Le jeu est toujours une tartine de kiff, la qualité du remaster un poil moins

Bandai Namco nous offre enfin la possibilité de remettre la main sur Baten Kaitos et sa préquelle, sortis de façon trop confidentielle au début des années 2000. Le doux rêve du remake ambitieux évacué, on s’en tient ici à la promesse d’un simple remaster HD. Si le contrat de base est effectivement rempli, on aurait cependant aimé un peu plus de soin à l’emballage.

D’abord du point de vue technique, les choses ne se sont pas vraiment améliorées par rapport à l’époque où Jacques Chirac était encore président. Ainsi, le framerate n’a pas été harmonisé (on se retrouve avec des zones à 30fps, d’autres à 60), les ralentissements n’ont pas été corrigés (notamment dans les phases de combat), et certains tableaux/décors, créés en 4:3, apparaissent désormais avec des bandes sur le côté. Une déception certaine puisqu’elle enlève un confort de jeu que l’on est en droit d’attendre sur une machine telle que la Switch. Au moins, le lifting HD sied particulièrement aux décors précalculés. La peur de voir leurs imperfections ressortir s’envole très vite: ils sont au contraire sublimés, et on peut désormais apprécier les détails les plus fins.

Du point de vue localisation, il y a apparemment eu quelques erreurs en cours de route, notamment dans la mesure où, en combat, la synthèse de tour (désactivable par ailleurs) contient de l’anglais même en VF, chose qui n’était pas présente sur la version PAL de 2003. Sans grande surprise, BK origins est resté en anglais, le jeu n’ayant jamais été traduit en français. Cela est bien évidemment dommageable, mais on ne pourra que difficilement reprocher à Bandai Namco de ne pas avoir investi dans une trad multi-langage pour un jeu de 2006. A noter que, du point de vue doublage, seul le japonais est disponible. On peut se réjouir d’avoir enfin accès au cast japonais depuis notre continent, mais tout aussi regretter de ne pas avoir le choix avec l'anglais.

Enfin, ce remaster apporte des options de confort bienvenues, qui permettent d’accélérer les phases de déplacement et de combat jusqu’à 3 fois, d’éviter les combats aléatoires, ou de tuer les ennemis (y compris boss) d’un coup. Malheureusement pour Baten Kaitos, son système de combat ne permet pas vraiment d’utiliser sereinement l’option pour accélérer les affrontements. En effet, les tours d’attaques, en temps limité, nécessitent de choisir les cartes rapidement tout en ayant un œil sur leur nature élémentaire et leur chiffre afin de créer des combos et maximiser les dégâts. Les tours de défense, eux, nécessitent une réactivité encore plus fine, pour parer les attaques ennemis arrivant en “temps réel”. Chaque coup d’ennemi requiert l’utilisation d’une carte défensive dans un délai très restreint, la nature élémentaire et le chiffre des cartes devant être là aussi surveillés.

Or, accélérer ces phases en x2 ou x3 rend la bonne sélection des cartes quasi impossible en attaque (difficile de prévoir en amont un bon combo de trois ou quatre cartes en 3 secondes) et tout aussi compliqué en défense. On se retrouve alors souvent avec des personnages timed out (qui passe donc leur tour) et des ennemis qui ont tout le loisir d’asséner leur premier coup sans que l’on puisse avoir le temps de sélectionner une carte de défense. Ainsi, pour éviter de s’arracher les cheveux et pour profiter d’un système de combat qui n’a pas perdu de sa superbe, repasser en vitesse normale devient impératif. Dommage pourtant, car les combats du 1er Baten Kaitos ont un rythme plutôt long et s’étendent souvent sur plusieurs minutes. Un système d’accélération/décélération activable à tout moment via un bouton n’aurait donc pas été de refus.

En résumé, ce remaster remplit sa mission de base: offrir un lifting aux jeux d’origine, et permettre de s’y replonger plus convenablement sur une machine récente. Pour le reste, on sent que Bandai Namco n’a pas vraiment cherché à peaufiner les contours, préférant s’en tenir à la restitution du matériau brut, avec son lot de petits accrochages techniques et petites déceptions.