Je ne vous ferai pas l’affront de reprendre par le menu ce qu’est un jeu Assassin’s Creed, alors posons-nous plutôt la question suivante : qu’est-ce qui fait la spécificité de ce Black Flag ? Et Ubisoft a-t-il su capitaliser sur les forces de son prédécesseur, tout en atténuant ses défauts ?
Tout d’abord, le cadre, géographique et historique : c’est souvent l’argument massue de la campagne marketing, et force est de constater que nous proposer les Caraïbes en plein âge d’or de la piraterie, c’est un smart move.
Déjà, parce que c’est la classe : être un capitaine pirate aux commandes d’un voilier, affronter des tempêtes homériques, lâcher des bordées de boulets sur des vaisseaux britanniques, passer à l’abordage et finir en mano à mano... Ubisoft a compris tout ce qui pouvait rendre cette période attirante, et a su en tirer le meilleur en offrant une ambiance aux petits oignons. En plus, graphiquement c’est extrêmement propre, La Havane pète clairement la rétine, c’est un vrai plaisir !
Ensuite, parce qu’un tel cadre permet à Ubisoft de continuer à agrandir le cadre de son open world, et concrétise quelque chose qui avait manqué à Assassin’s Creed III : la fusion entre les villes et l’espace sauvage proposé par le jeu. Ici, on a un vrai sentiment de continuité entre les îles sauvages, la haute mer, les villes plus ou moins grandes, les plantations, les forts militaires...
Ce cadre est bien évidemment rempli des activités habituelles de la série (avec des collectibles et des missions secondaires à foison, un jeu de gestion rigolo...), avec quelques nouveautés qui sont les bienvenues : les cartes au trésor, reprise à Red Dead Redemption, sont par exemple un truc que j’adore, mais on a aussi des attaques de fort en bateau, des plongée en cloche à la recherche de trésors, bref des petits plus que j’ai bien aimé, et qui en plus sont très raccord avec le cadre.
Du côté des plus, on peut aussi noter les efforts fournis côté interface, notamment pour le commerce, qui était une plaie dans le III (même si il faut reconnaître qu’il ne sert pas à grand-chose, les collectibles rapportant beaucoup plus d’argent que l’activité commerciale). L’infiltration commence également à être bien rodée, et est devenue franchement agréable, malgré quelques couacs dus à un certain manque de finition.
Et justement, parlons-en du manque de finition. C’était le plus gros défaut de son prédécesseur, et c’était lié sans aucun doute au calendrier de sortie serré imposé par les grands pontes de chez Ubisoft. Et bien le constat est mitigé : si ça n’est plus le désastre du III, on a quand même pas mal de petits rouages qui auraient gagné à être mieux lubrifiés.
Dans le désordre, et sans être exhaustif, on a :
- des activités annexes disponibles avant que ça fasse sens (sauver des pirates de notre navire avant qu’on ait même un navire !)
- des dialogues ou des personnages plutôt bêbêtes
- un gameplay qui se montre régulièrement approximatif (déplacements imprécis, parade qui ne passe pas en combat,...)
- du clipping de personnages très proches
- des objectifs secondaires très confus (quand t’es obligé d’aller faire un tour sur Google pour comprendre ce que le jeu attend de toi, c’est dommage...)
Et puisqu’on est au rayon des défauts, autant y aller : l’humour méta qui brise l’immersion n’a toujours pas disparu, de même que les passages lents et pénibles dans le monde moderne (qui se permettent en plus de ne rien raconter, alors qu’on avait eu droit à un cliffhanger de dingue à la fin du III), et l’histoire est bof. Les personnages sont cools, le héros charismatique, mais Barbe-Noire est sous-exploité, ça raconte pas grand-chose, et en plus ça le raconte pas très bien...
Mais je mentirais si je prétendais ne pas m’être amusé sur ce Black Flag : j’ai passé des heures à le finir à 100%, en râlant certes par-ci par-là, mais aussi en m’éclatant à papillonner d’activité secondaires en activité secondaire, ce qui pour moi est la marque des open world réussis.
16/20
PS : Le fait de croiser des personnages historiques moins « importants » que dans le III réduit beaucoup la gêne de voir notre personnage interagir avec eux, c’est cool.
PPS : L’origin story remplacée par un simple vol de costume est un moment délicieux, et franchement bienvenu dans une série qui en est à son sixième épisode majeur.