Dans Bye Sweet Carole, on incarne Lana Benton, jeune pensionnaire de l’orphelinat de Bunny Hall qui tente de s’échapper de sa condition dans le monde des rêves. Sa meilleure amie, Carole Simmons, a disparue depuis quelques temps déjà et elle n’avait plus d’espoir de la revoir jusqu’à la réception d’une lettre.


Il s’agit d’une lettre de Carole et lorsqu’elle tente de s’en saisir, une sorte de destin malicieux ou farceur semble tout faire pour qu’elle ne parvienne pas à lire tranquillement la lettre de son amie.


Bye Sweet Carole est un jeu narratif d’horreur-aventure qui semble disposé d’un pitch des plus classiques à l’instar de l’excellent Fran Bow mais il est parvenu à se faire un nom grâce à sa direction artistique, son dessin fait à la main et à son côté enchanteur.


C’est un véritable régal pour les yeux et les oreilles avec cette touche un peu surannée et son design à la vieux film interactif grâce à des animations ultra détaillées, des mouvements fluides et un design global que n’aurait pas renié Alice au pays des merveilles.


Bye Sweet Carole – Lana in Horrorland

Bye Sweet Carole propose une approche classique pour ce type de jeu : on se déplace en 2D dans des zones définies par chapitre, où l’on résout des énigmes en utilisant des objets spécifiques pour progresser.


On est d’emblée bien accueilli avec une cinématique de très belle facture, une introduction à l’univers et à ses personnages qui fait plaisir à voir et surtout une ambiance plutôt pesante qui commence à s’installer.


Forcément, dès lors que le cadre de nos aventures se déroule dans un orphelinat, il faudra compter sur les habituelles brimades des camarades de Lana, de la différenciation du statut social des élèves et de professeurs foncièrement injuste avec notre protagoniste.


Bye Sweet Carole s’amuse à brouiller les pistes à tel point que l’on se demande constamment si l’on est dans la réalité ou dans une sorte de monde alternatif, sombre et profondément malsain.


On fera également très vite la connaissance avec l’antagoniste principal et d’autres personnages plutôt pénibles comme le hibou et d’autres membres du personnel de l’orphelinat.


Bye Sweet Carole commence assez doucement avec des premiers chapitres qui introduisent à certains mécanismes classiques avant de s’ouvrir à plus de variétés à partir du chapitre 3 et 4. Sans divulgâcher, il y aura pas mal de choses à faire et à découvrir tout au long de l’aventure.


Follow the Rabbit

Bye Sweet Carole se joue donc en vue de côté avec un personnage qui se déplace avec énormément de temps d’animation, histoire de donner l’impression de jouer à un film. L’avantage, c’est que c’est superbe à regarder, le problème est qu’il va falloir anticiper nos actions en fonction du contexte qui nous entoure.


S’il y a beaucoup de puzzles nécessitant l’activation de mécanismes ou de fusionner plusieurs objets entre eux et où l’on aura tout le temps pour parvenir à nos fins, ce ne sera pas toujours le cas et on fera très vite le constat.


Il y a pas mal de séquences de poursuites et chaque passage d’un obstacle pourra entrainer notre mort pour peu que l’on s’y prenne mal. Sachant que l’on peut se transformer en créatures bien spécifiques afin de réaliser certaines actions, il faudra aussi prendre en compte ses temps de transitions.


Bye Sweet Carole est également un peu fourbe dans son approche. Si l’on peut penser qu’il est assez fidèle à ses illustres modèles très lisses, détrompez-vous! Il y a une réelle dimension adulte dans son propos et son traitement de nombreuses thématiques.


Il y a de très beaux moments dans l’histoire qui peuvent sincèrement émouvoir mais, ils sont trop peu nombreux à mon goût. Le jeu est parfois implacable et étonnamment frontal dans son approche ce qui fait du bien en ce moment.


Point-and-flippe

Les apparences peuvent être trompeuses dans Bye Sweet Carole. On retrouve en bloc sans détour les thèmes de la psychose, de la misogynie, de l’obsession, de la soumission, de la maltraitance infantile, du deuil ou du harcèlement.


Comme si cette intrigue bien réelle ne suffisait pas, on y découvre une sorte de Labyrinthe de Pan : des créatures surnaturelles s’immiscent dans l’existence terrestre de Lana pour l’informer qu’elle est, en réalité, la reine amnésique d’un royaume lointain.


Comme je l’indiquais plus haut, on ne sait jamais vraiment ce qui est réel ou pas, si ce que Lana est en train de vivre est bien réel, ou s’il s’agit simplement d’un fantasme élaboré pour échapper à une triste réalité.


Bye Sweet Carole gère de façon remarquable nos attentes et la façon dont il place ici et là quelques indices comme des cailloux que l’on sème afin de se retrouver pour éviter de perdre la raison et ne nord. Certaines thématiques sont remarquablement bien amenées.


Tout n’est pourtant pas rose en matière de narration avec une histoire franchement décousue, des solutions d’énigmes à la limite de l’illogique ou des blocs de monologues lourdingues sur le patriarcat de cette période et ses implications sur les obligations féminines de s’y plier.


Bye Sweet Carole ne fait pas dans la dentelle et c’est d’autant plus dommage que d’autres jeux parviennent à être bien plus malins et impactant dans ces thématiques à l’instar du brillant Silent Hill f qui le fait bien mieux!


A Work of Art

Bye Sweet Carole ne se loupe pas, en revanche, sur son aspect visuel et sonore, c’est un vrai régal à voir la qualité des animations et des décors. Les cinématiques sont excellentes dans leur ensemble. Le jeu est magnifique et il le sait!


La direction artistique est au top que ce soit notre protagoniste ou toute la galerie de personnages que l’on va croiser qu’ils soient amis ou ennemis. Mention spéciale à Mr Kyn et Velenia, le hibou casse bonbon.


Bye Sweet Carole ne se loupe presque pas sur ses 10 chapitres en matière de level design ou de résolution de puzzles et autres variations de gameplay dont je ne parlerais pas histoire de ne pas gâcher la surprise.


On notera toutefois un moment critique qui peut vraiment frustrer les joueurs, à savoir, le chapitre 3 et son côté Hide and Seek, je me fais discret en retenant ma respiration, et qui m’a fait penser à Clock Tower mais en moins bien!


Bye Sweet Carole n’est pas exempt de problèmes techniques avec énormément de gros bugs qui tachent pour peu que l’on utilise une configuration avec 2 écrans ou tout simplement un écran noir au premier lancement du jeu.


D’autres gros problèmes ont fait leur apparition dans ma partie avec de nombreux endroits où je me suis retrouvé bloqué sans pouvoir me sortir de là où j’étais (soflock). En lisant les discussion sur le forum de Steam, j’ai remarqué qu’il y avait encore plusieurs problèmes à régler, dont j’ai également fait les frais.


Don’t Slay the Princess

Bye Sweet Carole est un jeu que j’aurais vraiment adoré s’il n’y avait pas tous ces problèmes et ce manque de subtilité au niveau de ce qu’il tente de nous montrer. Si l’on rajoute le fait de ne pas pouvoir réinitialiser un chapitre et l’espacement entre les points de sauvegarde, il y a de quoi être un peu déçu.


Pourtant, je tiens à noter que l’expérience est unique et singulière. L’idée de base est géniale, la réalisation émerveille même les plus frustrés et la durée de vie est assez bonne pour ce genre de production avec 7-8 heures environ.


Bye Sweet Carole a déjà proposé une mise à jour intéressante et qui corrige pas mal de problème de blocage de notre personnage, c’est un très bon point à noter mais il reste encore du travail avant de changer cette citrouille en sublime carrosse.


Il y a 34 succès Steam à débloquer dans Bye Sweet Carole et ils demanderont de bien fouiller partout et d’essayer des choses rigolotes pour être débloqués. Je n’ai pas encore tout débloqué pour ma part mais de nombreux guides devraient pouvoir vous aider.


Le jeu est disponible directement en français dans les interfaces et j’ai trouvé la traduction assez bonne dans son ensemble. On a pas droit au doublage mais ce n’est pas trop grave vu les limitations de budget qu’à du subir le jeu.


Bye Sweet Carole est parfaitement jouable sur le Steam Deck malgré quelques erreurs de placement de textes ou une taille de police trop petite et qui nous obligera à mettre des lunettes pour y voir de près. Il faudra également changer le résolution du jeu dans les réglages, soyez prévenus!


Au final, Bye Sweet Carole est un jeu bien plus adulte et fort thématiquement que je ne l’aurais imaginé de prime abord. Malgré ses problèmes techniques et sa lourdeur narrative à certains moments, c’est une belle expérience que je vous conseille en soldes ou dans quelques temps après plusieurs mises à jour

LoutrePerfide
7
Écrit par

Créée

il y a 2 jours

Critique lue 9 fois

LoutrePerfide

Écrit par

Critique lue 9 fois

D'autres avis sur Bye Sweet Carole

Bye Sweet Carole
Miyakuli
7

J'en ai rêvé

Il était une fois, une jeune fille aux joues roses et aux cheveux noirs comme l'ébène, attachés d'un ruban de soie, mais au regard triste et inquiet. Lana, pensionnaire de l'orphelinat de Bunny Hall,...

il y a 4 jours

Du même critique

Little Nightmares
LoutrePerfide
8

Test: Little Nightmares, la cité de l'enfant perdu.

Développé par Tarsier Studios et publié par BANDAI NAMCO Entertainment, Little Nightmares est un jeu de plateforme puzzle qui joue sur nos peurs primaires et sur une ambiance pour le moins glauque...

le 28 avr. 2017

27 j'aime

97

Reigns
LoutrePerfide
8

Reigns, ils écoutent rien de toutes façons!

Reigns est un jeu de cartes dont on est le héros mais aussi dont on est le mort! Nous voici donc intronisé roi du royaume et il va falloir faire des choix cornéliens par le biais d'un système...

le 17 août 2016

22 j'aime

Aventine
LoutrePerfide
9

Critique de Aventine par LoutrePerfide

Agnes Obel est une artiste Danoise qui est parvenue à cartonner un peu partout dans le monde avec son premier album, Philarmonics. Considérant que la demoiselle est plutôt réservée et que le succès...

le 30 sept. 2013

22 j'aime

3