En règle générale, je ne suis pas client de ce type de production triple A. C’est-à-dire des licences dont l’éditeur a pressé la substantifique moelle jusqu’à la lie depuis deux décennies, des titres qui ne font vraiment pas honneur au média tant on sait qu’ils sont des pompes aspirantes à fric usant de procédés à la limite de l’escroquerie pour soutirer l’argent de ces consommateurs via des passes de bataille et autres DLC douteux à base de skins… Mais, oui il y a un « mais », j’ai cédé à l'appel du devoir pour ce Call of Duty : Modern Warfare II, une sorte de refonte de l’ancien épisode sorti en 2009. Egarement passager ? Je n’en sais rien, il s’agissait surtout pour moi de redonner une chance au gameplay si particulier des Call of Duty après l’épisode Black Ops 4 (2018) que j’avais particulièrement apprécié par ce côté outrancier et arcade assumé. Ici le titre d’Infinity Ward est du même acabit que ce soit dans la campagne solo ou dans les divers modes multijoueurs Call of Duty a désormais une empreinte bien à lui dans l’univers si concurrentiel du FPS.

Que dire de la campagne de ce Call of Duty Modern Warfare II ? Déjà qu’elle est la seule source de succès avec les missions en coopération de tous les modes de jeu. C'est symptomatique d'un fait. Les développeurs ont compris que désormais la licence Call of Duty, un peu à la manière d’un Counter Strike, d’un Valorant, d’un Insurgency ou d’un Overwatch, est assimilée auprès du grand public à un jeu multijoueurs et que l’ère des campagnes grandiloquentes comme dans les années 2000-2010 est révolue. Pas révolue dans les faits, pas révolue pour les développeurs qui semblent toujours vouloir donner du crédit à la narration autour de leur personnages fétiches (Ghost, Capitaine Price, Soap, Gaz etc.) mais auprès des joueurs, de la masse, qui n’en a plus rien à foutre. Alors ils ont trouvé l’idée ingénieuse mais partiellement révoltante de créer un ensemble de succès (24 au total) dont la quasi-totalité se déverrouilleront si vous effectuez certaines actions durant la campagne. Une manière de contraindre le public à s’intéresser au mode solo sous peine d’afficher fièrement un 0% de complétion sur son profil Steam ou PlayStation. Vous me direz que la plupart des gens en auront rien à cirer, vous avez raison, mais beaucoup de joueurs sont relativement complétionnistes et je crois vraiment au pouvoir des succès à l’heure actuelle. Outre ces considérations, pour ma part j’ai trouvé la campagne très impressionnante. Comme d’habitude, nous avons droit à des scènes outrageusement spectaculaires dont la plupart sont impossibles à réaliser mais on se laisse porter par la narration dynamique et par les exploits de nos protagonistes surhumains. Les mises en situation sont originales et ne lassent pas pendant la dizaine d’heures que dure la campagne. Par ailleurs, il faut noter que graphiquement le jeu est plus joli en mode solo que dans les modes multijoueurs.

Côté multijoueurs justement, on a beau dire qu’Activision sont des voleurs (et ils le sont) Call of Duty : Modern Warfare II est généreux. Entre le mode Battle Royal ici appelé Warzone 2 réunissant près de 150 joueurs par partie, tous les modes classiques du multijoueurs conventionnels (parties classées, capture de drapeau, capture de zones, deathmatch en solo ou en équipe, confirmation des frags, mode attaque et défense de zones, mode bombe, mode QG etc.), il y a franchement de quoi faire. Par ailleurs, un mode coopération contre des PNJ propose diverses campagnes scénarisées intéressantes. Enfin, le mode DMZ qui est une sorte de Battle Royal croisé avec un mode scénarisé contre des bots. Bref, vous l’aurez compris vous payez cher l’entrée (70 € environ et les réductions sur les sites annexes sont souvent maigres) mais si vous adhérez au délire Call of Duty, vous en aurez clairement pour votre argent. Idem que dans les précédents opus, il y a toujours le concept autour des armes personnalisables fonctionnant par paliers déblocables. Plus vous jouez une arme, plus vous déverrouillez des apparences uniques et des accessoires performants. Ce mode de fonctionnement est un peu putassier mais a le mérite d’accrocher le joueur et de lui donner des objectifs concrets pour progresser et il ne semble pas être remis en question par la communauté.

Attardons-nous sur le gameplay car c’est selon moi le point fort de la licence et très certainement ce qui lui permet de vendre des tombereaux de jeux chaque année. Call of Duty a pris une tangente unique dans le genre FPS moderne. Les développeurs ne sont à la remorque d’aucun style, d’aucun jeu particulier. En effet, Call of Duty ne ressemble ni à Counter Strike et ses avatars, ni à Doom et ses mignons. Il est un mélange entre ses deux manières d'entrevoir le FPS en multijoueurs à la fois réaliste sur l’aspect visuel de la mise en scène, des environnements, des armes ou des personnages cherchant à se rapprocher de ce que peuvent donner des situations de guerre moderne au proche Orient mais complètement arcade sur la maniabilité mais pas au point non plus d’être considéré comme un Doom-like. Les armes n’ont pas de recul digne de ce nom, les statistiques de certaines d’entre-elles prêtent à sourire notamment côté cadence de tir, vous pouvez glisser sur 5 mètres tout en assurant un tir précis, les déplacements de votre personnage et sa réactivité sont surhumains, les dégâts infligés se rapprochent plus d’un titre comme Borderland que d’un titre comme Rainbow Six : Siège. On est dans la démesure la plus totale et pourtant l’équilibre est bon à défaut d’être crédible, mais qui en a quelque chose à foutre ? Ne jouant à tous les Call of Duty, je n’ai aucune idée des améliorations ou des pertes de gameplay d’une itération à l’autre ce qui peut fausser mon jugement. Le dernier "Call of" auquel j’ai pu consacrer quelques heures était Black Ops 4 en 2018 et je dois dire qu’un titre de ce genre tous les 5 ans, oui c’est rentable, oui c’est jouissif. Est-ce que jouer à un Call of Duty chaque année, et rempiler sur la nouvelle itération est rentable et jouissif ? Honnêtement, je ne crois pas. Cette réflexion concerne aussi les apports ou les suppressions d’armes ou d’accessoires disponibles en multi. Pour ma part, je trouve qu’il y a suffisamment d’armes de chaque type pour y trouver son compte avec tout de même la désagréable impression que les fusils de précision ne servent à rien dans le sens ou ils font moins de dégâts que la plupart des autres armes (surtout en mode Warzone 2).

Mais comme toute licence pressée comme un citron pour remplir les fouilles des actionnaires, le titre d’Activision est truffé de bugs absolument scandaleux. Depuis mon achat, j’ai dû rencontrer environ une trentaine de crash, des dizaines et des dizaines de bugs d’affichage des lumières qui deviennent soudainement aveuglantes ou qui changent de couleur donnant un côté disco complètement délire, les menus, les lobbys sont complètement à la ramasse aussi n’affichant pas les personnages sélectionnés ou le mode de jeu en cours… Bref, c’est du grand n’importe quoi qu’un jeu aussi populaire et rapportant autant de fric soit aussi peu finalisé. L’ergonomie des menus est à chier. « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » semble être la devise des développeurs.

Pour conclure, si vous ne jouez que très rarement à la licence Call of Duty et que vous désirez vous lancer dans un titre FPS sans prise de tête et populaire oui, cela vaut le coût de casquer 70 balles pour des heures de fun en solo comme en multi. Si vous êtes un aficionado de la licence, non clairement ce jeu devient une énième itération sans grand intérêt et je comprends largement les notes médianes données par une communauté de fans qui se sent essorée voire trompée. Après objectivement la campagne est sympathique, la pléthore de mode multijoueurs donne une vraie rejouabilité et une profondeur certaine à un gameplay très orienté arcade mais définitivement efficace. Call of Duty est une licence qu’il faut consommer avec parcimonie pour ne pas en être dégouté et c’est pour cette raison que je parviens à en tirer du positif malgré la politique économique lamentable de son éditeur et les finitions à la ramasse des développeurs.

silaxe
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le 20 févr. 2023

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