Quatrième jeu de Quantic Dream, après notamment les excellents Fahrenheit et Heavy Rain, Beyond : Two Souls est initialement sorti en octobre 2013 sur PS3.
Ses prédécesseurs ayant marqué les esprits par des histoires fortes et des ambiances travaillées, on en attendait légitimement autant de nouvel effort du studio de développement français.
Beyond : Two Souls reprend le principe des jeux précédents, à savoir une aventure très axée sur la narration, où le joueur intervient de manière assez limitée, via des phases de recherche, d’action ou de dialogues. Les choix du joueur influencent donc le déroulement de l’histoire qui pourra ainsi prendre différentes tournures.
Ici, on incarne Jodie, une orpheline qui vit en permanence aux côtés d’un « esprit » qu’elle appelle Aiden. Cet esprit invisible veille sur elle et ses interventions vont vite être interprétées par son entourage comme des pouvoirs télékinésiques, ce qui conduira Jodie, alors encore enfant, à être placée sous la tutelle d’une agence scientifique gouvernementale.
Le jeu vous permet ainsi de « switcher » entre Jodie et Aiden, ce dernier ayant la faculté notamment de traverser les murs ou de prendre le contrôle de certains humains par exemple. Des capacités qui seront bien entendu au centre du gameplay du jeu.
En termes de narration, l’aventure se déroule de manière non linéaire et vous allez donc aller et venir à différents moments de la vie de Jodie, ce qui rend malheureusement la lecture des événements parfois un peu compliquée, malgré l'affichage d'une timeline durant les (longs) temps de chargement.
Comme dans les jeux précédents, il faut avant tout aimer se laisser bercer par une histoire, une ambiance, des personnages…car Beyond : Two Souls vous laisse extrêmement peu de liberté de mouvement, on va là où le jeu veut qu’on aille, avec souvent peu de choses à faire. Pour ceux qui n’ont jamais fait de jeu Quantic Dream, il vaut mieux le savoir avant de s’y plonger, au risque d’être déçu, car assurément, le concept n’est pas fait pour tout le monde.
Pour « compenser » ce manque de liberté, le jeu propose des personnages forts dont les traits sont bien connus du grand public puisqu’ils reprennent ceux d’acteurs tels qu’Ellen Page, Willem Dafoe ou encore Eric Winter (ce n’est pas le frère d’Ophélie pour ceux qui se posent la question !).
Pour autant, Beyond : Two Souls est-il aussi bon que les productions précédentes de Quantic Dream ? Si ce sera bien sûr à chacun d’en juger, il faut reconnaître que le soft pourra décevoir en plusieurs points. Si graphiquement, le jeu se défend plutôt bien pour un environnement PS3, un aliasing assez présent et des textures parfois grossières gâchent un peu le rendu général. On observe aussi des ralentissements et des retards d’affichage assez fréquents (à moins que ce ne soit cette bonne vieille console qui montre des signes de fatigue…).
De même, là où les titres précédents marquaient le joueur par leur ambiance ultra travaillée, Beyond : Two Souls n’atteint pas leur niveau d’excellence, la faute à une bande son plutôt anecdotique (sauf peut-être à la fin) et des environnements pas toujours inspirés.
Le démarrage poussif de l’aventure n’aide pas non plus le joueur à s’enthousiasmer, et que dire également du gameplay, parfois pénible et inintéressant (notamment sur les phases d’action, souvent ratées), quand bien même on n’ait rien contre les QTE ou les phases interactives dont la finalité est anecdotique.
Du reste, le challenge est très peu relevé et la difficulté réduite au strict minimum.
On sera également critique envers la mise en scène de cette aventure, notamment les phases où Aiden use de ses pouvoirs pour protéger Jodie (destructions, incendies, meurtres…), qui manquent franchement de panache là où on pouvait légitiment attendre quelque chose de nettement plus pêchu et jouissif.
Enfin, on l’a vaguement évoqué plus haut, mais les phases de « combats », notamment avec Aiden, manquent elles aussi d’éclat. Elles sont même franchement brouillonnes, et en tout cas, d’un intérêt plus que limité.
Reste que ceux qui apprécient habituellement le travail de Quantic Dream pourront tout de même prendre un certain plaisir, notamment à mesure que l’aventure avance, la dernière partie étant plus emballante que le début. Au demeurant, certaines séquences sont tout de même assez sympas et plus globalement, cette histoire d’infra-monde (qui rappellera un peu la série Stranger Things) n’est pas déplaisante bien qu’un peu abstraite et parfois bancale.
Beyond : Two Souls s’adressera donc en priorité à ceux qui aiment l’approche conceptuelle de Quantic Dream, les autres trouveront que « ce n’est même pas un jeu » en raison d’un gameplay très assisté et l’absence de challenge.
Mais même les habitués risquent de se montrer déçus en raison du manque d’évolution dans ledit concept - qui peine à se renouveler et qui vieillit plutôt mal- de l’intérêt très inconstant des différentes scènes et de son ambiance pas à la hauteur des précédents titres du studio.
A vrai dire, c’est d’autant plus frustrant que tout n’est pas à jeter, loin de là, notamment au niveau scénaristique et des différentes idées développées. Mais un goût persistant d’inachevé se fait sentir tout au long de l’aventure.
A réserver donc, uniquement aux fans de David Cage et/ou de « films narratifs à embranchements ».