter une soupe, laquelle ne demandera que trois tomates au préalablement hachées, tantôt il faudra préparer une pizza bien garnie. Vu que chaque commande est générée aléatoirement, certains niveaux possèdent une difficulté variable ; une fois il enchaînera des plats longs et complexes, d’autres il préférera cumuler les mets rapides et faciles à préparer. Toutefois, s’il y avait un reproche majeur à faire au titre, ce serait bien plus dans sa maniabilité. Brillant d’ergonomie dans son choix des boutons pour les actions, Overcooked : Special Edition frustre parfois plus qu’il n’amuse, la faute à des contrôles imprécis. Poser un aliment sur le bon morceau du plan de travail se révèle irritant, tant le positionnement du personnage est important. Et perdre quelques secondes pour une broutille dans un jeu liant scoring et pression à une course contre la montre, ça laisse parfois salé.

Overcooked : Special Edition possède entre autres un mode duel, dans lequel deux à quatre joueurs s’opposent en équipes pour départager le meilleur chef cuisinier du salon. Un mode très agréable et parfait pour régler quelques comptes, tout en proposant une durée de vie potentiellement infinie au titre. À contrario, si vous préférez l’amour à la guerre, il sera possible de continuer à coopérer à travers deux DLC plus qu’inégaux. Si L’Assaisonnement Festif incorpore de nouvelles cartes, personnages, recettes et actions sur le thème de Noël, The Lost Morsel est en revanche bien plus radin sur tous les points. Tous deux sont également bien trop faciles à compléter. Le mode portable est parfaitement adapté, là où les Joy-Con souffrent énormément des imprécisions de maniabilité. Quelques chutes de framerate sont également à déplorer, bien qu’elles n’entravent en rien le plaisir de jouer. Assez court en ligne droite, il faudra compter un peu plus d’une dizaine d’heures pour compléter le titre dans son intégralité.

Verdict : Oui !

À défaut d’être particulièrement beau ou impressionnant techniquement, Overcooked : Special Edition est un titre magnifique de par son game-design. Ouvert au plus grand nombre, facile à assimiler et instantané dans le fun qu’il procure, il se dresse comme un des meilleurs titres coopératifs de la console. Malheureusement pour lui, le titre de Ghost Town Games n’est pas sans défauts, à commencer par des contrôles manquants de précision. Il n’est en effet pas rare de déposer ses oignons fraîchement coupés dans l’assiette alors que l’on visait la marmite, de quoi faire grimacer. Sa jolie bande-son et le chaos provoqué en coop ont de quoi faire oublier son scénario et son univers certes mignons, mais amenés comme un cheveu sur la soupe, tout comme sa mappemonde peu intuitive, son interface pas jojo, l’absence d’un mode en ligne et un framerate pas toujours solide. Reste qu’il s’agit d’un titre sacrément savoureux.

Créée

le 3 juil. 2022

Critique lue 554 fois

Kalimari

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