Assassin's Creed II par CorentinWalou
Assassin's Creed premier du nom avait été une sacrée douche froide. Un cas d'école, l'incarnation parfaite d'une certaine vacuité typiquement next gen, peut-être même le Daikatana de ces jours troublés. Il faut dire que la chute était rude, le bougre ayant sur le papier tout pour nous séduire : des graphismes à décrocher la mâchoire, un background inédit (le Moyen-Orient du XIIe siècle), une libertédigne d'un petit jeu de rôle et un héros tout de cape et de capuche vêtu, gage, sinon de charisme, du moins de silhouette classieuse. Le problème, c'est que, si Assassin's Creed ne manquait effectivement pas de style, d'un pur point de vue ludique, il n'y avait pas de quoi se relever la nuit. Car, dans les faits, la vie d'un assassin syrien se révélait d'un ennui... mortel, son seul intérêt étant le spectacle de notre tueur escaladant avec grâce les murs de Jérusalem ou de Damas. Assassin's Creed n'était pas un jeu, mais plutôt un simulateur de varappe un peu léger, voire carrément une simple démo technique.
Le défi pour UbiSoft, avec Assassin's Creed 2, a sans doute été de continuer à séduire les joueurs occasionnels, captivés par la classe du héros et sa liberté à deux balles, tout en donnant quelques gages de sérieux aux joueurs moins dupes. Ce n'était pas gagné d'avance, mais il semblerait bien que le pari ait été gagné. Même le cadre n'a plus rien à voir : fini Altaïr et le Moyen-Orient, on incarne désormais, en pleine Renaissance italienne, un certain Ezio Auditore. Un jeune bourgeois florentin pourri-gâté, un vrai bourreau des cœurs dont l'existence insouciante va être bouleversée par l'exécution de son père et de ses frères. Les fautifs : une bande de comploteurs bien décidés à s'arroger le pouvoir sur la Péninsule. Notre Casanova va alors se muer en redoutable assassin, prêt à passer la moitié de l'Italie au fil de l'épée pour venger sa famille.
Que les choses soient claires, il n'y a pas de bouleversement à attendre d'Assassin's Creed 2, et l'introduction en est l'illustration parfaite : molle, sans enjeu, bref, très proche du premier épisode et donc ratée. Mais, peu à peu, la sauce prend. Les ingrédients ne changent pourtant pas : on a toujours affaire à un cocktail de cabrioles, d'action et de free roaming, avec une touche d'infiltration, mais pour un résultat autrement mieux dosé. La vraie bonne idée, c'est d'avoir inclus un semblant de scénario et surtout une réelle évolution narrative, enfin. Finies les missions ultra-répétitives, les allers-retours pénibles, les passages obligés. Maintenant, comme dans un GTA, ou à vrai dire comme dans n'importe quel vrai jeu, Ezio reçoit des missions, variées, de la bouche de vrais PNJ, avec de vraies personnalités et qui poursuivent un vrai dessein. Enfin, on évolue dans un univers tangible. Même si, une fois passée la quinzaine d'heures de jeu, les missions bidons repointent timidement le bout de leur nez. Comme si les développeurs n'avaient pas pu résister au plaisir de faire un peu de remplissage, en souvenir du bon vieux temps.
La cerise sur le gâteau, ce sont de multiples menus ajouts intelligemment intégrés à l'aventure. Il y a par exemple la villa à gérer : on achètera des toiles de maître dans les différentes villes visitées (Florence, San Gimignanole, Forli et Venise), on rénovera la petite ville alentour, bâtiment par bâtiment, en payant grassement un architecte, ou on y entreposera ses armures et ses trophées divers pour assouvir une bien légitime mégalomanie. De la même façon, les villes ne manquent pas de trésors à ramasser, d'équipement à acheter, de symboles cabalistiques et de pages de codex à dénicher... Tout cela est très varié, rarement très profond, mais toujours largement plus intéressant que la collecte bien relou de drapeaux du premier épisode.
Mais le plus agréable avec Assassin's Creed 2, c'est de constater à chaque instant que les développeurs ont vraiment entendu les récriminations des joueurs. Le détail qui tue, c'est la disparition des fous, qui frappaient notre héros sans raison, au profit de musiciens qui viennent chanter nos louanges. C'est moins énervant que de se prendre une torgnole par un malade mental, mais assez handicapant si, par exemple, on est en pleine filature. Heureusement, il suffit de jeter quelques florins à terre pour s'en débarrasser et créer une véritable cohue au passage. Quelques efforts ont même été fait pour pallier un des plus gros défauts du premier opus : la trop grande facilité de l'escalade, puisqu'on pouvait grimper la plus abrupte des parois une main dans le dos du moment qu'on maintenait un bouton de façade pressé. Certains sauts demandent maintenant un peu de skill, et, surtout, chaque ville recèle un ou deux « donjons » qui font forcément penser à Tomb Raider. Des passages en intérieur bien plus exigeants et intelligents. Et, surtout, plus gratifiants. Une direction intéressante, à suivre pour Assassin's Creed 3 ?
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