Ball x Pit (2025) est un jeu original qui mélange l’arcade du casse-brique d’antan et la logique du roguelite. Comme déjà évoqué dans un avis précédent, nous vivons l’époque du grand mixage des genres. Il devient difficile de classer un jeu dans une catégorie bien définie, en particulier sur la scène indépendante dont Steam nous abreuve chaque année.

Que dire sur Ball x Pit ? À la base, l’ADN vient du casse-brique, on imagine la petite plateforme en bas de l’écran, le déplacement horizontal, les rangées d’ennemis-briques en haut, et l’objectif simple mais diabolique consistant à casser une à une les briques en rattrapant la balle et en jouant sur les angles de rebond. Sauf qu’ici, on dépoussière franchement la formule, exit la plateforme, exit le game over punitif si la balle t’échappe, exit le simple aller-retour latéral. Dans le jeu publié par Devolver Digital, tu te déplaces sur toute la surface de l’écran et surtout, tu incarnes un personnage parmi plusieurs, chargé de survivre à des vagues de monstres.

Le casse-brique devient alors un prétexte à ce qui fait le cœur du jeu : le « build ». Chaque personnage est spécialisé dans un type de dégâts lié aux balles que tu lances (glace, feu, terre, saignement, poison, lumière, ténèbres, etc.), et l’intérêt consiste à composer, empiler des effets, provoquer des synergies, fabriquer des cocktails qui transforment une pluie de rebonds en machine à nettoyer l’écran. Le jeu te noie volontairement sous les possibilités avec plus de soixante types de balles à équiper et à fusionner, des effets élémentaires à profusion, et cette sensation permanente que tu n’es plus seulement en train de bien jouer, mais de planifier ta progression, choix après choix, amélioration après amélioration.

Et puis, comme si ça ne suffisait pas, une fois un palier franchi (ou une séquence terminée), retour à la base. L’objectif change, il s’agit désormais d’investir dans la ville qui regroupe tous les PNJ, la Nouvelle Ballbylon. Ici, tu dois construire et agencer la ville pour optimiser tes ressources, bénéficier de bonus, débloquer de nouveaux personnages, gagner de nouveaux avantages en jeu, etc. Et Ball x Pit se transforme soudainement en jeu de construction/placement, presque à la manière d’un Tetris. Ce nouveau système n’est pas une simple base décorative, c’est le moteur qui élargit progressivement ton champ de possibilités en run puisque l’évolution de la ville correspond intrinsèquement à la montée en puissance des personnages. Oui, dit comme ça, ça peut sembler confus mais c’est aussi un peu le projet du titre : l’abondance et les combinaisons à tout va. Ball x Pit accumule volontairement des systèmes (build, fusion, statuts, progression, construction, déblocages) et te fait passer d’une logique à l’autre sans préliminaire. On peut trouver ça grisant, généreux, et surtout chronophage ou au contraire fatigant, selon ta tolérance à la surenchère de mécaniques.

La contrepartie à tout ce bordel, à cet empilement déraisonnable de systèmes additionnant des statistiques infinies, c’est que le jeu devient très rapidement trop facile. On écrase tous les niveaux un par un quelque soit la combinaison de personnages et de boules. Si vous êtes soucieux de l’optimisation, tu rouleras sur le jeu passé les dix premières heures. Enfin, autre défaut selon moi, Ball x Pit devient rapidement répétitif surtout lorsque le jeu t’encourage à terminer tous les niveaux avec tous les personnages. Certes, la répétition fait partie intégrante de l’expérience roguelite mais là, elle se fait particulièrement sentir dès les premières heures.

Bref, Ball x Pit prend l’ancêtre du casse-brique, lui enlève ses barrières, ses limites et le recolle à une boucle de roguelite qui ne tient que par une obsession : les combinaisons et la surenchère mécanique caractéristique de notre époque. Le titre de Devolver Digital reste fondamentalement bon, aucun souci là-dessus, mais il a du mal à maintenir un intérêt sur le long terme tant la difficulté devient anecdotique et la répétitivité lassante. Gardons de condamner lourdement ce titre, car après toute la difficulté comme l’ennui sont des paramètres relativement subjectifs. Au final, j’ai bien apprécié l’expérience, rejouer à un casse-brique moderne m’a franchement plus, cela faisait une éternité que je n’avais pas joué à ce genre tombé en désuétude avec l’évolution du jeu vidéo. Malgré quelques écueils, Ball x Pit reste particulièrement addictif et plaisant. Je le recommande à tous les amateurs de roguelite.

silaxe
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il y a 4 jours

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silaxe

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