Sonic the Hedgehog
7.6
Sonic the Hedgehog

Jeu de Sonic Team et Sega (1991PC)

Face à la domination écrasante de Nintendo et de sa mascotte Mario, Sega a bien l’intention de réagir en se lançant dans la guerre des mascottes à l’entrée des années 1990. Alex Kidd de la Master System n’est pas à la hauteur de la tâche et un concours interne est initié pour trouver une nouvelle mascotte pour relever le défi. C’est ainsi qu’est né le plus rapide des hérissons : Sonic the Hedgehog. Le jeu a joué une importance fondamentale dans la progression fulgurante de la firme de Sega passant de banal concurrent à rival sérieux au géant Nintendo. Sonic est le fer de lance de la Mégadrive, mais était-il si génial dès ce premier épisode ? Je vous propose de découvrir ce que j’en pense en écoutant Green Hill Zone au synthé et à la cool.



RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★★★☆



Devant vendre les capacités techniques de la nouvelle console de Sega à un tournant de l’histoire du jeu vidéo, le passage à la 4ème génération de console, Sonic se devait d’être impressionnant et c’est peu dire qu’il l’a été. Un soin incroyable a été accordé à la réalisation avec :
- un scrolling suivant sans accroc la vitesse démesurée que l’on peut atteindre, bien supérieure à tout ce qui pouvait se faire avant dans le genre de la plate-forme,
- de multiples animations pour Sonic quand il est élancé à vive allure, quand il est sur le point de tomber, quand il fait demi-tour brusquement…
- des petits scripts très bien pensés comme un feu se propageant sur l’herbe au contact de la lave, une partie du sol fragile se désagrégeant morceau par morceau sous notre poids...


Les environnements sont parfaitement sublimes avec des ambiances visuelles très différentes les unes des autres tout en partageant une manière assez ingénieuse d’utiliser des formes géométriques basiques pour habiller les plus larges textures joliment sans surcharger de détails. Des rendus visuels assez complexes sont merveilleusement offerts entre les coulées de lave au nuances de rouge, les cascades avec l’effet de transparence quand on passe derrière, l’aura autour des torches pour simuler un éclairage… Il n’y a vraiment rien à redire sur le plan technique, et ce n’est pourtant que le début des réussites visuelles du titre.


La direction artistique opposant la nature sauvage à une civilisation robotique fonctionne à merveille. La narration se fait d’ailleurs avec cet esthétisme, via ces ennemis machines libérant de petits animaux une fois vaincus, pour un message écologiste très subtil et tout mignon, bien plus ambitieux que la concurrence sans alourdir le rythme par une narration plus conséquente. Les stages bonus ont en revanche un esthétisme très psychédélique que je trouve plutôt de mauvais goût et désagréable, mais c’est bien la seule faute du jeu sur le question.


L’OST, composée par Masato Nakamura dont c’est l’un des rares travaux dans le milieu du jeu vidéo, est tout simplement culte. L’emblématique Green Hill Zone, le relaxant Star Light Zone, l’épique Final Zone… constituent une ode aux sonorités si particulières de la console et la preuve que les ambitions singulières du jeu comme de la machine ne sont pas seulement visuelles. Le sound-design n’est pas à négliger non plus tant les sons les plus récurrents ont su donner une identité sonore très particulière là encore à la franchise (le jingle de la vie supplémentaire, le petit son du ring collecté, la note répétée crescendo à la noyade...)


Le chara-design de Sonic n’est pas sans lien avec son incroyable succès. Profitant de l’aspect bedonnant de Mario pouvant vite être tourné en dérision, Sonic est athlétique avec ses baskets rouges bien voyantes. Profitant de l’aspect gentillet de Mario, Sonic a l’air rebelle et cool avec ses cheveux tels des pics. Le personnage a été construit esthétiquement comme l’envers de Mario et c’est une réelle réussite avec un sprite en jeu très bien évocateur de ses artworks. Dans ce même état d’esprit, l’antagoniste Eggman semble bien être une sorte de caricature de Mario (couleur, moustache, corpulence…), c’est vraiment bien vu de la part de Sega qui a vraiment mis toutes les chances de son côté pour que cette mascotte officiel rencontre le succès escompté. Malheureusement, il est temps d’aborder ce qui nuance mon estime pour Sonic, sans doute la partie la plus délicate mais aussi la plus intéressante de ma critique.



GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★☆☆☆☆



Dans un état d’esprit de ne surtout pas essayer de battre Mario à son propre jeu en optant pour un parti pris ludique radicalement différent, la spécificité du gameplay de Sonic pour son genre est la possibilité de se déplacer très vite après avoir pris l’élan nécessaire. Le maniement de base est très bien conçu en ce sens puisque la vitesse de course est progressive et que nos possibilités d’attaque en dépendent. Cette idée de permettre à Sonic de pouvoir se mettre en boule et ainsi de blesser ce qu’il percute à grande vitesse est très ingénieuse. Un maniement plus complet avec davantage de commandes à rentrer n’aurait certainement pas été compatible avec le concept d’aller très vite alors que nous sommes encore sur un gameplay très innovant.


Et bien qu’il soit innovant, il est déjà bien maîtrisé dans ses fondamentaux avec par exemple la vitesse impactée par la topographie qui inclinera le sol de bien des manières, les différents tremplins nous propulsant d’un coup et les bumpers sur lesquels on rebondira... Ce n’était pas une mince affaire et si on se contente d’analyser le maniement de base, Sonic est une réussite. Néanmoins, un maniement doit nécessairement être mis en lien avec des situations de jeu pour constituer ce que j’appellerai un bon gameplay. Pour moi, il y a un problème central dans la proposition ludique de Sonic pour ce premier épisode : la dichotomie entre la philosophie du jeu d’aller vite et le level-design te demandant de ralentir le rythme très souvent.


Soit c’est pour dénicher des petits secrets ou passages alternatifs, auquel cas c’est facultatif donc pas très grave. Soit c’est le principe même du niveau qui te demande d’attendre gentiment plusieurs fois avant de pouvoir de nouveau avancer un peu mais jamais assez pour être à pleine vitesse très longtemps. Ça ne permet pas spécialement de souffler après des sessions de jeu effrénées car à moins d’être dans le speedrun, et donc de ne pas nécessairement rechercher à souffler, les niveaux permettant d’aller vite comprennent en leur sein des moments où l’on peut ralentir l’allure si on le souhaite. Je ne vois donc pas ce que ces phases lentes viennent faire là et je les trouve pour la plupart ennuyeuses et/ou frustrantes.


D’une part, même quand tu connais très bien le jeu, je trouve que le concept original et ambitieux d’aller si vite dans un jeu de plates-formes n’est pas suffisamment assumé. Même le scénario par exemple ne présente pas de situation d’urgence le justifiant, au contraire il semble plus logique de prendre le temps de traquer les machines pour libérer les animaux, c’est dire comme le concept présenté comme central n’est pas la philosophie omniprésente du jeu. D’autre part, la difficulté engendrée par ces phases vont assez mal avec le concept de faire recommencer le joueur du début du jeu quand son compteur de vie est épuisée, pour un contenu donc finalement peu conséquent qui aurait été moins problématique avec plus de niveaux à la manière du tout premier : Green Hill Zone.


A côté de ce problème central, il y a plein de petits soucis plus secondaires qui alourdissent le bilan : le recyclage de situations de jeu trop prononcé dans un même environnement, les boss trop faciles et peu inventifs, la surabondance de pièges à la manière d’un Die & Retry frustrant… Tout ceci fait que si le concept du gameplay de Sonic est une idée originale qui peut se vanter de se voir attribuer de solides bases dès ce premier épisode, il n’est pas encore suffisamment maîtrisé pour hisser le hérisson parmi mes titres préférées de sa console ou de sa génération.



CONCLUSION : ★★★★★★★☆☆☆



Entre son protagoniste charismatique devenu mascotte de Sega, et de manière intemporelle avec ses 30 millions d’unités vendues au fil de ses portages,, sa réalisation impressionnante dès le début de la quatrième génération, son concept de gameplay assez innovant et différent de la concurrence, son OST si particulière devenue culte, son scénario tout gentillet davantage raconté par esthétisme plutôt que par les dialogues... ce n’est pas sans raison que Sonic a marqué les esprits de toute une génération de joueur dès ce premier épisode et qu’il est devenu le jeu de plate-forme le plus vendu hors Super Mario Bros dans les années 90, même s’il n’est pas sans erreurs de jeunesse sur le plan ludique.

damon8671
7
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le 22 nov. 2020

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damon8671

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