SEGA AGES Sonic The Hedgehog
7.5
SEGA AGES Sonic The Hedgehog

Jeu de M2 et SEGA (2018Nintendo Switch)

Temps de jeu : 10 heures

Mon dix-huitième Sonic
Mon premier SEGA AGES
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#45]

Fer de lance de la nouvelle gamme SEGA AGES, Sonic The Hedgehog débarque sur Nintendo Switch dans une mouture luxueuse, mêlant respect de l'œuvre originale et nouveautés optionnelles. Paru en 1991 sur Mega Drive, il aura fallu attendre vingt-huit ans pour que le hérisson foule les Saintes terres de l'hybride, sur le Nintendo eShop. Jeu de plates-formes 2D survitaminé, ce titre de légende tient-il toujours la distance ? Plus important encore, quid de l'intérêt de cette nouvelle sélection rétro signée M2 ?

Spin to win

Sonic The Hedgehog conte les premières aventures du plus célèbre des hérissons de l'Histoire. À South Island, le diabolique Dr. Ivo Robotnik s'est emparé de tous les animaux de la région. Dans l'unique but de récupérer les six légendaires et puissantes Émeraudes du Chaos, le scientifique fou a ainsi converti chaque espèce en Badniks, formant une armée de robots prête à suivre aveuglément ses ordres. Malheureusement pour lui, l'érinacéidé bleu se met en quête de tous les délivrer, sans oublier de s'emparer des joyaux pour éviter qu'ils ne soient utilisés à mauvais escient. S'amorcent ainsi plus de dix-huit niveaux durant lesquels le joueur devra courir – vite – et sauter, puisque ce sont là ses seules actions possibles, tout du moins à l'époque. Car, voyez-vous, cette version SEGA AGES a la bonne idée de rendre utilisable le Spin Dash (apparu dans l'intemporel Sonic The Hedgehog 2), mais aussi et surtout le Drop Dash (survenu dans le fantastique Sonic Mania).

Le premier permet – comme son nom l'indique – de rouler-bouler sur place pour accélérer et effectuer une ruée efficace, tandis que le second offre cet élan en touchant le sol, pour peu que la charge ait été effectuée dans les airs. En résulte ainsi une nouvelle vision et une nouvelle approche du titre, jusqu'alors véritablement handicapé de ces fonctions qui semblent – aujourd'hui – pourtant si vitales. Exit donc les pentes impossibles à remonter ou les murs destructibles difficiles à passer, si le joueur ne prend pas la peine de reculer plusieurs mètres en arrière. L'action et le rythme y gagnent en fluidité, pour sûr, mais aussi et surtout en satisfaction personnelle. De quoi profiter du superbe level-design du jeu, lequel indique une rejouabilité certaine, en attestent les différents chemins praticables (généralement deux ou trois par niveau). Attention toutefois car, sorti du premier monde, ce Sonic The Hedgehog joue la carte de la plate-forme pure et dure, à la fois lente et précise.

Toujours aussi piquant

Cette vision du jeu, très différente des opus qui lui succéderont (et encore plus de Sonic Mania), est par ailleurs le défaut qui revient le plus souvent chez les hermétiques de la franchise ; le jeu encourage la prise de vitesse, mais le sanctionne instantanément à coups d'ennemis et de pièges parsemés ici et là. C'est un petit peu vrai, il faut l'avouer, mais pas seulement. La rejouabilité des niveaux et la multiplicité des segments que le joueur peut emprunter permet – à travers un apprentissage naturel des lieux – de s'approprier le cheminement optimal de la zone traversée. Sonic The Hedgehog devient ainsi un jeu de « par cœur », de speedrun même, préférant l'étude et la connaissance à la découverte et à l'expérimentation. Pour sûr, les premiers runs se montreront frustrants, mais quel délice que de maîtriser le level-design plus ou moins à la perfection, permettant de fait de s'adonner à une course au rythme effréné et débridé.

Mais quid du novice qui souhaite juste parcourir les plaines verdoyantes de Green Hill Zone, sans trop se prendre la tête et – surtout – jeter sa console par-dessus la troisième corde ? Qu'il ne boude pas dans son coin, puisque cette version du titre pense aussi à lui avec le Ring Keep Mode ! Si, dans le jeu original, se prendre un coup fait perdre au joueur tous ses anneaux (ou une vie, s'il n'en dispose d'aucun lorsqu'il se blesse), ce mode octroie la capacité de ne s'en défaire que de dix (en plus de commencer le niveau avec dix anneaux). Comme si, dans Donkey Kong Country, le jeu vous permettait de posséder dix cœurs en lieu et place de deux. C'est pété, c'est vrai, mais rien qui n'empêche de faire face à une difficulté bien présente, quoiqu'un peu surprenante, le jeu original possédant une progression en dents de scie. Ne soyez donc pas surpris si, à peine arrivé au deuxième monde, les morts s’enchaînent, tandis que le cinquième (après avoir passé la terrible épreuve de Labyrinth Zone, le passage aquatique), se présente comme une véritable promenade de santé. 

The Sonic (re)Cycle

Pour le reste, Sonic The Hedgehog reste peu ou prou le même jeu. Différentes caisses jonchant le sol peuvent, pêle-mêle, offrir un bouclier à utilisation unique, une vie supplémentaire, des anneaux, une invincibilité temporaire ou une meilleure vitesse de pointe. De nombreux passages secrets sont imbriqués dans chacun des niveaux, donnant accès à des bonus ou des chemins alternatifs. Le joueur pourra également se rendre dans un bonus stage si, à la fin d'un niveau, il dispose a minima de cinquante anneaux. S'en suit une phase de labyrinthe en 2D vue de dessus, dans laquelle il faudra jongler avec des bumpers spéciaux capables de changer le sens de rotation. Car, attention, le niveau bonus tourne, encore et toujours. Se repérer dans un dédale psychédélique n'est déjà pas chose aisée, il faudra aussi résister à l'attraction physique, sans cesse menaçante d'une sortie abrupte. Si toutefois le joueur parvient à résister et à se diriger, il trouvera alors avec joie une des six Émeraudes du Chaos. Posséder les six lui permettra d'accéder à la bonne fin.

Sans transition, un rapide point sur les qualités et défauts du titre originel, level-design et difficulté mis à part, puisque déjà abordés : la bande-son de Masato Nakamura, intemporelle, se révèle toujours aussi brillante ; les environnements, superbes aujourd'hui encore, manquent peut-être un poil trop de variété (trop de zones industrielles) ; l'univers, unique, fait encore mouche. Le joueur, vétéran ou novice, appréciera surtout le titre en mode portable, puisque plus fin et lisible dans sa globalité. En outre, il sera également possible de gérer la taille de l'écran de jeu en jouant avec sa résolution, mais pas son affichage. À l'ancienne, en plein écran, entre les deux, mais toujours en 4:3. Dommage pour les uns, fidèle pour les autres. L'enrobage est suffisamment joli pour ne pas le désactiver, puisque directement repris de la jaquette japonaise. Du japonais, le joueur peut aussi en avoir avec la version nippone du titre, laquelle propose une mouture plus rapide que la version américaine, comme à l'époque (et sa sombre histoire d'Hertz). À noter également la présence d'un mode arcade bienvenu (le mode Mega Play), ou d'un oubliable time-attack sur le niveau de départ.

Verdict : Oui !

Malgré le poids des années, Sonic The Hedgehog reste le classique qu'il a toujours été. Plus que jamais, cette version SEGA AGES est celle à conseiller aux novices et à ceux qui auraient jadis abandonné l'aventure face à la difficulté. Le Ring Keep Mode leur permettra d'en venir à bout (entre une heure et trois heures, suivant son niveau de jeu), tout comme le choix du niveau, les sauvegardes à la volée ou l'ajout essentiel du Spin Dash et du Drop Dash. Chaque SEGA AGES étant vendu sept pépètes unité, c'est évidemment plus cher que la récente compilation SEGA Mega Drive Classics. En revanche, si le joueur est à la recherche d'une émulation de qualité et la plus fidèle qui soit (baisses de framerate infernales dans les niveaux de flotte comprises), tout en y incorporant de chouettes ajouts, alors il s'agit là du choix le plus sage qui soit. Sonic The Hedgehog est – et restera certainement – le titre le plus chiche en ajouts dans la gamme des SEGA AGES, mais même là, repasser à la caisse est justifié (et recommandé). Pour le plaisir, la nostalgie ou même sa culture vidéo-ludique.

Kalimari

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