BioShock Infinite
7.5
BioShock Infinite

Jeu de Irrational Games et 2K Games (2013PlayStation 3)

Lorsque tout commence, c’est une atmosphère sombre et pesante qui nous accueille pour entamer notre troisième aventure de Bioshock. L’orage gronde, et le ciel noir et menaçant semble peser comme une masse au-dessus de notre tête. Mais on y est presque habitué maintenant, pas vrai ? Comme la première fois, on entre dans le phare qui se dresse au beau milieu de la tempête, mais plutôt que de plonger dans l’univers de Rapture, on s’envole cette fois-ci en direction du ciel déchainé et lorsqu’on émerge enfin des nuages, c’est pour découvrir un tout autre monde au contraste saisissant : la cité volante de Columbia.


Columbia constitue la première claque de ce jeu. Immense ville flottante bordée de nuages d’un blanc de neige et baignée d’une lumière solaire dont les reflets dorés font briller chaque bâtiment, chaque monument. Une ville haute en couleur, scintillante sous le ciel d’un bleu immaculé, à laquelle la direction artistique donne un charme fou. Les passants y déambulent, rendant l’ensemble vivant, ils vous saluent, puis vous arrivez à une foire plus vraie que nature. Dès mes premiers pas dans les ruelles pavées de la cité, j’y ai cru. La clarté des environs est à Columbia ce que les ténèbres étaient à Rapture. Et pourtant, derrière cette première vision du paradis qui s’offre au joueur, se cache un véritable enfer dont on prend peu à peu conscience. Car la ville fait l’objet d’un culte de la personnalité autour de Comstock, prophète autoproclamé, dont la société propagandiste, profondément raciste et élitiste, prône la destruction de la Sodome Inférieure : le monde d’en bas. L’univers de Bioshock Infinite est incroyablement marquant, et si le changement de décor est radical, le jeu ne renie pas pour autant ses origines, renouant avec une forme de folie ambiante propre à la série.


On retrouvera également les toniques, alternatives aux plasmides des premiers épisodes, qui nous permettront de retrouver l’âme du jeu au travers du gameplay. Gameplay qui a lui aussi été sujet à modifications, rendu plus dynamique et aérien. Si certains peuvent légitimement se sentir quelque peu trahi par ce parti-pris, je l’ai, pour ma part, trouvé tout simplement jouissif. On se balade, suspendus aux rails qui relient les différentes parties de Columbia, et c’est à une vitesse vertigineuse que l’on fond sur nos ennemis, on se planque, on recharge puis on repart, envoyant tantôt une décharge électrique à un assaillant situé trop près d’une flaque d’eau, collant à un autre une balle de sniper entre les deux yeux… les gunfight sont nombreux et, bien que pas forcément adepte de FPS, je me suis éclaté.


Mais j’en arrive aux deux points qui valent à eux seuls qu’on se penche sur ce jeu, car Bioshock Infinite ne serait pas ce qu’il est sans Elizabeth, principal protagoniste de cet opus. Là où la série nous avait habitués à nous contenter de la solitude pour seule alliée, voilà qu’arrive un des personnages les plus attachants et crédibles jamais créés dans un jeu. Tout au long de l’aventure, et ce dès notre rencontre avec Elizabeth, elle ne cessera de nous surprendre et nous émouvoir. Un air de musique se fait entendre au loin et la voilà partie sur la piste à danser avec les habitants de Columbia. Alors que tout semble perdu au milieu du combat, elle vous enverra une trousse de soin pour vous permettre de repartir de plus belle. Elle s’émerveille, blague, pleure, et vit à vos côtés. Et nous, on s’inquiète pour elle, on s’attache à cette belle et jeune femme qui se révèle aussi forte qu’elle n’est fragile.


Mais Elizabeth est également au centre d’une histoire riche et complexe, d’un scénario qui me convainc définitivement que Bioshock Infinite fait parti de ces perles rares du jeu vidéo, réussi à tous les niveaux. En effet, on s’aperçoit tôt dans l’aventure que la belle possède des pouvoirs étranges et insoupçonnés qui seront à la base même de cette intrigue qui ne cessera de nous perdre. On se questionne et on poursuit notre route à la recherche de réponse jusqu’à un dénouement qui restera gravé dans ma mémoire. Une prouesse scénaristique et narrative qui nous plonge dans une certaine torpeur lorsque le générique de fin se dévoile à nos yeux.


J’étais déjà conquis lors de ma découverte de Columbia, je n’ai cessé d’y croire tout au long de l’aventure, et je termine la tête dans les nuages.


« J’ai choisi l’impossible. J’ai choisi… la Rupture. »


Tels auraient pu être les mots de Ken Levine, concepteur de Bioshock, et c’est la dernière raison qui me pousse à attribuer cette note à Bioshock Infinite, au-delà de mon expérience de jeu. En effet, à l’heure où les éditeurs et développeurs semblent plus que jamais motivés par la logique économique que par l’amour du jeu, nous servant des suites de suites sans saveur prêtes à vendre leurs âmes au diable pour le profit, ce troisième opus décide de prendre le contrepied de cette tendance, de prendre un risque pour servir aux joueurs quelque chose de nouveau. Et le pari est réussi ! Sans pour autant perdre l’identité de la série ou la dénaturer, Bioshock Infinite marque une rupture certaine avec ses prédécesseurs par l’introduction du magnifique personnage d’Elizabeth, d’une ambiance et d’un univers aériens, ou encore de ce gameplay plus dynamique que jamais. Bioshock se renouvelle, gagne un nouveau souffle tout en gardant son charme et sa qualité. Une intention louable et à encourager quand on voit le résultat, et pour cela je dis chapeau et merci.


Comme toute œuvre, Bioshock Infinite comporte ses imperfections, je le reconnais tout comme je peux comprendre la réticence de certains face aux changements de directions. Mais pour ma part, ces défauts ne pèsent pas lourd dans la balance lorsque l’ensemble marque l’esprit à ce point. N’étant pas convaincu par les jeux de la génération actuelle, je suis heureux de constater que certains viennent me donner tord de temps en temps, et Bioshock est de ceux-là.

Gilraen
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 30 Days Video Games Challenge, Les meilleurs jeux vidéo des années 2010 et Les jeux aux meilleures fins

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le 9 juil. 2014

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Gilraën

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