Alien: Isolation
7.4
Alien: Isolation

Jeu de Creative Assembly et Sega (2014PC)

Désespérément, dans l'espace, personne n'entend hurler personne. C'est une leçon à retenir : cela évitera que quelqu'un aille s'y perdre, encore, et se retrouve confronter à de bien vilaines choses, encore. Parce que des itérations sur le xénomorphe, on en a compté quelques unes. De la superbe série « Alien vs Predator » qui connut une conclusion pour le moins ratée et l'horrible – que dis-je – l'épuisant Alien Colonial Marine, le Xénomorphe, merveilleuse créature conçue par Giger et immortalisée par Scott, a été présent dans nos jeux. Il faut néanmoins avouer que ces derniers temps, non seulement les jeux n'étaient pas à la hauteur, mais en prime, l'horrible forme de vie extra-terrestre se faisait très absente. La faute, en grande partie, au fait que les concepteurs, n'ayant apparemment visionné que l'opus de Cameron, persistaient à concevoir des shooters. Heureusement, la mode des Amnesia-like est arrivée, avec son cortège de clones en tout genre, jusqu'à ce que cela titille enfin un studio disposant d'une licence d'exploitation. Ah ben c'est pas trop tôt, dites. L'Alien, c'est quand même LE sujet efficace, vous croyez pas ?

Alien : Isolation, tel est son nom, nous met dans les basques de Ripley fille, Amanda de son prénom. Devenue elle-même ingénieure dans l'espace insondable - par hommage pour sa motha disparue à bord du Nostromo - elle sillonne l'espace. Et puis, un beau jour (ou était-ce une nuit ? Foutu espace, comment qu'on s'y retrouve ?), on lui annonce que la boîte noire du Nostromo a été retrouvée. Bigre ! Cette dernière se trouve sur Sebastopol, une station en voie de démembrage par la compagnie qui l'a affrétée initialement. Chaude patate, Amanda s'engage donc pour aller voir de quoi il retourne sur la-dite station et autant dire qu'elle va se fritter du corniaud qu'il est loin d'être marrant. Mais dans l'espace, personne ne vous entend être malpoli.
Ça a fait le tour du net et pourtant, on ne le répétera jamais assez : le boulot graphique déchire sa maman. Ma maman, votre maman, la maman du Xénomorphe (avec son phallus en chrome). C'est beau à mort. En fait, ça se contente pas simplement d'être beau : les éclairages envoient grave, la plupart des pièces est une petite oeuvre d'art à elle seule, véritable hommage au film d'origine de Ridley Scott. Le design intégral du jeu a été patiemment calqué sur celui du premier métrage de la saga et l'ensemble est cohérent - et beau à se damner. Et ça n'a même pas l'air si gourmand que ça - mais bon, je suis pas sûr, n'en croyez rien. En tout cas, le boulot accompli est un réel plus - mais n'est que la partie submergée de l'iceberg. Parce que toute la belle gueule que montre le jeu n'est qu'une partie de l'immense travail sur l'ambiance, totalement en adéquation avec le film. Les effets sonores sont parfaits, les fxs aux petits oignons. Et cerise sur le gâteau : le xénomorphe est de toute beauté, parfaitement animé, parfaitement maîtrisé, avec le bruit de ses pas et le sifflement aigu. J'ai été littéralement happé par l'ambiance et personnellement, j'ai sursauté presque à chaque fois que le Xénomorphe m'a tué. Par contre, pas trop venant des autres...
Côté gameplay... ha, c'est pas tout à fait la même. On a beaucoup soulevé l'énorme problème de répétitititition du soft. Oui, clairement, les mécaniques de base sont assez vite explicitées et le reste sera du même tenant. On est dans une station spatiale, alors on ne va faire que se promener dans des corridors étroits et utiliser nos maigres ressources pour ouvrir des portes, encore et encore. Je ne vais pas le nier, certes non. Mais à la limite, si c'est cohérent - et ça l'est forcément, vue le contexte - ça ne me dérange pas trop. J'avais bien aimé Assassin's Creed premier du nom, je suis plutôt rôdé. D'autant que si l'on va avoir à faire pas mal d'allers-retours, on pourra remarquer qu'ils présentent un intérêt : soulignant la cohérence du lieu, délimitant aussi ses contours, en traversant Sebastopol, on finira bientôt par se repérer, peu ou proue, et assister à la déchéance de l'endroit, les lieux évoluant au fur et à mesure de l'intrigue. Outre toutes ces portes à ouvrir, il va falloir aussi se cacher. Hé oui, fidèle au métrage de Scott, l'Alien est là. D'abord dans les conduits, à l'affût du moindre bruit, puis grondant dans les corridors, à vos trousses. Fini de courir partout un fusil d'assaut à la main, il va falloir se glisser d'un couvert à l'autre, l'oeil rivé sur son détecteur de mouvement. Le bestiau n'est d'ailleurs pas le seul à traquer à mort le joueur et assez rapidement s'ajouteront à la liste la plupart des survivants ainsi que des synthétiques et autant le dire : ce ne sont pas vraiment les ennemis les plus inquiétants du monde. Les synthétiques remportent d'ailleurs la palme des ennemis lourdingues : ils auront droit à tout un segment de jeu où ils seront les principaux ennemis et vont s'avérer bien chiant, lents, mais extrêmement tenaces et foutrement résistants.
D'ailleurs, côté durée de vie, je suis partagé. J'ai mis environ 18 heures à finir le jeu, mais il y a quand même eu des séquences où j'ai trouvé que la durée de vie était artificiellement rallongée. Par exemple, les zones à allers-retours, ou vous devez actionner deux triggers de part et d'autre du niveau (supeeer). On ajoutera à ça les séances dans l'espace, où le personnage est d'une incroyable lenteur, pour traverser des stades de foot immenses histoire d'aller bricoler un truc avant de devoir revenir sur ses pas. Génial. De véritables morceaux d'anti-gameplay viendront ainsi assez régulièrement casser le rythme de l'aventure, chose plutôt étrange quand on voit que l'alien à lui seul fait pourtant largement le taf et assure un spectacle plutôt inquiétant. Dernière chose, mais non des moindres, la fausse fin tranchée à l'arrache dans le tout dernier segment était quand même à éviter, surtout quand ça sent le dlc pour livrer la vraie conclusion de l'histoire.

Au final, on a un soft réellement intéressant, mais qui ne plaira totalement qu'à condition d'être captivé par l'ambiance et fasciné par le xénomorphe. Si la passion n'est pas au centre de l'envie de jeu, les risques de buter sur les longueurs de l'aventure n'iront que croissant tout au long du jeu tant l'aventure peine réellement à se renouveler. Pire, elle s'aménagera même de véritables instants relous, où la seule chose à faire sera d'appuyer sur une touche pour attendre que ça passe. Dommage, mais néanmoins, je valide totalement, étant fan de la saga Alien et tout particulièrement du premier !
0eil
7
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le 15 févr. 2015

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