Enfin un peu de renouveau dans la série Assassin’s Creed ! Après des épisodes tous aussi moyens voire à chier les uns que les autres depuis la saga d’Ezio Auditore la licence fétiche d’Ubisoft commençait sérieusement à me taper sur les nerfs. Cet opus n’est pas révolutionnaire (superbe jeu de mots) mais il a le mérite de vouloir reprendre un peu la formule éculée depuis Assassin’s Creed 2. Restons objectifs, Assassin’s Creed : Unity m’a pas mal plu sur certains aspects mais également confirmé dans mes réticences sur d’autres. Le plus gros problème pour Unity, ce sont les circonstances « extérieures » lors desquelles j’ai découvert son univers historique. En effet, parallèlement à Unity, j’ai fait la bêtise de me lancer à corps perdu dans Elden Ring. Autant vous dire que le titre d’Ubisoft n’en mène pas large sur tous les aspects que peut constituer un jeu vidéo. Il se fait atomiser pour être exact. Alors à défaut de ne pas être les mêmes propositions, on arguera qu’il s’agit tout de même de jeux d’aventure/exploration en vue à la troisième personne situés dans un contexte historique passé permettant de se battre aux armes blanches (épée, dague etc.). Bref, la comparaison insidieuse a tourné largement au désavantage de Unity au point que revenir dessus pour terminer l’aventure devenait un calvaire. J’invite tous mes lecteurs à jouer 80h à Elden Ring puis, de couper sa session, pour jouer 1h ou 2h sur Unity. Vous allez haïr Assassin’s Creed… Comparaison n’étant pas raison, j’ai quand même pris conscience que certains studios sont plus passionnés par ce média que d’autres et que cela se ressent inévitablement dans leur création.
Nous allons commencer par entrevoir tous les bons aspects de cet Assassin’s Creed Unity :
Points positifs :
- Bon moteur graphique, très satisfaisant même aujourd’hui en 2023. Alors je suis au courant du scandale lié aux performances à la sortie du titre en 2014, qu’il y avait pas mal de bugs, de plantages etc. Mais force est de constater que 9 ans après, Assassin’s Creed : Unity reste un beau et plaisant jeu à parcourir. Paris est très jolie et relativement fidèle à la réalité.
- Plaisir de croiser et gravir les divers monuments de Paris. Etant parisien, passionné d’histoire, je peux vous dire que Unity est fidèle à la réalité dans son interprétation des monuments, bâtiments et autres ponts. Ils ont même reproduit via des sources anciennes certains monuments détruits et qui n’existent plus aujourd’hui, ils ont pensé à représenter certains cours d’eau aujourd’hui souterrains comme la Bièvre. C’est globalement du bon boulot qui amplifie l’immersion même si j’imagine que beaucoup de joueurs ne s’en rendent pas forcément compte.
- Gestion des foules impressionnante. Certes les foules ne se déplacent pas tant que cela en restant figées sur place à protester face à un bâtiment ou un événement mais j’ai trouvé impressionnant le fait de faire apparaître autant de PNJ partout et tout le temps au cœur de Paris. J’ai rarement vu un jeu en monde ouvert afficher autant de PNJ au mètre carré.
- Maniabilité du héros assouplie. Le gameplay est plus permissif dans les sauts, le tout est plus souple grâce à la course vers le haut (gâchette + A) pour monter tout ce que Arno croise ou la course vers le bas (gâchette + B) pour indiquer au héros qu’il faut juste franchir le décor pour poursuivre sa course, et non grimper sur les éléments.
- Les Récits Parisiens, des quêtes secondaires développant des personnages réels, des événements ou des anecdotes sur l’histoire de la ville de Paris.
- L’originalité des missions d’enquêtes pour meurtre. Elles ne sont pas transcendantes et un brin répétitif mais j’ai apprécié la formule. Idem pour les missions « Anomalies temporelles », très bonne idée et bien exécutée.
- Dans certaines quêtes principales, la volonté de tendre vers une formule Hitman. C’est-à-dire de laisser le choix au joueur de tuer sa cible selon ses actions. Les lieux, les événements en cours permettent au joueur d’orienter cela et je trouve que c’est une excellente idée.
- Un scénario pas si manichéen que cela. Je m’attendais vraiment à une ode contre la monarchie absolue et pour la Révolution. Au final, les scénaristes d’Ubisoft ont fait preuve d’un peu plus de nuance. C’est appréciable au vu des scories bien-pensantes de certains épisodes, je pense notamment au troisième opus.
- Aire de jeu plus restreinte mais davantage de verticalité, d’intérieurs et de variations dans la manière d’approcher une mission.
Points négatifs :
- Malgré une amélioration nette des déplacements du personnage, le gameplay des Assassin’s Creed fut, reste et sera toujours brouillon. Nous avons tous connu la frustration, et cela continuera tant que cette série durera, des moments de course où vous vous retrouvez à grimper des décors à la con, à sauter à des endroits où vous ne voulez pas être à courir contre un mur en voulant franchir une porte, à vouloir descendre d’un promontoire où des ennemis en profite pour vous tirer dessus mais galérer à ordonner au personnage de faire tel ou tel mouvement dans telle ou telle direction. Ce gameplay hiératique est inhérent à la saga, Unity n’en démord pas.
- L’intérêt des combats est en dessous du niveau de la mer. Rarement vu des combats aussi à chier que dans cet épisode. C’est de pire en pire et les épisodes précédents n’étant en rien des exemples en la matière. On ne prend malheureusement aucun plaisir à affronter les ennemis, tout est plus ou moins scripté, automatisé… Rien ne va. Une catastrophe.
- En parlant de l’indigence des combats, je souhaiterais relever en point négatif le nombre exagéré d’IA hostile, de gardes dans les rues de Paris. C’est trop. Partout, tout le temps. Sur certaines quêtes où j’étais repéré (parfois à cause de l’imprécision d’un mouvement ou par l’absolue omniscience des ennemis ; insupportable ça aussi), je pouvais avoir aux trousses une quarantaine de soldats.
- Quête principale nulle à chier. Décidément, je n’y arriverais pas. La dualité transhistorique, multi civilisationnel, entre Assassins et Templiers… Non, définitivement ce n’est pas pour moi. Je n’y crois pas, malgré ma bonne volonté ceci est au-delà de mes forces. Par ailleurs, aucun attachement pour les personnages de Arno en passant par sa gonzesse jusqu’aux membres des factions. On s’en bat les couilles. Dommage.
- Beaucoup trop de collectables, d’activités annexes sans grand intérêt et de missions secondaires. Quand vous affichez tous les marqueurs sur la petite carte de Paris (oui la surface de jeu n’est pas très grande au final), cela vous donne la nausée. Des centaines de points d’intérêts, de trucs à ramasser (coffres notamment) vous donnent l’impression d’être assailli par les corvées. Ce modèle de monde ouvert appartient définitivement au passé après le passage de chefs d’œuvre comme Zelda Breath of the Wild ou Elden Ring.
- Un mode coopération anecdotique, gadget, mis en avant par les développeurs à l’époque et constamment proposé en jeu via des missions annexes. Franchement si cela peut divertir le temps d’une ou deux missions, l’intérêt de la coopération dans un jeu tel qu’Assassin’s Creed équivaut quasiment au néant. Ce n’est pas vraiment un défaut ou un point négatif en soi, je suis juste dubitatif devant cette proposition de jeu n’apportant aucune plus-value.
- DLC à Saint-Denis payant et aire de jeu à Versailles minuscule et sans intérêt hormis le château servant exclusivement la quête principale. Pas possibilité de visiter le jardin du château.
En conclusion, Assassin's Creed : Unity marque un effort notable d'Ubisoft pour insuffler un vent de fraîcheur dans une franchise qui semblait s'essouffler. Ce jeu n'est certes pas exempt de défauts, comme le soulignent les problèmes de gameplay et un scénario qui peine à captiver, mais il brille par son audace dans certains aspects. La reconstitution de Paris est époustouflante, offrant une immersion historique appréciable. Les innovations, telles que les missions d’enquêtes pour meurtre et les Anomalies temporelles, ajoutent une dimension intéressante au gameplay. Cependant, il est impossible de négliger les faiblesses de Unity, surtout lorsqu'il est comparé à des titres récents comme Elden Ring. Ces comparaisons mettent en lumière les lacunes du jeu en termes de combats et de liberté d'exploration, révélant un certain manque de passion et d'innovation qui a longtemps caractérisé la série. Unity, avec ses hauts et ses bas, reste une étape importante dans l'évolution de la licence, on le constate a posteriori. Il témoigne de la volonté d'Ubisoft de revisiter et de renouveler sa formule, même si le succès n'est pas total : à peine 10 million de vente. Pour les fans de la série et les amateurs d'histoire, ce jeu offre des moments de plaisir indéniables, malgré ses imperfections. C'est une preuve que même une franchise établie peut encore surprendre et offrir des expériences valables, à condition de prendre des risques et d'écouter ses fans.