Après deux excellents épisodes riches en humour et en expérimentations, Telltale se débarrasse des flotteurs et envoie sa série-phare dans le grand bassin. Le résultat ? Un concentré de tout ce que l'équipe a de meilleur à offrir avec cet univers, à savoir de l'action savamment dosée et bien mise en scène, une storyline qui prend de l'épaisseur, portée par une double narration se permettant des délires bien sentis (la séquence pré-générique avec Fiona est tordante), des personnages charismatiques, de l'humour, des références, de l'humour, encore de l'humour, et des moments un peu plus sérieux qui ressortent agréablement dans cet univers doux-dingue.


Du reste, ce n'est pas cet épisode qui bouleversa le schéma établi par Telltale sur cette saison, et grand bien leur fasse, puisque celui-ci a déjà largement fait ses preuves lors de l'épisode précédent. Outre la séquence pré-générique, propice à désarmer le cliffhanger en instance avec une certaine légèreté, on retrouve donc ce générique ultra-stylisé (là encore très réussi, un bonheur), ces séquences walk & talk destinées à approfondir les relations entre les membres du groupe, des passages d'action un peu simpliste mais très gratifiante, ces moments plus posés où en profitant d'une 'énigme' à la simplicité enfantine, on a surtout l'occasion de papoter avec les autres personnages ou scanner les environnements à la recherche de description rigolotes. Bref, du très classique on vous dit. Si l'ensemble fonctionne toujours aussi bien, et sans montrer le moindre signe de fatigue, c'est parce que le design narratif ne ménage pas ses effets de manche ; on se retrouve donc à suivre les protagonistes ensemble, chacun de leur côté, séparément, ou se rectifiant mutuellement, sans qu'à aucun moment on ne soit perdu dans cette imbrication folle des différents moyens de narration.


L'épisode se paye même le luxe d'enchaîner à vive allure les différents points de vue, là où précédemment la série se montrait relativement sage en passant de l'un à l'autre au gré des chapitres. Il en ressort un cocktail quelque peu fiévreux, porté par une dernière demi-heure lancée à toute berzingue, mais assurément savoureux. Le nerf de la guerre reste cependant ces personnages, tous très réussis, bien écrits et parfaitement campés, et qui une fois encore impriment le ton de la série. Fait suffisamment rare pour être signalé, les choix effectués lors du précédent épisode possèdent une réelle importance ici, et certaines scènes seront significativement différentes selon l'allégeance choisie. Telltale évite le léger écueil rencontré lors de la première saison de The Wolf Among Us et se permet de nous ensevelir sous une avalanche de personnages tout en nous laissant la discrétion de choisir nos favoris. L'expérience de jeu personnalisée, tellement mis en avant par le studio, prend donc tout son sens ici. Au milieu de tout cela, Rhys et Fiona évoluent de manière drastique dans cet épisode, permettant à la fois de clôturer les arcs des précédents épisodes et de préparer efficacement ceux à venir (et pour le coup celui de Fiona promet d'être véritablement jouissif).


Et puis il y a Gortys. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais Gortys est sans doute ce que Telltale a pu faire de mieux en personnage depuis Clementine ; et je ne sais pas si c'est son écriture désarmante de naïveté ou l'interprétation d'Ashley Johnson (Ellie dans The Last of Us, avouez que l'on a déjà entendu pire), mais ce petit robot, tout aussi mignon qu'il soit, est un véritable bol de fraîcheur au milieu de cet univers débile et cynique qu'est celui de Borderlands. En matière d'écriture justement, ce troisième épisode est sans doute le plus riche en références et easter eggs de tous poils (Iron Man, Ferris Bueller, Driving Miss Daisy -!-, Wall-E, Terminator 2, "Deal with it", "I am become pain"...) et pour un public averti il y aura largement de quoi passer un excellent moment (surtout en choisissant de se fier à Handsome Jack). Pour les amateurs d'humour cassant allègrement le quatrième mur, cet épisode devrait vous rappeler les meilleurs moments de Crash Bandicoot ou Rayman 3, à la grande époque.


Pour finir, la musique est toujours aussi sublime, on aura l'occasion de traverser de nouveaux décors absolument sompteux, et le game design se permet quelques petites fantaisies apportant énormément de dynamisme aux séquences d'action, difficile de bouder son plaisir donc. Un épisode à faire, à refaire ne serait-ce que pour admirer le soin apporté aux différents scénarios, et à refaire, continuellement jusqu'à la sortie du prochain, qui pourra bien prendre tout le temps qu'il souhaite, tant qu'il se montre digne de sa prestigieuse lignée.

HarmonySly
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le 24 juin 2015

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