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Scanner Sombre
6.7
Scanner Sombre

Jeu de Introversion Software (2017PC)

Il n’est pas toujours aisé de faire qu’un jeu soit à la hauteur de son point de départ.


Là où les grosses productions vidéoludiques ont tendance à recycler les mêmes idées de gameplay avec comme seule valeur ajoutée le toujours plus, le monde indé force les développeurs à se démarquer d’une autre manière : l’idée. C’est la petite idée originale qui arrivera à les faire se démarquer des autres et très souvent l’entièreté de leur création orbite autour de cette prémisse pour conserver leur identité.


Sauf que, sur le papier, ça a beau sonner bien, dans les faits, les jeux à concept me font souvent souffler du nez. Superliminal, Viewfinder, Storyteller, The Stanley Parable… Tous ces jeux que je cite ne sont pas mauvais, loin de là. Seulement, ils ne sont jamais grand chose de plus que ça : pas mauvais. Ce sont des exercices de style, et qui ont le bon goût de tendre à être plutôt concis, mais rarement ils donnent l’impression d’avoir beaucoup à raconter, et on les oublie finalement assez facilement.


Est-ce que je me souviendrai de Scanner Sombre ? Il est peut-être un peu tôt pour le dire. Mais par contre, tout jeu à concept qu’il est, j’ai en tout cas déjà la certitude d’avoir ici affaire à un jeu à part entière. Oui, je pense que Scanner Sombre est bien plus mémorable que The Stanley Parable, fâchez-vous comme vous voulez, je m’en fous.


Même principe qu’avant : une idée, une seule. Ici, ça se traduit par l’exploration d’une grotte dans le noir complet avec comme seul outil un laser qui permet de faire une topographie des lieux en bombardant ce qu’on vise de points lumineux dont la couleur varie en fonction de notre proximité. Je pense qu’on part ici avec déjà un premier point fort : la potentialité émotionnelle de la mécanique. Il y a quelque chose d’intensément oppressant à dépendre d’un objet qui présente des limites pour pouvoir se repérer dans une caverne sombre dont la structure ne nous est révélée qu’au compte goutte.


Scanner Sombre est parfois terrifiant, et il le sait. Quelques fois il en joue, sans devenir lourd, et il sait laisser briller son acteur principal, c’est à dire son espace, pour nous véhiculer l’essentiel de ce qu’il a à dire.


Scanner Sombre fonctionne parce qu’il sait être élégant dans sa proposition tout en réussissant à nous faire oublier qu’il n’est que ça, une proposition. On parcourt les grottes accroché à notre souris, et on appréhende ce qu’il y aura au prochain recoin en oubliant le reste. Et notre balade au rythme impeccable sait s’arrêter avant de pouvoir devenir lassante.


Le jeu a malgré tout deux petits défauts. D’abord, je trouve criminel qu’il n’exploite pas plus l’idée de nous priver de notre laser lorsque l’on est trop profondément immergé dans l’eau. Après nous avoir rendu dépendant de notre outil, j'aurais trouvé génial qu’il nous force à avancer à l’aveugle pendant certaines sections. À la place, il y a bien un passage avec de l’eau dans laquelle on doit éviter de tomber, mais la manière dont le jeu nous sanctionne n’est pas forcément la chose la plus pertinente qu’il a à proposer. Je vois vraiment là une occasion manquée.


Et puis il y a la fin. Parce que oui, le jeu a une intrigue qui nous est délivrée à travers des messages traduisant les réflexions internes de l’explorateur que l’on incarne. On sait qu’on a une famille quelque part, et puis voilà. Tout reste suggéré et suffisamment en retrait pour ne pas retirer à l’immersion. En ce sens, la rupture de ton de la conclusion sonne un peu comme une faute de goût, en tombant dans du pathos un peu lourdingue. On aurait pu garder l’essentiel du fond, mais avec un peu plus de pudeur et de sobriété dans la forme. Nous seulement on aurait gardé une cohérence avec la manière dont l’histoire nous est conté jusque là, mais en plus le côté macabre et tragique n’en aurait, j’en suis sûr, paru que plus grand.


Tout imparfait qu’il est, Scanner Sombre reste une expérience courte que je ne peux que recommander. Elle nous intrigue, nous émerveille, nous fait nous tenir sur nos talons, le tout étalé sur un peu moins de deux heures. Offrez lui une de vos soirées, vous ne serez pas déçu.


Panineohm
8
Écrit par

Créée

le 24 nov. 2025

Critique lue 2 fois

Panineohm

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