Un sommet
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Dès les premiers pas dans ce beau jeu en pixel art, la précision redoutable de la prise en main est frappante, et annonce la couleur. Celeste réussit l'exploit de rendre accessible le plateformer hardcore, habituellement réservé à une niche de joueurs un rien hautains, pour qui seule la difficulté et le dépassement de soi donnent une légitimité au statut de gamer.
Si le jeu est loin d'être avare en tableaux à s'arracher les cheveux, il veille toujours à rendre totalement optionnels ses passages les plus hardus, et nous rappelle régulièrement que les collectibles à ramasser sont juste là pour le plaisir personnel du scoring, et que la mort n'est pas une punition mais une étape d'apprentissage. Tout ceci, combiné à la présence d'un mode assisté personnalisable tout sauf intrusif, confère à ce jeu une bienveillance salutaire, permettant à chacun de le parcourir comme il le souhaite sans jamais ressentir de frustration.
Autre particularité de taille. Il y a ici un scénario, intéressant et assez profond, qui touchera probablement beaucoup de monde en cela qu'il aborde le fameux "mal du siècle". Scénario traité avec brio lors de certaines phases de gameplay venant matérialiser en mécaniques de jeu des troubles psychologiques forts.
Il s'agit là des 2 grandes particularités permettant à Celeste de se démarquer (un peu) de la concurrence. De là à en faire un chef d’œuvre révolutionnaire ? Soyons un peu sérieux 2min, et remettons les pieds sur Terre. Ces 2 points n'ont au final qu'une incidence toute relative sur le jeu en lui-même. Et si, comme moi, vous êtes avant tout Team "école du gameplay", rien ne vous surprendra vraiment dans Celeste, qui ne fait finalement que reprendre la philosophie de jeu du "petit artisan de Kyoto" (Nintendo, pour les deux du fond qui ne suivent pas). Contrôles très réduits (saut, grid et dash sont les seules possibilités d'input) exploités à fond tout au long de l'aventure, chaque monde proposant son "modificateur" de gameplay, lui aussi exploité à fond au fil des tableaux parcourus. Tout est brillamment pensé de bout en bout... comme dans un bon jeu Nintendo, ou dans des titres comme Super Meat Boy ou Splasher, pour prendre un exemple plus récent et injustement méconnu. Ainsi, si le plaisir est évident et les sensations grisantes, il n'y a au final rien de véritablement nouveau manette en main.
Ainsi, on voudrait nous faire passer Celeste pour une expérience révolutionnaire parce qu'il propose un bon scénario et une bienveillance envers les joueurs moins expérimentés. S'il s'agit indéniablement de 2 points positifs, ils ne suffisent pas à révolutionner un genre. Celeste est un jeu brillant, qui permettra n'étancher notre soif de plateformer en 2018, au même titre que Splasher l'année dernière. Rien de plus, même si c'est déjà beaucoup.
Créée
le 9 mars 2018
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