Blasphemous
7.5
Blasphemous

Jeu de The Game Kitchen et Team17 (2019PC)

Faut quand même l'avouer : une église, c'est tout de même sacrément flippant.

Le lieu est froid, haut de plafond et sinistre. Les illustrations que l'on peut voir son souvent des épisodes de la bible assez lourd émotionnellement. Un corps crucifié, couronné d'une couronne d'épine et saignant au niveau du flanc vous observe depuis l'entrée. Et comme si c'était pas assez sinistre... un mec habillé comme un liche nécromancienne vous raconte des évangiles de bonne conduite... souvent dans une langue morte... et vous devez l'appeler "Mon Père" (une nomenclature des plus innapropriées dans son cas vu qu'un prètre fait voeu de chasteté).

Du coup... c'est à se demander pourquoi recourrir à l'iconographie sataniste pour faire de la Dark Fantasy (comme Diablo ou Devil May Cry) quand la "Maison du Seigneur" regorge déjà d'une vaste matière pour inspirer notre imaginaire dérangé.

Le studio espagnole The Game Kitchen ne pouvait donc rêver mieux comme matériau que la culture et l'art folklorique de l'Andalousie pour créer le terrain de jeu de Blasphemous. J'y ai tout reconnu : de la Cathédrale de Séville à la mosquée de Cordoue, en passant par les plaine arides et désolée du sud de l'espagne... sans oublier un petit easter egg sous la forme d'une mini jeu Blasphemous encore plus rétro et encore plus pixelisé dans l'Alcazar de Séville.

Mais au-delà d'un voyage dans des lieux touristiques... c'est une véritable plongée dans un obscurantisme écclesiastique suffocant. Notre personnage, Le Pénitant, effectue dans le silence un long parcours de repentance... armée d'une épée forgée dans la culpabilité d'une femme que le suicide a changé en pierre. Au cours de son voyage, il croisera des âmes en peine, affligées de remords, humilié pour leurs péchés ou souffrant du fléau qui frappe le monde de Custodia... "Le Miracle"... que sa haute sainteté semble être en train d'embrasser dans un acte de foi aussi pieux que malsain.

Bref... à Custodia, y a rien qui va... et le jeu est rigoureux sur ce plan. Attention : l'atmosphère n'est aps terrifiante, elle est juste dérangeante... malsaine... et on se sent de plus en plus souillé mesure que l'on explore cet univers d'une piétée exarcerbée. Je n'avais plus ressenti une telle atmosphère depuis Diablo 2 (certains thèmes musicaux rappelleront tout de suite celui de Tristram).

Voilà... ça c'est pour le visuel.

Qu'en est-il du gameplay ?

Honnêtement, c'était mon premier Metroidvania. Donc je doute que ma critique soit représentative vis à vis de ce genre... mais après une longue et désagréable expérience ludique sur Elden Ring... le moins que je puisse dire... c'est que j'ai savouré Blasphemous.

J'ai trouvé dans Blasphemous ce que je n'ai pas trouvé dans le dernier titre de From Software... à savoir :

1) Un gameplay exigeant mais qui se montre pédagogique. Lorsque vous récupérez un nouveau pouvoir, un nouveau passif, ou un nouvel objet... l'inventaire que vous ouvrez dans la foulée VOUS MONTRE CET OBJET et vous donne sa description et ce que ça fait ! Le jeu ne vous largue pas dans la mélasse comme on enverrai un faon nouveau né dans un enclos au milieu des loups...

L'aspect platteforme est assez réussi... mais peut-être devrais-je signaler que j'ai joué à ce jeu 2 ans après sa sortie : un grand nombre de patch, correctif et de DLC gratuit ont dû bien optimiser ce jeu. Ce qui fait que le Blasphemous de 2022 est agréable et rarement rageant sur le plan platteforme à cause d'un saut effectué un pixel trop tôt ou trop tard.

2) Une difficulté... qui réussit le brio... d'être DIFFICILE et non frustrante. Ca parrait con dit comme ça, mais la plupart des jeux ayant emprunté le style "soul-like" auxquels j'ai joué (Witcher 2, Witcher 3, Elden Ring...) confondent ces deux mots.

La frustration dans un jeu, c'est quand on perd contre toute attente parce que le jeu a décidé de vous prendre de court à tel moment.

La difficulté dans un jeu, c'est quand on perd et que c'est prévisible du fait d'un savoir faire encore non maîtrisé.

The Game Kitchen a parfaitement compris cette nuance et a fait de Blasphemous... un jeu difficile, et contre toute attente... il réussit à ne jamais être trop injuste (sauf peut être la phase 2 de Crisanta... là j'admets avoir saigné des larmes). Les boss qui m'ont vraiment semblé récalcitrants (comme la Dame au Visage calciné, Crisanta, Quircé ou la déesse de l'Ossuaire) finissent tôt ou tard par devenir prévisible dans leurs mouvements... Plusieurs fois me suis étonné à galérer sur un boss pendant 10 tentatives un soir. Puis... une bonne nuit de sommeil plus tard... je reprends la manette et défonce le boss du premier coup.

Un peu comme une poésie que vous apreniez par coeur avec difficulté... puis une nuit de repos plus tard... votre esprit a l'air d'avoir assimilé la chose.

Ben voilà : Blasphemous m'a rappelé ce sentiment de progresser, de m'améliorer. Et une fois le boss franchi... le jeu me parrait encore plus simple. Non pas à cause du loot que j'aurais fait après... mais tout simplement aprce que les réflexes assimilés m'ont apporté une assurance.

Ca parrait con et évident comme explication... et pourtant... voilà longtemps que j'avais abandonné l'idée qu'un jeu type "Dark Soul" réaliserait ce type d'expérience.

3) Un scénario qui réussit le juste milieu entre l'abscond et la simplicité de progression. Et ça... c'est surtout grâce au personnage de Deogracias (le plus important du jeu). Grâce à son phrasé solennel et ecclésiaste... on comprend globalement ce qu'il faut faire. On est jamais complètement paummé... mais jamais on a l'impression de maîtriser toute l'intrigue. Blasphemous réussit à garder une part de mystère et d'insaisissable jusqu'à la fin... et la qualité d'écriture des dialogues (LANGUE ESPAGNOLE INDISPENSABLE) renforce cette impression de ne pas faire qu'un bête parcourt du combattant.

Non... le jeu a une âme... un lore que même le plus athée des joueurs voudra gratter pour essayer d'un peu comprendre qui veut quoi et pourquoi.

Bref... j'ai trouvé dans 30 heures de Blasphemous ce que je n'ai pas trouvé en 100 heures d'Elden Ring : de la satisfaction en terminant un jeu retord et artistiquement sublime.

Créée

le 27 juil. 2022

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Zefurin

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