Le cas d’école des limites d’un jeu qui se disperse beaucoup trop

Chaque année les suppliques pour un Beyond Good & Evil 2 se font tellement entendre lors des grands salons qu’il me fut impossible de ne pas avoir envie de découvrir le premier épisode et son petit statut culte obtenu au fil des années, véritable perle dont la suite serait injustement absente depuis trop longtemps, ou jeu simplement correct overhypé par des fans ultra-actifs ? Personnellement, j’ai peur de tendre davantage vers la deuxième option.



GAMEPLAY / CONTENU : 5 / 10



Pour les combats, le maniement est souple et agréable mais un peu trop basique, je dis ça pour que les combats mais ça se généralise en réalité aux phases de course, d’infiltration, de plate-forme, de tir... c’est facile à prendre en main mais très vite je me suis dit c’est dommage que ça n’aille pas plus loin : plus de combos ou d’armes pour le combat, plus de personnalisation de l’hovercraft pour la course, plus d’options que s’accroupir bêtement pour l’infiltration, plus de mouvements que la simple roulade pour la plate-forme... On retrouve également cet aspect dans les mini-jeux mais comme c’est vraiment des mini-jeux là c’est tout à fait normal. Des bases propres sont posées pour chaque jouabilité mais comme il y a plein de gameplay différents en un, logiquement ils sont tous un peu sous-exploité.


Tous ? Non, l’irréductible réflexion est quant à elle vraiment bien foutue à mon goût, car oui il y a aussi pas mal d’énigmes en complément de tout le reste déjà mentionné et j’ai trouvé qu’elles se renouvelaient très bien avec toujours de nouvelles idées rafraîchissantes, que la difficulté était croissante sans pics absurdes, que la résolution était toujours logique... sur ce point je n’ai rien à redire, le puzzle gaming est maîtrisé et abouti, si ça avait été le cas pour les autres gameplay ce jeu serait un véritable chef d’œuvre. C’est difficile de réussir autant de gameplay, je le conçois mais dans ce cas-là il ne faut en retenir que quelques uns pour mieux les travailler à mon sens.


Un autre élément de gameplay qui vient limiter ce potentiel c’est que la caméra est vraiment à la ramasse, quand elle est libre elle n’offre pas un angle de vue suffisant pour bien apprécier les décors et peut vite en plein combat se retourner contre nous, quand elle est imposée elle trahit trop clairement le chemin à parcourir, sans parler du fait qu’elle peut facilement se planter dans un décor et se mettre à trembler dans tous les sens. Par contre, mention spéciale pour l’ergonomie du clavier en spirale très efficace à la manette et que je n’avais jamais vu ailleurs, je regrette qu’ils n’en aient pas fait une norme parce que ça marche vraiment super bien, à la fois rapide et précis, plus qu’en interagissant avec un clavier standard virtuel.


Le bestiaire est assez fourni, on ne croise pas trop souvent le même type d’ennemis et quelques uns renouvellent un tout petit les combats, ce qui n’est vraiment pas un mal, on a également quelques boss tout à fait honorables même s’ils ont peut-être tendance à claquer un peu vite. Exception faite du boss final et là gros coup de gueule car je n’ai pas pu le tuer, les phases d’action étant tellement faciles tout du long même à la fin que j’ai jamais jugé utile de payer des consommables de soin, résultat avec le système de sauvegarde du jeu je suis piégé au boss final sans soins ou possibilités d’en acquérir et la septième et dernière forme du boss est tout simplement impossible dans ces conditions, j’ai passé 3 heures réelles dessus, à apprendre par cœur l’enchaînement, à m’habituer aux contrôles inversées… je l’affirme c’est impossible et c’est quelqu’un qui a tué 30 fois le boss le plus difficile de Dark Souls 3 qui le dit (sisi pour les médailles solaires à haut level).



REALISATION / AMBIANCE : 7 / 10



Les décors sont étonnamment en dents de scie, parfois absolument magnifiques, d’autres fois terriblement quelconques, et au final pas très nombreux. On a là une belle illustration du léger manque de contenu du jeu qui n’a pas bénéficié je pense d’un temps de développement assez long, ça aurait été super sympa d’aller dans le désert, dans une montagne enneigée... là c’est vraiment le limite syndical en terme de diversité. D’ailleurs vu comment les perles sont données vers la fin du jeu en grand nombre, je pense réellement qu’il y a des passages entiers qui ont sauté parce que ça aurait pris trop de temps de les faire. Par contre, le cycle jour / nuit en continu à l’extérieur est du plus bel effet et apporte un vrai bonus à l’immersion.


Le concept de l’appareil photo pour « chasser » les bestioles et récolter des preuves pour faire avancer l’histoire est sympa dans l’idée mais un peu sous-exploité dans la pratique, ça aurait été sympa d’y introduire des éléments de gameplay : de découvrir des faiblesses de l’ennemi à exploiter via la photo, d’étourdir par le flash sur des animaux sensibles à la lumière... à l’image du reste où l’idée de base est intéressante mais n’a pas pu être développé comme il le fallait. Ici ce n’est qu’un prétexte comme un autre pour faire avancer l’intrigue du titre.


Le scénario est plutôt correct mais il repose en grande partie sur son héroïne charismatique, plutôt mignonne, assez courageuse, souvent amusante... sans en devenir un personnage d’exception c’est clairement une héroïne de jeu vidéo convaincante à une époque où ça se faisait rare (même aujourd’hui d’ailleurs). On a un espèce de passage d’un état d’esprit léger et naïf à un endurcissement vu toutes les épreuves qui vont crescendo, j’ai trouvé ça intéressant mais c’est un peu que ça que j’ai retenu donc c’était pas non plus transcendant pour ma part.


Les doublages français sont par contre assez marrants avec plein d’accents improbables qui participent au charme du jeu mais tous les dialogues ne sont malheureusement pas doublés. Les musiques sont également de très bonne qualité et ils ne se sont pas interdits des petites excentricités amusantes également. C’est donc une assez bonne ambiance qui se dégage du titre avec une écriture relativement facile et agréable à suivre mais rien de suffisamment ambitieux ou grandiose pour vraiment compenser les problèmes de gameplay et contenu mentionnés plus tôt.



CONCLUSION : 6 / 10



En somme, Beyond Good & Evil a de belles qualités et de grandes ambitions pour lesquels j’ai un profond respect mais le résultat final c’est pour moi un jeu fourre-tout qui ne réussit à aller jusqu’au bout de pas grand chose, comme précisé dans l’intitulé je le considère comme le cas d’école des limites d’un jeu qui se disperse beaucoup trop, et son héroïne et scénario tout à fait sympathiques ne m’ont pas paru non plus formidables. Néanmoins, je suis très curieux de sa suite qui vu son temps de développement pourrait rectifier le tir s'ils ne se plantent pas, wait and see.

damon8671
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le 22 oct. 2016

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damon8671

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