J'ai un crédo, je termine tous les jeux auxquels je joue (en difficile), car impossible selon moi d'écrire quelque chose de légitime sans cela, surtout aussi car on ne découvre la sensibilité globale de quelque chose que via son entièreté (merci Rain World de me l'avoir rappelé), et ensuite je dépasse pas 30 heures si je m'emmerde sur des softs ou la fin d'origine n'est pas une fin en soit (les roguelites par exemple).
J'ai arrêté les titres d'Ubisoft, les RPG, les FPS populaires, GTA et ses dérivés, 90% des triples AAA, car ça ne me procure plus rien et je pense être sur la fin de mes années gaming, ainsi je sélectionne avec soin tout ce qui peut sortir du lot en terme d'expériences vidéoludiques, des jeux indés majoritairement du coup, histoire de terminer ma "carrière" sur de l'amusement original et atypique.
Alan Wake 2 va me servir de jurisprudence pour potentiellement mes deux dernières années, j'ai joué que 16 heures exactement, la moitié du jeu il me semble, mais c'est plus possible de mon côté, donc ce n'est pas une critique, ce n'est pas une note, c'est simplement un avis de joueur fatigué.
J'ai terminé le premier AW deux fois, la première fois à sa sortie sans aimer particulièrement (mais j'étais jeune), la deuxième fois avec le remaster gratuit histoire de préparer l'énorme hype de tout l'internet Français sur sa suite, et bon sang que j'ai trouvé ça éclaté avec du recul, narration inintéressante, aucun plaisir manette en main, et affronter des "ombres" nulles avec une lampe torche, je laisse ça pour les autres (je parle pas des personnages et du doublage Français catastrophique).
AW 2 est très séduisant au premier abord hein, je confirme c'est potentiellement le plus beau, les personnages sont dingues de réalisme, les doublages en VO impeccables, c'est une franche réussite sur ce point sans aucun doute possible, et puis....
Alors déjà y a rien à faire avec le personnage de Saga, les enquêtes se résolvent d'elles-mêmes, tu vas sur la scène de crime, tu suis la trame proposée, et si quelque part l'antre mental est une excellente idée sur le papier, elle ne sert à rien d'autre que valider ce que tu sais déjà, ou attendre que le personnage t'apporte toute seule d'autres indices, alors wouahou la forêt est intense, la ville parfaitement jolie et détaillée, la fête foraine inquiétante, mais hormis marcher, parler, et appuyer sur quelques boutons indiqués par des curseurs, y a rien à faire.
Tu veux qu'on parle des affrontements lampe torche, pistolet, lampe torche, pistolet sur des humains factices mi-effacés ou c'est bon ?
Ensuite faut jouer avec Alan Wake, ..., mon dieu, déjà le jeu bifurque soudainement dans de la connerie alambiquée qui se regarde faire le plus inconsistant possible, c'est pas moi mais mon double doppelganger maléfique qui dirige une secte qui évolue au fil d'un script que j'écris sans écrire dans une strate métaphysique nébuleuse et par laquelle j'essaye également de guider des personnages fictifs au travers d'une narration supposée pour m'aider à sortir de ma névrose transcendantale, c'est à vomir de la morve par le cul tellement c'est indigeste.
C'est tellement éclaté que y a tout un niveau sur un délire conceptuel absolument gratuit avec un plateau télé en mouvance et un clip en fond (prise de vue réelle) et musique dynamique insupportable (j'ai coupé le son au bout d'un moment, je déteste la gratte electrique), j'avais l'impression de lire un dictionnaire en écoutant ACDC à fond tout en essayant de décoder le sens de la vie via une équation.
J'ai arrêté après le chapitre à l'hôtel, déjà car ça ressemblait exactement au niveau précédent, il y a 4 versions alternatives de plusieurs pièces qui font évoluer la perception de l'endroit selon la progression mentale d'un écrivain qui se matérialise dans son propre roman, c'est horriblement désagréable d'avancer là-dedans, c'est tellement peu effrayant du fait du contexte et des mob à éliminer que les créateurs rajoutent des images subliminales avec une sonorité excessive pour créer un peu d'angoisse (c'est très mauvais de ma perspective), et tout à coup alors que je sortais d'une excellente journée joyeuse en famille, 1h après avoir lancé le jeu sereinement, je me suis senti énervé par la progression, agacé par la mécanique, irrité par la pédanterie artistique, estomaqué par l'absence d'intérêt des affrontements et bourré d'incompréhension face à cet objet sur-fabriqué qui ne semble vouloir exister que dans sa surenchère d'idées superposées, et puis finalement une pensée à mis un terme à tout cela :
- Mec, si tu effaces le jeu maintenant, est-ce que tu penses que demain tu aura envie d'y jouer et/ou est-ce que tu vas culpabiliser de ne pas lui avoir donné sa chance entièrement ?
Tellement rien à foutre en définitive putain.