Nul n'est parfait ou même tenu à la perfection. Ca, je pense que les équipes d'Ubisoft doivent se le répéter énormément, à chaque nouvelle itération d'Assassin's Creed. Ils se doutent bien que ça a peu de chance d'être parfait, mais... ça ajoute un p'tit truc par-ci, ça ajoute un p'tit truc par-là et chaque nouveau épisode semble être le laboratoire du suivant. C'est un peu agaçant, j'imagine, si l'on suit la série depuis le début et que l'on a l'impression d'avoir des jeux en kit qui progressivement gagnent en saveur, mais bon. Assassin's Creed 2 m'avait laissé un goût d'inachevé en bouche. Impossible d'y jouer plus de six heures sans l'abandonner pendant un an. Ce qui fait que j'avais mis un peu de temps avant de le finir. Plutôt dissolue, comme expérience, mais j'avais très envie de faire ce Brotherhood avant tout. Du coup, bim, voici le fils prodige et prodigue installé sur mon pc et c'est parti. On reprend directement à la fin WTF d'Assassin's Creed 2, on se remet en selle et bim, on part pour Rome. Le chemin vaut-il le détour ? Ben écoute, lis la critique, mince alors.

Ha, Rome. Ses petites venelles remplient de gens qui passent leurs journées à marcher sans cesse. Ses bâtiments totalement cunéiformes, taillés à la serpe dans un moteur vieillissant. Ses falaises impressionnantes et ses campagnes où l'on galope à choual. La ville est grande, ça, c'est sûr et elle désoriente à plus d'un titre. Déjà, avec ses ruines romaines qui traînent un peu partout, elle a un côté un peu toute cassée, la capitale. Et puis en prime, ses bonnes gens ont l'air d'avoir perdu tout espoir sous le règne despotique des Borgia. Ces derniers ont d'ailleurs une technique bien à eux pour diriger : ils cassent tout, ferment tous les commerces, font caca sur la tête des bons citoyens et semblent s'ingénier à être plus méchant qu'un inspecteur des impôts fan de son travail. C'est quand même fou, ça. Le grand méchant, à ce titre, a tout du Lannister en puissance : suffisant, riche, qui se tape sa soeur au point d'en tuer tous ses amants au passage. Un vrai sale con qui sera le fil conducteur de la campagne.
On va se la faire courte, d'ailleurs, la campagne est relativement simple, n'occupe pas beaucoup de temps et doit pouvoir se rusher assez vite. Comme d'habitude avec un Assassin's Creed, le nombre de missions de filature et/ou accompagnement de pnjs est juste insolent et on se retrouve souvent à faire le pied de grue parce que ce con de personnage secondaire à décider de destiner son existence à se manger les passants. Nan, c'est sûr, la reconquête de Rome va pas vraiment vous réveiller la nuit. Mais en fait, il y a bien plus à faire à Rome. Oula oui. Comme Ubisoft avait peur que vous vous ennuyiez, ils sont remis les factions (voleur, mercenaire et courtisane) en allouant à chaque faction un grand nombre de quêtes secondaires. En plus de ça, vous avez encore le système de Temples initié dans le deuxième opus à explorer, ainsi que des Tours Borgia à brûler pour acheter des commerces (à la façon de la villa du premier opus, en un peu mieux). Et puis, bien vite, on se retrouve à la tête de sa propre confrérie d'assassins, qu'on va entraîner et habituer au goût du sang pour ensuite, les envoyer sur nos ennemis en ricanant. Niveau intérêt dans le jeu, on fleure bon le zéro, puisqu'au final, vos assassins sont juste une faction de plus, carrément plus efficace, qui mettent un terme rapidement aux combats. Mais comme les combats, c'est pas non plus le truc le plus dur dans Assassin's Creed, on peut s'en passer assez librement. Mais il y a aussi les énigmes du sujet 16 et les machines de guerre de Leonardo et... et...
Au final, il y a plein de choses à faire mais... assez rapidement, on se rend compte que rarement le jeu ne sait comment ces activités participent de la quête principale. Tous ces petits ajouts diluent tellement le contenu qu'assez vite, vous n'êtes plus récompensé que de quelques deniers - chose dont on se fout royalement dans Assassin's Creed. C'est d'autant plus étrange que le game design du second opus s'était vraiment branché sur l'idée que chaque action entraîne une reward spécifique (assez souvent, d'ailleurs, du background, ce qui était déjà plutôt couillu). Mais non, Brotherhood, lui, il ne va pas vous ennuyer avec son contexte wtf. Il vous dit "tu veux le faire, fiston ? Alors fais-le", mais gratuitement, en gros. On se retrouve même avec des pans entiers du jeu qui ne servent presque à rien : la villa des Auditore, version XXIe siècle, par exemple, dans laquelle on peut courir, mais sans but. Brotherhood, c'est le jeu qui invite l'expérience de jeu pour l'expérience de jeu et vous prouve que vous pouvez encore vous amuser sans but. Wow, Ubisoft. En prime, on se retrouve même à découvrir des trucs un peu sur le tard. Du genre les quêtes des marchands, truc que je n'ai toujours pas compris, mais qui débloquent des objets supérieurs... ou même l'investissement, pour se faire encore plus de sous. Nan, vraiment, cet opus est rempli ras la gueule. Dommage qu'on ait pas une fin à la Civilisation, ça aurait été drôle : "Et l'Empire Auditore régna durant des siècles sur le monde !"
Un dernier mot, quand même, sur la fin. Décidément, chez Ubisoft, on sait pas finir ses jeux. Enfin, ses Assassin's Creed, plus spécialement, qui se trimbale quand même en permanence des fins un poil grotesques avec des séquences qui y mènent d'une lourdeur abyssale. Et croyez-moi, le dernier segment du jeu est genre pain in the ass, enchaînant les séquences de plate-forme au point qu'on ait l'impression de jouer à un Prince of Persia ankylosé. Groovy. Tout ça pour finir à nouveau dans un lieu bigarré, entre Tron et la SF des années 80, sur fond de "nous, les anciens, on a créé des machines qu'elles sont trop fortes, mais on a quand même disparu comme des billes".

Pour conclure, j'ai un sentiment étrange. L'expérience était plus ramassée et en même temps, plus diluée. Et pourtant, j'ai préféré à Assassin's Creed 2. Oui. En même temps, c'est pas compliqué, c'est la même chose, avec plus de trucs à faire et un personnage qui a moins envie de se venger et du coup, raconte moins de crapiness en permanence. Avec sa ville immense mais un peu laide, ses centaines de chose à faire qui ne mènent finalement à rien et ses bonnes idées menées à perte, l'expérience en demeure pourtant parfaitement agréable, même plus que le second opus. Ouais m'sieur. Pour un épisode de remplissage, je trouve qu'il s'en sort avec les honneurs. Et il me donne même envie de faire Revelations. Ha ha ha. Je vais regretter, je sens...
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le 31 oct. 2014

Modifiée

le 1 nov. 2014

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