Temps de jeu : 160 heures

Mon septième The Legend of Zelda

Mon premier jeu Nintendo Switch

Le souffle de la vie

Dès ses premiers instants, Breath of the Wild diffère radicalement de ses aînés. Ici, pas de mise en situation via une introduction longue, lourde et inintéressante. Seul le titre du jeu, blanc sur fond noir, sert de mise en scène. On assiste alors au réveil d'un Link endormi depuis cent ans, lequel semble ne se souvenir de rien. Après avoir récupérer deux ou trois équipements, histoire d'avoir de quoi nous habiller, on court et on escalade pour la première fois. On peut même sauter sans restrictions, là où jusqu'ici la série nous l'interdisait. Et lorsque la sortie de la grotte pointe le bout de son nez, on découvre avec émotion les étendues sauvages d'Hyrule se dessiner à perte de vue. Si un vieillard nous invite subtilement à venir lui parler, rien n'empêche le joueur d'explorer à sa guise les terres alentours. Véritable claque, ce grand moment du jeu vidéo ne laissera personne indifférent, tant la sensation de liberté est bien réelle et grisante.

Le souffle de la liberté

Si le Plateau du Prélude est en réalité assez délimité, c'est pour mieux nous apprendre les bases du jeu sans pour autant nous perdre dans l'immense richesse du titre. Une richesse que le joueur découvrira bien assez tôt, au fur et à mesure qu'il progressera dans sa quête et ses pérégrinations. On s'attaque alors rapidement aux fondamentaux du titre, à savoir acquérir et maîtriser les pouvoirs qui nous sont offerts, découvrir des sanctuaires et accomplir leur défi, chasser les animaux sauvages, cueillir des baies et des légumes, cuisiner pour se soigner ou améliorer temporairement ses statistiques, affronter nos premiers ennemis et en apprendre plus sur la trame scénaristique de ce Breath of the Wild. Ce tutoriel géant a la bonne idée de ne pas nous prendre par la main ; on nous pousse à expérimenter et donc à échouer pour mieux retenir.

Le souffle de l'aventure

Enfin aptes à quitter notre nid presque douillet, le titre nous laisse alors maître de notre aventure. On peut suivre la quête principale, bien sûr, mais on peut aussi explorer à notre guise les environnements pour y découvrir des coffres renfermant un trésor, combattre des monstres afin de récolter de la matière première, ou bien miner de la pierre précieuse sur des gisements trouvés ici et là. On s'amusera également à escalader le plus haut possible pour s'élancer dans le vide et planer à l'aide de notre paravoile. Dans tous les cas, ce Breath of the Wild propose un contenu extrêmement généreux, évitant soigneusement de nous laisser trop souvent dans des lieux immensément vides. Tout nous invite à explorer ce qui ne suit pas le chemin principal, à l'image d'une colline ou d'un arbre étrangement seul sur une plaine, quand bien même aucune récompense ne nous attendrait au bout.

Le souffle du réalisme

Forcément, quand le jeu nous permet d'accéder à n'importe quel endroit, les plus aventureux d'entre nous trouveront leur bonheur à escalader n'importe quel bâtiment. Ici, pas de corniche colorée artificiellement pour vous indiquer un passage possible ; on grimpe tout et n'importe quoi, à partir de n'importe quel flanc et jusqu'où on veut. Atteindre le sommet le plus haut d'une chaîne de montagnes est réalisable, tout comme fanfaronner sur la pointe du toit d'une église. Grâce à son moteur physique poussé, et sa foule de possibilités et sa géographie crédible, on se plonge sans peine dans ce que les terres d'Hyrule ont à nous proposer. Si Breath of the Wild ne bénéficie pas de graphismes réalistes, la cohérence de son monde et l'attention portée aux détails donnent à ce nouveau Zelda une véritable sensation de réalisme. À ce titre, comment ne pas trouver Horizon Zero Dawn - aussi bon soit-il - déjà terriblement dépassé ?

Le souffle de la nature

Car s'il propose une claque graphique à des années de lumière de ce Breath of the Wild, lequel souffre de textures baveuses pas franchement agréable à l'œil, Horizon Zero Dawn pêche par sa rigidité - laquelle nous rappelle à chaque instants que nous nous trouvons dans un jeu vidéo. Breath of the Wild, quant à lui, propose un gameplay modulaire, lequel transforme Hyrule en gigantesque bac à sable. Couper un arbre peut, au choix, nous rapporter des fagots de bois pour allumer un feu de camp. On peut toutefois épargner son tronc, lequel nous servira de pont suspendu ou de radeau de fortune. Mieux encore, sa carcasse pourra être pousser jusqu'à dévaler une falaise pour mieux écraser un camp de monstres. Si cette multitude de choix fonctionne pour un simple arbre, imaginez ce que l'on peut faire avec le reste !

Le souffle de la survie

On pourrait s'étendre sur le sujet en parlant des conséquences de la température et de la météo environnantes, lesquelles peuvent vous geler, rendre les parois rocheuses glissantes, éteindre vos flèches de feu, brûler vos équipements en bois, attirer la foudre s'ils sont en acier, etc... on pourrait, mais cela nous prendrez des heures et des heures. Ne parlons pas non plus de la possibilité de rider son bouclier pour dévaler les pentes enneigées des hautes montagnes, ni même de trouver soit même de nombreuses recettes de cuisine en expérimentant plusieurs combinaisons d'ingrédients. Évitons également de mentionner les chevaux, leur dressage, leur domestication et la possibilité de les monter. Il serait également peu avisé de se lancer dans la démonstration des pouvoirs, comme l'énergie cinétique, laquelle peut vous servir de moyen de transport.

Le souffle de la violence

Pour résumer, Breath of the Wild permet de tout réaliser de nombreuses manières différentes. Chaque session de jeu nous apporte son lot de découvertes, de surprises et de nouveauté. Tout comme la cuisine, l'exploration ou la résolution de problèmes, l'art du combat s'en retrouve démultiplier. S'il fonctionne toujours sur les mêmes bases que ses illustres prédécesseurs, à savoir le lock de la caméra, les sauts pour esquiver ou la parade avec le bouclier, il faut également noter que l'affrontement direct n'est pas l'unique solution. Au contraire, il est parfois même préférable de contourner des ennemis trop puissants ou de les prendre par surprise, comme lorsqu'ils dorment la nuit ou en explosant des barils de poudre prévus à cet effet. Il est même possible d'user de ses pouvoirs, comme les bombes ou le magnétisme pour les pousser ou les écraser à l'aide d'objets lourds. Attention toutefois : contrairement à tout ce que la série a pu offrir, Breath of the Wild propose une difficulté très punitive.

Le souffle de la mort

Si avec la collecte de cœurs et de meilleurs équipements la majorité des ennemis ne font plus peur, les débuts de Breath of the Wild peuvent se montrer particulièrement impitoyable. Les coups reçus sont violents, même face aux monstres les moins mortels. Alors forcément, quand on rencontre pour la première fois un Gardien ou un Lynel, le moindre coup létal a de quoi nous surprendre. On y meurt, encore et encore, en plus d'y perdre notre arsenal... mais quel plaisir ! chaque affrontement doit être mûrement réfléchi et on s'amuse à renouer avec la prise de risque comme lorsqu'on était enfant. Les récompenses peuvent être intéressantes, notamment concernant les armes. Soumises à l'usure, elles tendent à disparaître à force d'utilisation. En résulte une pluie de loot pour éviter toute pénurie, et si ce choix de game-design peut faire grincer des dents au début, il est au final parfaitement adapter à cette idée de survie et plus encore à la philosophie du jeu ; le temps passe et la nature reprend ses droits, dissipant toute créations de l'Homme.

Le souffle de la déception

Si le jeu mérite toutes ses éloges, il faut également revenir sur les rares points noirs qui l'entachent. Non, la bande-son de Breath of the Wild n'est ni mauvaise, ni même inférieure à ses prédécesseurs. Plus basée sur l'ambiance, elle bénéficie d'une écriture et d'une réalisation au poil, bénéficiant d'un rendu organique admirable. Il ne faut pas non plus oublier la présence de thèmes particulièrement fort, comme celui de l'attaque sur Vah'Ruta ou celui d'Assarim. Au même titre, le sound-design est absolument délicieux avec ses nombreux bruitages, lesquels rendent honneur à Dame Nature. Les véritables déceptions sont plutôt du côté des graphismes et des donjons ; les premiers souffrent de textures d'une autre époque (lesquelles ne rendent absolument pas honneur à l'incroyable direction artistique), tandis que les seconds sont particulièrement courts et ridiculement faciles malgré un level-design formidable.

Le souffle de l'Histoire

On pourrait également pester sur le scénario un peu creux, quand bien même il reste légitime au vu de l'univers. Après tout, que peut-on raconter sur un monde déjà tombé cent ans plus tôt ? qui également des relations que peut entretenir avec un monde dont il a tout oublié ? pas grand chose. On peut même s'estimer heureux que Nintendo relègue au second plan l'univers de The Legend of Zelda, puisque cela signe la fin des interminables introductions, des personnages secondaires oubliables et des dialogues à rallonge. Tout est mis de côté ou, au pire, revu à la baisse. Si on veut vraiment connaître le monde, alors on explore. On découvre ainsi pas mal de clins d’œil, comme le Ranch Lon Lon, mais également de livres, stèles ou PNJ nous narrant des événements importants ou décrivant le background de l'univers. Ces quelques défauts visuel, scénaristiques ou dans une portion minime du level-design, aucun ne viendra réellement gâcher le plaisir procuré par ce Breath of the Wild. Un grand jeu, assurément.

Conclusion

Il y a aurait encore tant à dire sur ce jeu, tant il est généreux, que ce soit dans son contenu ou dans sa proposition. Véritable regard neuf sur le genre de l'open-world, Nintendo parvient même à le rendre intéressant et intelligent. Aonuma l'avait dit : se perdre est un réel plaisir, lequel ne semble jamais s'estomper même après une centaine d'heures de jeu. Breath of the Wild n'est pas parfait, assurément. Mais il se rapproche du titre ultime, proposant une maturité rarement atteinte, évitant soigneusement une narration dirigiste au profit d'un gameplay modulaire et qui imbrique ses idées de gamedesign de manière très naturelle. Profondément ludique, fluide et addictif, les mots manquent pour qualifier le génie d'un titre tel que celui-ci. Déjà un classique, il marquera certainement un tournant dans le genre, chez les joueurs comme chez les développeurs. Jeu de connaisseurs, indispensable pour quiconque le ludique prime sur les graphismes, le scénario ou l'univers, The Legend of Zelda : Breath of the Wild est le nouveau maître étalon du genre. 10 sur 10, coup de cœur.

Créée

le 24 avr. 2023

Critique lue 790 fois

5 j'aime

Kalimari

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5

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