Attiré par la hype envers ce JRPG made in France qui cartonne à travers le monde, j’ai enfin réussi à trouver le jeu en version physique sur PS5 et achever l’histoire principale après environ 25 heures de jeu. Et voici ce que j’en pense !
Déjà, côté réalisation, Clair Obscur Expedition 33 est proche du sans-faute. Rien d’extraordinaire techniquement parlant, mais les graphismes sont propres et colorés, les effets spéciaux soignés et les décors immersifs. Difficile de ne pas être sous le charme de la direction artistique du jeu, qui nous plonge dans un univers inspiré de la Belle Epoque en France, avec ses costumes d’époques et sa ville principale « Lumière » directement inspirée de Paris des années 1900. C’est très touchant de voir un jeu vidéo mettre d’aussi belle façon à l’honneur la culture française à l’ancienne sans pour autant en faire des caisses.
L’OST est l’un des gros point fort du jeu : les musiques sont effectivement magnifiques, assez diverses et toujours parfaitement adaptées à la situation, avec des cœurs, des envolées lyriques, des chansons poétiques… La grande classe ! Et côté voix, la VF est très bien, toujours quelques problèmes de synchronisation ici et là mais rien de très grave.
L’aventure en elle-même est plaisante et bien ficelée, avec un monde à découvrir sur une map explorable de plus en plus largement au fil des heures. La progression est fluide et bien indiquée, pas de blocage agaçants à ne pas savoir où aller, et l’exploration fonctionne bien – je regrette juste un peu l’absence complète de phases d’énigme ou de réflexion lors de l’exploration, comme on en retrouve souvent dans les JRPG, mais tant pis. L'absence de mini-map est un peu frustrante parfois, mais d'un autre côté, ça rajoute un côté "explorateur perdu" en phase avec l'expérience proposée. Et le jeu est très généreux en sauvegarde automatique, encore un très bon point.
Le scénario, lui, aurait pu être très bien mais stagne un peu trop parfois, manque (ironiquement) de clarté et la narration est assez obscure : j’ai personnellement dû plusieurs fois aller consulter des explications sur internet pour comprendre un peu ce qui se passe, mais dans l’ensemble, et sans trop en dire, j’ai quand même apprécié cette belle métaphore du deuil et du refuge dans l’illusion (le choix final est très intelligent).
Le système de combat, au cœur du jeu, est une sorte de croisement entre celui des Persona, pour les caractéristiques propres à chaque personnage et les affinités élémentaires, et celui des Mario & Luigi, pour les esquives/parade qui permettent d’éviter de se prendre des dégâts et même de contre-attaquer. Et j’en arrive au point qui m’a posé le plus de problème avec ce Clair Obscur Expedition 33 : le système d’esquive/parade, justement, exige un sacré sens du timing (moins d’un quart de seconde !), et, malheureusement, les attaques ennemies sont loin d’être aussi lisibles, anticipables et bien réglées que dans un Mario & Luigi. Il faut parfois un peu s’accrocher, s’acharner et avoir d’excellents réflexes pour arriver à parer les attaques des ennemis, ce que seuls les joueurs confirmés arriveront à faire (je ne conseillerai clairement pas ce jeu à ma nièce de 14 ans !). Alors certes, là je ne parle que du mode « explorateur » normal, et un mode facile dit « histoire » existe aussi, avec un timing pour parer les attaques moins serré, mais ce mode là attenue aussi tellement les attaques reçues qu’il rend l’ensemble ennuyeux et peu gratifiant : il manque pour moi un intermédiaire entre les deux modes de difficultés.
Heureusement, il est tout de même possible, en un sens, d’adapter son style de jeu grâce au très sympathique système de « picto/lumina » qui permet de s’attribuer des bonus au choix en quantité limité : grâce à cela, j’ai pu axer mon style de jeu sur la défense et l’encaissement des coups pour gagner plus de points d’actions entre chaque tour, et j’ai quand même réussi à battre le boss de fin. Un système bien vu, bien foutu et très malin, qui améliore encore davantage un gameplay déjà très riche, et cela permet de quelque peu mieux rééquilibrer le jeu !
Pour finir : même si je suis légèrement moins enthousiaste que la majorité des joueurs sur ce jeu, principalement à cause de ses quelques erreurs de jeunesses et ses soucis d’accessibilité et de lisibilité, il n’en reste pas moins que j’ai vécu une épopée mémorable avec ce JRPG très classe et bourré de qualités, une belle aventure épique et gratifiante. Clair Obscur Expedition 33, c’est un peu ce à quoi les derniers Final Fantasy originaux auraient du ressembler. Et en plus, le jeu est en vente à « seulement » 50€, il vaut donc d’autant plus le coup. Le studio français Sandfall Interactive a de quoi être fier de ce beau projet, bravo à eux !